L’album de Glaring Orchid, groupe américain emmené par un dénommé Quinn Mulvihill (personnage curieux dont on ne connaît ni l’âge ni le visage), sortira si tout va bien le 26 avril sur le label Candlepin records en version digitale et K7 uniquement. Qui est ce type ? On en sait rien. Qui est son groupe ? Rien du tout non plus. Sans doute y a-t-il ici quelques transfuges de Sun Organ, un groupe de Philadelphie, qui avait sorti un album en 2017 et qu’on découvert pour l’occasion.
C’est un disque (I Hope You’re Okay) qui, sur ce qu’on en connaît, c’est-à-dire trois ou quatre titres, pourrait bien se tailler une place parmi nos disques préférés de l’année, tant les premiers morceaux sont puissants, impressionnants et épatants. Swimmer, le premier extrait qui a fait l’objet d’un clip, est peut-être leur réalisation la plus emblématique : le mélange parfait de la subtilité et de la détresse de Sparklehorse avec l’énergie cinétique et électrique de… Fugazi. Le texte n’est pas joyeux et parle de précipiter tout le monde à l’eau mais on se rend vite compte que c’est le narrateur qui se noie dans les problèmes du quotidien et la vie de tous les jours. L’effet est remarquable.
I hope
Everyone
Has a Wonderful day
I want
Everyone
To pray To an alien
Please take
Everyone you
know
And throw them in the
ocean
Hope that they can
swim
Maybe we should swim
On ne va pas dire que la formule est nouvelle et inédite mais il y a dans toutes les compositions de Glaring Orchid, dans l’iconographie façon nature morte et déglinguée qui accompagne les titres, cette idée que quelque chose d’important est en train de se passer autour de ce groupe. L’auteur offre aux personnes qui se retrouveraient par hasard sur son site Bandcamp de leur envoyer les chansons gratuitement si elles ne peuvent pas payer le dollar réclamé pour chaque titre.
On n’avait pas ressenti la même excitation depuis la découverte il y a une éternité du jeune Jackson Scott.
Blistered Skin est un morceau qui fout la frousse et qui en deux minutes et trente secondes propose une synthèse accélérée du rock alternatif US des années 80 à nos jours. « The Sun is not the friend it pretends to be. The doctors cut out the skin. Little cubes. Little pieces of you. » On retrouve Nirvana et tous les autres, cette manière de manier le déluge et la poésie. La voix est fragile, puis rauque, puis fragile puis rauque. Le chant est pris tantôt par Quinn Mulvihill, tantôt par une jeune femme appelée Dana DeBari qui est tout aussi précise et efficace. Les guitares sonnent comme une charge de cavalerie puis comme des instruments jouets. L’alternance des séquences intimes et pop et des déferlements de violence sont un grand classique du rock US depuis les Pixies et leurs prédécesseurs. Glaring Orchid les utilise à la perfection. Il va être assez difficile de faire mieux que le sinistre et jouissif Herbicide. La batterie est tenue par une autre jeune femme, Jordyn Blakely, qui jouait notamment sur un groupe nommé Stove et les chouettes Kino Kimino, ainsi que dans des tas d’autres formations. Elle a une sacrée allure.
On peut commander la K7 ici. Il doit y en avoir une grosse trentaine !