Tourner la page est le credo de Stoned Ride troisième album du beatmaker parisien, DJ Low Cut.
La même recette servait de base aux deux précédentes galettes (New York Minutes et Dead End). Des beats à l’essence East Coast bien rugueuse qui cohabitaient avec une flopée de emcees US. Résultat : deux bastonnades à coups d’envolées d’lyrics et de kicks ou snares suintants pour un rendez-vous avec de l’artistique abouti.
Après ces deux diamants bruts, Low Cut avait des envies d’affiner les extrémités de sa musique. Il avait à l’idée de se rapprocher de ses influences abstract hip hop non mises en avant jusque-là. Affranchi de la présence de MC, Low Cut et ses samples se positionnent comme personnage central de ce troisième opus. Le pari est certes osé mais sans prise de risque, de progression il n’y a pas.
Dès les premières secondes, on sait où l’on met les pieds avec Dark Carnival où Low Cut prend les allures d’un DJ Shadow. Morceau dont le rôle introductif lui sied sur mesure. Play Pain emporte la réciproque une fois arrivé au bout des trente-cinq minutes que composent Stoned Ride. Les autres minutes passent et la certitude s’amarre que le beatmaker parisien en a saigné, digéré et disséqué des disques d’abstract hip hop. On pense principalement à ceux de DJ Shadow, DJ Krush ou DJ Cam. La palette de production est large et maîtrisée avec une constante vers le lent et plutôt sombre. Be True et sa sitar enfumée ainsi que l’énergie de Cloudy ne manqueront pas de nous rappeler respectivement à DJ Muggs et RJD2. Toutefois la construction de Stoned Ride souffre par moment d’un manque de liens entre les différentes estampes musicales placées entre nos oreilles par le beatmaker. Enfin, la présence en passager de l’héliumisé Quasimoto ne dépareillerait pas sur l’artwork proposé par Sacha Royal.
L’escapade rocailleuse mise en musique par DJ Low Cut s’écoute d’une traite sans anicroche et atteint un bon niveau qui présage d’aventures futures encore plus abouties.