L’argumentaire presse vante une musique qui marie Erik Satie et Burial, et c’est effectivement une excellente comparaison qui donne une idée assez juste de ce qu’on trouve sur ce premier single, du nouveau duo Slumb. Slumb (marasme ou bordel, en français), c’est l’alliance naturelle du pianiste Julien Marchal et du beatmaker Senbeï.
Les deux hommes, sans grande surprise, ont choisi de créer une musique instrumentale atmosphérique et suggestive. Ils signent un premier ep qui s’appelle Reset et qui marque leur volonté d’augurer un nouveau son, mêlant leurs influences respectives. Marchal a travaillé notamment à l’illustration sonore de séries telles que Ray Donovan ou The BlackList. Il amène, outre son instrument de prédilection, un sens de la dramaturgie et une quiétude qui, associés au sens des rythmiques et de la dynamique d’un Senbeï hyperactif, devraient faire des merveilles. Le premier single est une mise en bouche d’un peu plus de quatre minutes qui témoigne de l’extrême soin porté par le duo à cette musique paisible, délicate et surtout millimétrée. Les variations sont subtiles, tardives et différées, mais aussi introduites avec une volonté manifeste de ménager les effets et de construire une progression dans l’émotion, puisque celle-ci n’arrive véritablement à son zénith qu’à mi-chemin. On verrait évidemment Aurora figurer très bien dans une bande originale, plutôt à la fermeture qu’à l’ouverture, pour accompagner une fin ni tout à fait heureuse, ni vraiment dramatique. Il est probable que le duo s’intéressera plus précisément à ces instants de l’entre-deux où les sentiments s’expriment dans la complexité et une forme d’hermétisme subjectif.
C’est là qu’on les attend et qu’on les retrouvera donc sur ce Reset.