En grève avec la grève : 10 chansons pour dire STOP et encore !

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Photo par fabe collage sur Unsplash

Jours de grève, jours de lutte. En ce 5 décembre où la France s’arrête et se penche sur son futur désolé, on a voulu marquer le coup et revenir sur quelques morceaux, connus ou méconnus, qui ont fait l’histoire des luttes ou nous permettent aujourd’hui de prendre parti. Which Side Are You On ?, chante Pete Seeger à la fin de notre sélection. C’est évidemment la seule question qui vaille aujourd’hui. Car oui, malgré tout ce qu’on raconte et ce qu’on essaie de nous faire croire, il y a des camps et il est impossible de ne pas s’aligner. Nos musiciens préférés ont choisi et bien souvent montré l’exemple depuis les années 30 jusqu’à aujourd’hui.  

Police Oppression Angelic Upstarts

Cette chanson des punks Angelic Upstarts a l’air d’avoir été écrite pour honorer la mémoire des centaines d’yeux jaunes tombés ces derniers mois pour la France. Police Oppression qu’on rapprochera aisément de l’encore meilleur The Murder of Liddle Towers s’inscrit dans une longue veine de chansons anti-police. Les CRS et les flics ont beau être des tricards parfois pire que les autres, comme dirait l’autre, ils ont choisi leur camp le temps d’un jour et deviennent le bras armé de l’oppression macronienne.

The Right To Strike Steve White & The Protest Family

Ce n’est pas le plus grand chanteur du monde, ni le plus connu mais quand on a besoin d’un hymne pour tenir le piquet de grève, les chansons du londonien font l’affaire tant elles respirent la sincérité et la justesse. Steve White and The Protest Family, c’est le punk folk qui sent bon les merguez grillées, les ministres pendus en place publique et les cortèges chaleureux. The Right To Strike rappelle les fondamentaux.

Grève Illimitée Dominique Grange 

Chanson iconique de mai 1968, Grève Illimitée est l’œuvre de la Lyonnaise Dominique Grange, militante engagée pour l’action sociale dès le début des années 60, traductrice et scénariste de BD, connue accessoirement pour être l’épouse de Jacques Tardi. Le titre est emblématique des chansons révolutionnaires qui tournent à l’époque et qu’on verrait bien refleurir, entre les flammes et le fracas, dans les rues de Paris.

What’s Going On Marvin Gaye (version 2019)

Cette version moderne du chef d’œuvre de Marvin Gaye met en valeur (grâce au clip) les paroles souvent négligées de ce tube. What’s Going On en plus d’être la chanson la plus cool de la planète est une question posée par un fils à ses parents quant à l’état du monde, à la misère ambiante, au traitement qu’on réserve à la jeunesse et à ses rêves d’un monde meilleur. Ne me punissez pas avec brutalité, implore-t-il. Expliquez moi la retraite à points, pourquoi je vais travailler jusqu’à en crever, etc.

Picket lines and picket signs
Don’t punish me with brutality
Talk to me, so you can see
Oh, what’s going on
What’s going on
Yeah, what’s going on
Ah, what’s going on

Never Get A Job The Last Resort

The Last Resort, c’est les ravages des carrières longues (de punk) avant l’heure. Merde, ces punks anglais venus d’une cité balnéaire sont à l’agonie alors qu’il y a quelques années encore on les tenait pour les rois de la musique Oi!. On dirait des gars venus du bistrot du coin et qui ont enregistré un titre par hasard. Les Skins Rouges s’insurgent contre les plans sociaux et les programmes de retraite anticipée qui foutent les gars de 50 ans au chômage sans aucune chance de jamais retrouver un emploi. Voilà ce qui arrive. Il n’y a pas de raison que ça change.

No surprises Radiohead 

A force d’écouter Radiohead, on n’écoute plus Radiohead. Il faut toujours revenir aux paroles. No Surprises, vous vous souvenez, c’est l’histoire d’un gars qui est à l’agonie parce que sa vie quotidienne le tue et qui espère que quelqu’un renversera le gouvernement pour lui. On a eu trop l’habitude d’écouter le titre dans les supermarchés ou dans la voiture, si bien qu’on ne se souvenait même plus que c’est la chanson rêvée pour dénoncer ce qui nous arrive.

A heart that’s full up like a landfill
A job that slowly kills you
Bruises that won’t heal
You look so tired, unhappy
Bring down the government
They don’t, they don’t speak for us
I’ll take a quiet life
A handshake of carbon monoxide

Walls Come Tumbling Down The Style Council

La révolte n’est pas réservée aux punks et aux excités. Paul Weller en rogne, c’est toujours la classe et l’élégance ouvrière. Walls Come Tumbling Down en est un excellent exemple. Nous sommes en 1985, une belle année pour les luttes et aussi en prendre plein la gueule. L’album Our Favorite Shop parle de chasse, de lutte des classes et de sexe. Le gouvernement meurt à la fin et personne ne pleure.

Governments crack and systems fall
‘Cause unity is powerful
Lights go out, walls come tumbling down
Yes they do, yes they do, yes they do, yes they do, hey)
The competition is a color TV
We’re on still pause with the video machine
That keep you slave to the H.P.
Until the unity is threatened by
Those who have and who have not
Those who are with and those who are without
And dangle jobs like a donkey’s carrot
Until you don’t know where you are

Bruit Noir Manifestation

On déteste cette chanson à vrai dire, qui méprise les grévistes, les manifestants et tout ce qui défile en masse. C’est un manifeste débile d’individualisme et de romantisme artistique qu’on a retenu néanmoins car il est représentatif (peut-être) du monologue intérieur d’un homme de droite, d’un ministre macronien, un brin méprisant, quand il contemple la plèbe à ses portes. Anti-chanson, anti-hymne, mais qui sent la haine et la frousse.

There Is Power In A Union Billy Bragg

La chanson se passe de commentaires, tout comme son auteur qu’on ne présente plus. Billy Bragg semble avoir inventé le genre de la protest song. Ce n’est pas vrai bien sûr mais c’est lui qui, dans l’histoire de la chanson anglaise, en est le plus fervent représentant depuis les années Thatcher. Malheureusement pour nous, trente ans après on est toujours au même point, voire même un peu plus mal en point.

Union Strike Folk Song Lisa Simpson

C’est tiré du meilleur épisode de la meilleure saison des Simpson et le message est clair.

we’ll march til we drop
the girls and the fellas
we’ll fight til the death
or else fold like umbrellas

On se battra jusqu’à la mort ou jusqu’à ce qu’on se replie… comme des parapluies. L’image est magnifique. On espère ne pas les voir de sortie quand il s’agira de plier les gaules ou d’aller boire le champagne avec la CFDT.

Which Side Are You On ? Pete Seeger

Un autre immense classique du genre, écrit en 1931 par Florence Reece, l’épouse d’un mineur du Kentucky en grève pour des salaires décents. Dans quel camp êtes-vous ?, c’est la question qu’ont voulu effacer des milliers de centristes et de macroniens. Ni droite, ni gauche, nous sommes tous ensemble au service de l’intérêt général. Il n’y a pas d’alternative à l’allongement des carrières, à la baisse des retraites. La blague se dissipe comme brume au soleil. Il y a Eux et Nous. C’est la loi d’airain des mouvements sociaux, l’alpha et l’omega des théories sociales. La lutte des classes pour les redoublants et les bonnets d’âne.

Le Grand Soir Frustration 

On peut finir en français sur cet immense morceau des grands messieurs de Frustration. Fabrice en français et en colère : c’est peut-être le plus beau passage de So Cold Streams, leur dernier album. La rivière est gonflée de larmes et de sang et menace de tout emporter sur son passage. Il y en a qui croient au Grand Soir comme on croit aux licornes. Et on en fait partie.

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