Sous la tutelle de son père depuis l’année 2008, Britney Spears a littéralement disparu des radars depuis maintenant trois ans. Les interrogations vont bon train : est-elle « emprisonnée » contre son gré, jusqu’à refuser de reprendre le travail tant que son père James Spears continuera de gérer son patrimoine ? S’est-elle simplement « effacée » du cirque médiatique ? A-t-elle de sérieux problèmes psychologiques ? Le documentaire de Samantha Stark entretient d’autant plus le flou que les avocats adverses de Britney n’ont pas daigné répondre aux demandes d’interviews. Le point de vue adopté est donc celui de la défense : anciens collaborateurs de la chanteuse, anciens avocats, membres du mouvement Free Britney.
Framing Britney Spears, de façon un peu trop sensationnaliste, tente de comprendre la descente aux enfers de l’égérie en revenant sur son parcours non pas musical mais médiatique (aucun mot sur la discographie de Britney, alors que certains titres en disent pourtant beaucoup sur ses atermoiements et sa détresse). Surdouée à la conquête d’Hollywood, star Disney, puis idole des adolescents, enfant-femme à la sexualité suggérée, artiste pop reconnue, mère de deux enfants…
Le documentaire avance l’hypothèse d’une cassure artistique et populaire à partir du moment où Britney devint mère, et que son divorce avec Kevin Federline la conduisit à entamer de lourdes procédures de garde partagée. Auparavant docile avec les paparazzis (« elle a besoin de nous comme nous avons besoin d’elle », explique l’un d’entre eux), Britney, qui n’était plus la petite teen de … Baby One More Time mais une femme soucieuse du bien-être de ses deux garçons, aurait finalement craquée face à l’hystérie des photographes et l’accumulation de commentaires people – d’où le crane rasé en guise de protestation.
Il est vrai que les nombreuses archives choisies par Samantha Stark insistent sur la figure d’une jeune femme littéralement « dévorée » aussi bien par les paparazzis que par son entourage, comme si chacun voulait s’accaparer une parcelle de Britney – à des fins pas très louables, pécuniaires surtout. Mais cette image d’une brebis sacrificielle n’est pas neuve : à chaque dérapage de Britney, à chaque fois qu’elle semblait flancher, n’avions-nous pas en tête l’éternel schéma de l’enfant précoce ingurgité puis recraché par le business (de Macaulay Culkin à Corey Feldman) ?
Framing Britney Spears provoque également une sensation de gêne : malgré sa défense acharnée de l’icône pop, Samantha Stark, quoi qu’on en dise, utilise l’image d’une jeune femme dont le principal souhait, à l’heure actuelle, est de ne plus faire parler d’elle. La cinéaste, avec son montage choc et ses archives rentre-dedans, rejoint tout de même, d’un point de vue moral, la néfaste appropriation de Britney Spears par les médias – un documentaire plus analytique aurait probablement donné lieu à un portrait définitif de l’artiste.
Reste néanmoins cette idée, fondamentale, d’une femme devenue pop-star à l’heure des boys band, puis, telles Madonna hier et Katy Perry ensuite, n’en ayant fait qu’à sa tête, seule maîtresse à bord – avant qu’elle ne doive payer (au propre comme au figuré) pour sa liberté d’insoumise.
En 2021, si nouvelles de Britney il devait y avoir, ce serait via un nouvel album qui remettrait les compteurs à zéro. En attendant, comme le dit Michael Moore dans ce documentaire : « foutez-lui la paix ».
A voir sur Prime Video.
Crédit photo : capture d’écran du documentaire