Jazz : la chanteuse fantôme de Détroit aura-t-elle droit à son docu ?

Jazz

C’était un projet sur lequel on aurait misé notre chemise : Detroit, une chanteuse de jazz oubliée, méconnue et ayant pourtant côtoyé les grands noms et la légende du jazz, un réalisateur, Arno Bitschy déjà auteur d’un sublime documentaire sur la ville fantôme, Resilience, sorti l’an dernier. Le soutien de Jarring Effects, le label lyonnais. Et surtout la figure abîmée mais tellement charismatique de DJ Holiday, une mystérieuse chanteuse arrivée là depuis 40 ans et qui, chaque fois qu’elle se pointe, interprète immanquablement 2 morceaux, 2 chansons de Billie Holiday (d’où son surnom). Jazz a de faux airs de cloche, de paumée, d’ancienne junky peut-être ou de femme fatale des années 60. On ignore son âge (elle-même ne le sait pas), ce qui l’a menée là. On ignore si elle a jamais fait autre chose que chanter, avec qui elle a couché, si elle a eu son heure de gloire.

Ce qu’on sait néanmoins c’est que cette vieille femme, dont le réalisateur propose de filmer la maison, la vie, s’impose en quelques secondes d’images comme une figure miroir du destin de cette ville, splendide et en même temps sacrifiée par l’histoire. Jazz est une figure punk, dégradée et sublime, une figure de la résistance impossible et du temps qui passe, une figure pleine de vie et déjà sacrifiée à l’au delà. Le documentaire aurait pu rejoindre les success stories de portraits de vieilles gloires (sur le retour) consacrés ces dernières années aux… figures exotiques. Cap Vert, Mexicanos chantants, etc.

Évidemment, et parce que c’est le sujet qui veut ça, parce que Détroit vogue de condamnations en damnations, JAZZ, le projet initié par Jarring Effects sur la plateforme de financement participatif KissKissBankBank devrait se vautrer dans les grandes largeurs, faute d’une promotion et d’un soutien suffisants. A moins qu’un miracle se produise. A moins qu’un miracle se produise. Ce recours au miracle va au sujet comme un gant. Le projet est clos ce soir. Il reste quelques heures pour y croire. Il restera ensuite à compter ses amis et à tenter d’offrir à JAZZ, par d’autres moyens, une dernière (bonne) impression sur pellicule. Tout le monde aura fait son possible. Mais le possible des uns se résume souvent à peu de chose, tandis que celui de quelques uns permet l’impossible. Les paradoxes tuent comme les crises économiques. A vot’ bon coeur m’me !

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