A défaut d’avoir gagné des tickets d’entrée dans une lockdown partouze ou une fête privée VIP, on en est réduits comme beaucoup d’autres à assister à des facebook lives et à danser seul(s) dans sa chambre/salle à manger. Dans ce contexte, il y a des chansons dont on n’aurait pas vu l’intérêt en temps ordinaire qui se parent de vertus insoupçonnées. C’est le cas de cette bamboche en chambre pétillante et joliment colorée proposée par les Casablanca Drivers. Le single s’appelle 205 502 et se trouve sur l’album du groupe sorti en fin d’année dernière baptisé Super Adventure Club.
Par delà la méfiance qui tient au nom du groupe, emprunté à un film de Maurice Barthélémy (oui, Maurice Barthélémy), ce premier album a un peps incroyable et marque une volonté forcenée de célébrer la vie, la drogue, la fête, la nuit, soit un univers qu’on a un peu oublié aujourd’hui. Les Casablanca Drivers amènent à cette célébration un air frais et marin, qui tient peut-être à leur origine corse. Leur musique sent bon le funk, les clubs, et séduit par sa liberté et son relâchement. Les voix sont hautes et les rythmiques folles et endiablées. Il se dégage de l’ensemble une sensualité fin-de-siècle et l’idée d’un relâchement non coupable vivifiant qui rappellent la légèreté et la grâce d’une french touch déportée dans une discothèque imaginaire. Le tout baigne dans un fond de cause psychédélique du meilleur goût.
L’effet de cette musique est renforcé par des clips animés de toute beauté et qui ajoutent à l’élégance de ces Tame Impala ou Yessayer insulaires. On connaissait jusqu’ici l’intouchable DyE. Il va falloir compter à l’avenir avec les Casablanca Drivers. C’est plutôt une bonne nouvelle pour ceux qui aiment ce genre là.
Découverte totale pour moi! C’est vrai qu’ils sont dans les mêmes sonorités nu disco et électro-funk que des groupes comme les Tame Impala. Même si les sonorités sont plus aériennes et dégraissées … et donc plus French Touch.
J’ai vraiment l’impression qu’ils s’inscrivent dans la lignée des Dax Riders et Modjo, entités hybrides à mi-chemin entre le rock band et le DJ band, même si ces-derniers sonnaient plus électro du début 00’s. D’ailleurs, je me demande même si le nom n’est pas un clin d’œil adressé aux Dax… Même leur look me les rappelle, ce côté jeunes cool bobo versaillais voulant son heure californienne (un peu comme Air et Phoenix avant eux). Je pense qu’ils en sont les héritiers.
Cela ne me surprendrait pas de les voir passer prochainement dans un label français comme Kitsuné, très electro et taillé sur mesure pour eux (ils ont même révélé des groupes comme Years & Years ou Yelle). Les Casablanca Drivers semblent incarner le trait d’union entre, d’une part, des groupes indie surfant sur cette sincère nostalgie vintage, comme Two Door Cinema Club, Empire Of The Sun ou Foster The People, et d’autre part les producteurs de la nouveau cuvée French Touch (qui n’est plus si française que cela) tels Yuksek, The Magician, Fred Falke, Breakbot, Jean Tonique, The Knocks, Aeroplane mais aussi les petits génies britanniques Just Kiddin ou Duke Dumont. À l’exception d’une rythmique légèrement plus « dance » chez ces derniers, la confusion entre analogique et numérique peut être facile tant ce son épuré revient sous cette forme en force depuis 10 ans.
Le clip de « 205 502 » pourrait être de Michel Gondry, et rappelle ceux de Daft Punk ou des Supermen Lovers avec leurs personnages élastiques couleur mauves chewing-gum. En l’espace de même pas 7 ans, on voit qu’ils partent du rock pour prendre rapidement un virage plus disco, le titre le démontre bien. Ils pourraient se ranger aux côtés de groupes comme Chromeo (plus funkie), Oliver (plus synthé et italodisco) ou Crazy Penis (plus jazzie)… bien que les Casablanca soient à leur début, et les autres, implantés dans le paysage depuis bien plus longtemps. Écoutez un morceau de Jupiter (comme leur remix de Lafayette, « Mauvaise Mine ») ou celui groupe rock-nu funk Bad Business Club (par exemple le titre « Good Thing Going »), on pourrait très bien les entendre entremêlés dans un set diffusé par le label Hed Kandi : c’est troublant! D’ailleurs, les CB me rappellent en tout point Bad Business dans leur trajectoire… en un peu plus doués peut-être.
Si vous appréciez les Casablanca Drivers, vous trouverez sûrement votre bonheur… et de quoi vous trémoussez quelques mois à temps plein, en espérant que l’on retrouve tous un été enfin « décovidé ». Énergisants et légers comme des bulles de champagne. Concernant leur nouvel album et la suite, je les garde dans le rétro.
Merci une nouvelle fois pour cette avalanche de précisions et de références dont j’aurais été… bien incapable. Je ne connaissais pas les Dax Riders ! Pour le reste, oui cela correspond bien à cette veine foisonnante, psyché funko punko disco foutraque fluo qui saute du coq à l’âne. J’avoue que je ne suis pas toujours fan et que j’ai l’impression que réécouter ces albums quelques années plus tard est toujours assez difficile mais dans l’instant, c’est grisant et ça met….de bonne humeur. C’est un équilibre à trouver et chaque époque a connu ce genre de livraisons. Difficile rétrospectivement d’en retrouver que j’ai réécouté durablement. Fun Lovin Criminal (autre style), Foster The People oui de temps à autre. Day One (un peu plus trip hop).