Gnossienne n°1 – Kety Fusco revisite Satie

Kety Fusco - DazedLa jeune artiste et harpiste Italo-Suisse Kety Fusco a sorti l’an dernier un premier album Dazed intéressant et dont on a honteusement pas rendu compte. La sortie ces jours-ci de sa version modernisée (si tant est qu’elle puisse l’être) de la Gnossienne n°1 d’Erik Satie permet de rattraper la chose et de remettre en avant la lecture qu’elle propose de cette pièce, originellement écrite pour le piano, qui date du début des années 1890. Satie, alors dans sa pleine période mystique et spirite, invente un nouveau mot dérivé du grec, gnose/knossos (connaissance en gros), pour désigner ces trois courtes pièces abstraites et impressionnistes, qui ouvrent un espace mystérieux entre le primitivisme archaïque (de la nature et des grands anciens) et une forme de post-romantisme plus moderne. Satie prolonge à travers ce nouveau travail les techniques à l’oeuvre dans ses toutes aussi célèbres Gymnopédies, composées quelques années avant.

La lecture qu’en donne Kety Fusco, mêlant harpe et sonorités électro, rend justice au caractère fuyant des oeuvres originales et restitue la poésie cristalline des pièces, grâce à une production qui éloigne le son et confère à l’ensemble cette impression d’évanescence et d’aspiration fantomatique. La pièce est soutenue, à l’arrière-plan par un fond sonore qui ressemble aux craquements d’un vinyle et fait écho aux travaux spirites (les voix des morts) d’un Konstantin Raudive. On est évidemment touché par l’approche minimaliste de l’instrumentiste qui évite soigneusement l’effet luxuriant d’une électro à la Emilie Simon. Il faut tendre l’oreille pour apprécier les nuances de ton et laisser venir à nous les silences qui égrènent l’interprétation. C’est à la fois beau, anodin mais très intelligemment fait.

Recevez chaque vendredi à 18h un résumé de tous les articles publiés dans la semaine.

En vous abonnant vous acceptez notre Politique de confidentialité.

More from Benjamin Berton
Gonjasufi profite de l’Effet Mandela
L’un des plus beaux albums de l’année passée, le Callus de Gonjasufi,...
Lire la suite
Leave a comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *