Graham Reynolds fait partie des artistes dont on parle peu et qu’on écoute souvent, des artistes que, sans s’en rendre compte, on aime garder pour soi. Son nouveau single, An Endless Tower, annonce un nouvel EP, Music For Prophet (1-4), qui sortira le 1er mars chez Fire Records, et surtout… un peu plus tard dans l’année ce qui pourrait être son premier album solo véritable.
C’est assez étrange qu’un tel type, qu’on écoute depuis 20 ans, n’ait jamais signé de son nom un disque en dehors de BO, ou de travaux collaboratifs (on pense à son groupe Golden Hornet). Cela ne l’a pas empêché de laisser derrière lui des BO impressionnantes et marquantes pour certaines d’entre elles (on pense à ses travaux pour Richard Linklater comme A Scanner Darkly) et de développer un univers musical qui fait sans doute partie des plus vastes et ouverts du marché. Pianiste de formation, Reynolds évolue dans un mélange de rock DIY, d’expérimentation électro, mâtiné de world music et mettant en avant les percussions (son autre instrument de prédilection). Autant dire, un truc transgenre et touche à tout très complet qui est souvent passionnant et ultra stimulant mais aussi déconcertant et bizarre. La musique de Graham Reynolds emprunte autant à John Cage qu’à un groupe qui jouerait n’importe quoi… dans le métro. Chaque morceau est une aventure qui semble avoir sa logique propre.
En attendant le EP, ce Endless Tower est un peu moins déconcertant et plus classique. Il n’en reste pas moins de toute beauté, contemplatif et progressif. C’est un morceau planant et immersif, qui appelle au dévoilement et à la perte de repères. Cette tour sans fin nous contemple d’en haut, sans qu’on sache si on se trouve à son pied ou à son sommet. La sensation de vertige nous gagne à travers une progression millimétrée, ouverte sur rien et frustrante.