Disque de la semaine : Golden Tiles direct en Golden Ligue !

9 Note de l'auteur
9

Golden Tiles - The First EP2024 nous aura réservé de belles surprises jusqu’au bout. Et ce premier EP (c’est son titre d’ailleurs, The First EP) des Américains de Golden Tiles n’est pas la moindre, si ce n’est la dernière. On ne sait pas grand chose à ce stade de ce groupe si ce n’est que son « leader » Oliver Stafford est originaire de Portland et que son groupe, un trio composé donc d’un chanteur guitariste, d’un batteur Justin Hocking et d’un bassiste Joshua James Amberson, vient de sortir la collection de chansons (il y en a six) la plus cool de l’année.

Des trois hommes (qui ne semblent pas être des jeunots), c’est le batteur qui a laissé le plus de traces sur le net jusqu’à présent. Justin Hocking a son propre site internet, enseigne l’écriture « créative » et a signé plusieurs best-sellers aux titres et aux sujets intrigants. Personnage sans doute fascinant et qui sur sa page facebook rend un hommage appuyé à son leader invisible, en plus de citer quelques influences qui sautaient de toute façon aux oreilles à l’écoute de leur premier EP qui est aussi leur première cassette, disponible chez les excellents Antiquated Future records . 

Au premier rang des groupes que le batteur cite on retrouve sans surprise The Cure, Pavement et Built To Spill mais aussi (il fait référence aux cassettes plus qu’à la musique) Grand Master Flash et Newcleus. A l’écoute des six morceaux, on a bien entendu tout ça mais aussi des réminiscences shoegaze, du sonique mélodique façon Jesus and Mary Chain ou… Television, et surtout/également une voix particulièrement touchante qui, dans sa façon d’aller dérailler aux extrémités, rappelle parfois la fragilité d’un Daniel Johnston. On a toujours tendance à dégainer les comparaisons un peu trop forts et un peu trop vite (c’est ainsi), au lieu de se satisfaire de ce qu’on a entre les oreilles, du moment présent et de la fraîcheur électrique de ces morceaux. Hocking témoigne sur instagram avoir croisé la route de Stafford il y a trois ans et, après avoir écouté son travail solo, décidé de se remettre à la batterie après un hiatus d’une double décennie. Le résultat est époustouflant et même si on ignore tout du pedigree du compositeur en chef, témoigne d’une maturité et d’une vivacité dans l’inspiration qui ne sont pas si fréquentes. Golden Tiles joue tendu et relâché à la fois, avec la souplesse des slackers des années 90 et la nervosité dans le jeu de guitare et de basse du grunge. Le chant amène un léger déséquilibre qui rend le tout singulier à l’image de l’excellent Doesn’t Take Long To Find ou encore du premier morceau traînard et grésillant Tale We Told. La production maison est un brin désinvolte mais renoue avec les souvenirs heureux d’un Gary Young bourré et triomphant, accueillant Malkmus et sa bande pour les premiers travaux de Pavement. De Portland à Portland, il n’y a qu’un pas que l’oreille franchit aisément.

Peut-être qu’on prend des vessies pour des lanternes mais Streetlights a une fougue velvetienne indéniable. C’est baveux, crasseux et beau comme un jean troué au genou. C’est un peu triste et un peu héroïque sur les bords. « It doesn’t take long to find/ that everyone is everything/ So it seems to me/ knowing i cant win today… » Au grand jeu du punk, les perdants sont toujours les gagnants. Les mélodies de Golden Tiles sont imparables, brouillonnes et irrésistibles.

Tracklist
01. Tale We Told
02. Streetlights
03. Doesn’t Take Long To Find
04. Red Shirt Victory
05. Memories Collide
06. 100%
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