Josh T. Pearson / The Straight Hits
[Mute Records]

3.8 Note de l'auteur
3.8

Josh T. Pearson - The Straight HitsJosh T. Pearson est un type plus grand que sa musique. C’est une chose qui nous avait frappé lorsqu’on l’avait découvert, un soir de 2001 (ça date), pour sa première apparition française au Trabendo. Pearson menait alors en grande pompe (chapeau de cow-boy et barbe longue à l’appui) son premier groupe Lift To Experience à travers un territoire sauvage fait de blues rock hillbilly, de punk US et de country biblique. On s’était dit à l’époque que le gars avait de l’épaisseur mais que son personnage nous avait autant intéressé que ses chansons.

Une longue et noble errance plus tard, pendant laquelle Josh T. Pearson a fait le tour d’Europe, joué de la musique à droite à gauche et repris un boulot, l’ancien barbu texan est revenu aux affaires sérieuses avec un premier album solo en 2010 assez anecdotique, Last of The Country Gentlemen, mais en phase avec son personnage et son style un brin désuets, avant de replonger, pour quelque temps, dans un inframonde arty fait de musique et de projets souterrains. Avec The Straight Hits, toujours coiffé de son stetson mais avec une fine moustache désormais, Josh T. Pearson est complètement transfiguré : propre sur lui, domestiqué et habillé comme un faux cowboy de Westworld, engagé pour monter une animation américaine dans une fête western du Poitou. Dis comme cela, cela a l’air méchant mais il faut bien avouer que ce The Straight Hits est une bien étrange affaire. Reposant sur un cahier des charges autoimposé strict (5 piliers du style…. L’adjectif « straight » dans chaque texte, pas de parole en deçà des 16 vers, priorité aux chansons, etc), The Straight Hits fait d’abord penser à un exercice de crooning auquel se serait prêté un apprenti Nick Cave en sortant du bush. La voix en impose toujours mais s’est départie du grain de folie qui lui donnait à la grande époque une allure menaçante et majestueuse.

La musique est d’obédience country rock avec de temps à autre des saillies rock puissantes, mais marquée avant tout par un certain manque d’imagination et de variété. Quelques titres sont taillés pour séduire (mais qui ?) et animés par une jovialité ou un sens du second degré qui font croire à une parodie genrée. C’est le cas de Straight Laced Come Undone qu’on aurait aimé ne pas rencontrer ou de l’affecté The Dire Straights of Love, qu’on dirait arrangé par Micheline Dax (on exagère). Le disque est si bizarre et mal fichu qu’il finit par ressembler à un exercice de style… sans en être un. On navigue dans un univers rétro-chic où l’académisme appliqué sert de mauvais cache-sexe pour abriter des chansons qui sont pourtant bien écrites et auraient mérité un autre sort. A Love Song (Set Me Straight) est un bon exemple de ce que donne Josh T. Pearson quand il ne se prend pas pour quelqu’un d’autre. La voix est magnifique et le chant est divin. Ce type a toujours eu de grandes chansons en lui mais semble manquer de cohérence et d’esprit d’application pour tenir son rôle de pop star sur la durée. Les merveilles (Straight Down Again, Whiskey Straight Love ou encore dans un registre plus rock Loved Straight To Hell) côtoient des chansons trop inconsistantes ou anecdotiques (l’affreux Damn Straight, l’agaçant tube Straight At Me ou encore Give It Straight To Me qui ressemble aux « travaux » les plus nuls de Frank Black) pour qu’on digère le tout sans rechigner.

Au final, Josh T. Pearson passe clairement à côté de son sujet, livrant un truc trop léger pour ce qu’il a incarné jusqu’ici. On sauvera volontiers une moitié des dix morceaux de cet album, en se disant qu’il y a bien pire que tout ça et qu’on est encore trop jeune pour se farcir de la country à papa.

Tracklist
01. Straight To The Top !
02. Straight At Me
03. Give It To Me Straight
04. Straight Laced Come Undone
05. Damn Straight
06. Loved Straight To Hell
07. The Dire Straights of Love
08. Whiskey Straight Love
09. A Love Song (Set Me Straight)
10. Straight Down Again
Écouter Josh T. Pearson - The Straight Hits

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