Kris Dane, le Dernier des Célèbres Cowboys Internationaux

Kris DaneSon U.N.S.U.I était l’un des meilleurs albums de 2018. Son nouveau disque, Levitate, est moins exotique mais tout aussi inspiré et envoûtant. Le Belge Kris Dane poursuit sa carrière de lonesome pop singer dans une bulle sanitaire et artistique qu’on aimerait partager jusqu’à la fin des temps, une bulle métaphysique presque où l’on trouve maintenant des chevaux, des enfants, des femmes aimées, un peu d’inquiétude mais surtout des chansons belles à tomber et où, comme dans une cathédrale, résonne cette voix incroyablement chaleureuse et bienveillante, caressante comme celle d’un crooner, mais aussi forte et expressive que celle d’un Springsteen ou d’un Leonard Cohen européen. Kris Dane grandit et vieillit avec nous. Il donne ce sentiment toujours grisant de progresser et de savoir exactement là où il va, substituant au grand spectacle rock une proposition plus humaine, plus proche de nous mais infiniment sage et apaisante. En d’autres temps, on aurait fait de lui un chanteur-gourou. En 2021, il agit plutôt comme un compagnon de consolation, un guide et un phare pour l’hiver. 

English version below.

La première chanson Hegemony est impressionnante. D’où vient-elle ? 

L’hégémonie contre le pouvoir du peuple, le pouvoir de l’esprit, le pouvoir de la volonté. Quand l’hégémonie est trop présente, trop puissante, une réaction est inévitable, une réaction qui vient des entrailles de la société et qui est l’expression du peuple… il y a aussi dans cette chanson le fait de transiter par le rêve pour agir, l’importance de l’imaginaire, d’un imaginaire où tout serait possible.

Cette chanson est-elle la première que vous ayez composée pour ce disque ?

Difficile à dire… Je travaillais probablement sur plusieurs autres idées de chansons au même moment. Je ne peux pas vraiment décrire le processus d’écriture mais je peux identifier le moment exact où ça a commencé, le moment où j’ai su que tout cela allait se traduire dans un album, dans une histoire complète…. Quand les chansons ont été enregistrées, la chanson Hegemony s’est imposée comme celle qui devait ouvrir ou fermer le disque. C’est une chanson qui a cette fonction, ouvrir ou fermer le disque, une chanson qui fonctionne comme une porte, un trou noir…

Cette chanson donne le ton et ouvre vers quelque chose de très expérimental, ralenti et profond. Une longue méditation sur l’homme, la manière dont va la vie, le pouvoir que l’on peut avoir ou pas sur les éléments et le temps…

Oui, quelque chose dans ce goût là. Dans le refrain je demande : jusqu’où peut-on subir ? Jusque quand pouvons nous chanter cette vieille rengaine ? C’est un appel assez clair à ce que l’humanité ne considère pas que tout est acquis ou tombera sans effort. Ne subis pas, ne laisse pas filer mais prends conscience, grandis, éveille toi et agis en conséquence.

Pensez-vous que l’homme a un rôle particulier dans ce monde, une place à part ? Est-ce que c’est ce que vous interrogez ici : la responsabilité de l’homme, la question de sa place, de la domination qu’il exerce sur le monde parfois sans aucun dessein véritable…

Non, pas tout à fait. Je ne dicte aucune leçon. Je respecte chacun mais je renonce à ce que s’expriment tous ces sentiments de supériorité. Un sentiment qui serait supérieur à un autre. Je sens le pouvoir, je reconnais son existence mais je renonce à en abuser.

Est-ce que vous pensez que nous sommes nous-mêmes connectés à quelque chose de supérieur à nous ? Est-ce que cette chose est connectée à la musique ?

Supérieur n’est pas le bon mot mais nous devons tout à la nature. A Mère Nature. Elle est la maison dans laquelle nous vivons.

Que dit Hegemony au reste du disque qui, par contraste, sonne plus pop ou folk ?

Les chansons ne se parlent pas entre elles. Cette chanson est différente parce qu’elle est en « spoken word », le rythme d’une valse et une approche du style « parlons de… » qui est très directe. Cela se retrouve aussi quand je la joue sur scène. Ca parle directement au public, tout de suite, sans médiation et cela attire l’attention.

Le disque construit un dialogue entre des forces intimes, profondes et une sorte d’univers cosmologique. Etait-ce l’intention ? Connecter les choses du sol aux étoiles ? Du cœur, de l’intérieur des cellules jusqu’au ciel ?

Il n’y a pas d’intention pré-existante du tout, pas d’intentionnalité. Mais j’ai clairement beaucoup d’intérêt pour les connections que vous faites. Les connections, les échanges, sont de toute façon des choses qui m’intéressent beaucoup, beaucoup plus que les divisions…

Les mélodies jaillissent du vide 

J’ai cru au début que Melody parlait d’une fille… D’où viennent les mélodies ? Salman Rushdie parlait d’un océan où toutes les histoires baignaient. Elles nous parviennent via les rivières, des ruisseaux… Est-ce que les mélodies viennent de quelque part ?

Les mélodies jaillissent du vide. Elles viennent de partout et de nulle part à la fois.

Le son est très intense. La production est toujours assez riche et complexe chez toi : comme s’il y avait une sorte de « bruit de fond » venu du fond de l’univers et qui ajouterait une importance ou une autre dimension aux chansons. Même Johanna ne sonne pas comme une simple chanson d’amour folk. Elle semble hors du temps et universelle.  

Apparemment, je compose des « classiques » hors du temps et des chansons qui sonnent comme intemporelles. Ca doit être ma destinée… et je ne sais pas d’où ça vient. J’écris comme ça. Je travaille vraiment dur pour que chaque chanson soit parfaite et à la hauteur de mes standards.

Depuis que vous chantez en solo, vous cherchez votre propre voie dans cet univers folk rock « classique ». Vos disques dessinent une sorte de quête. Comme si vous cherchiez à repousser les limites du genre folk pop dans lequel vous vous situez. Est-ce que vous cherchiez quelque chose de précis sur cet album.

Je n’ai pas d’intentions de quoi que ce soit. Je ne fonctionne pas ainsi. Je me mets à l’écoute de ma voix intérieure et c’est ça qui me donne un style à moi.

J’ai tendance pour ma part à chercher de l’intentionnalité partout. Quelle était votre idée après UNSUI qui était de l’avis de beaucoup une réussite incroyable ?

Mon plan véritable, c’était de travailler avec de jeunes chevaux sauvages pendant un certain temps, de m’occuper d’eux, de les élever, de les entraîner sans avoir cette pression que je me serais mise à moi-même de revenir tout de suite avec un nouvel album. C’est l’album, les chansons elles-mêmes qui m’ont trouvé… A ce stade, soit je les remisais au placard, soit je sortais à nouveau et allais les enregistrer.

Johanna est une chanson vraiment étrange. C’est une chanson blues avec des chœurs, des échos de gospel et il y a cette ligne « a crack within your soul, that’s where the light comes in. ». Cela m’a fait pensé à Anthem de Leonard Cohen : « Forget your perfect offering, he sings. There is a crack. A crack in everything. That’s how the light comes in. » Vous la connaissez cette chanson ?

Oui, je connais cette chanson et je connais ce vers. Quand j’ai eu cette idée de fêlures dans l’âme (en référence à Johanna), je n’ai pas voulu laisser passer cette image. Car découvrir ces failles à l’âme laisse entrevoir un supplément de beauté en cette âme. Lorsque l’âme est fermée, y pénétrer est impossible. Tu ne peux pas voir la lumière qui voyage à travers elle…

Sur l’album The Future de Leonard Cohen, on a ce point commun avec Levitate : une forme artistique assez démonstrative (des chansons, des cuivres, de l’ampleur pour lui) qui est au service d’un contenu philosophique ou abstrait. Levitate parle de l’âme principalement, non ? C’est comme lire un poème ou accomplir des exercices spirituels..

Oui, et l’âme pénètre et féconde la musique. Le son est plus spirituel, plus soul au sens littéral. Certains des arrangements sont au service de ça.

UNSUI parlait de voyage. Cette fois, on pense plutôt à un itinéraire intérieur non ?

Oui bien sûr. J’ai été assigné à résidence dans ma ferme (en raison du covid) et j’ai eu l’impression d’être dans un pays assez loin de chez moi. Comme si s’ouvrait une autre vie, mais avec la même famille ! Ceux que j’aime m’ont suivi dans cet effort.

Je ne vais pas parler de chaque chanson une à une mais que pouvez-vous nous dire au sujet de Palooza ? J’ai déjà écrit qu’elle me faisait penser à Bruce Springsteen. Et tu hurles un peu comme Bono à la fin ! Springsteen/Bono, je n’en jette plus…

Le fantôme de Bruce flottait autour de nous. Nous en étions conscients et nous l’avons accueilli avec bonheur. J’ai honoré sa présence en chantant avec cette voix très haute en fin de morceau. Ca sonnait comme ce qu’il fallait faire.

J’ai lu que Palooza parlait de votre père et de son dernier jour sur terre. Vous pouvez nous en parler ? La chanson est un bel hommage, elle accompagne le passage vers l’au-delà. Comme si on l’aidait nous même à traverser..

En effet, j’ai assisté à son suicide programmé, précommandé, à son euthanasie. Nous étions là, réunis pour donner notre bénédiction à ça, témoigner notre respect de sa volonté. Pour moi, ça a été particulièrement difficile. Je pensais, j’espérais qu’il n’irait pas jusqu’au  bout… qu’il verrait la lumière au bout du bout…

Vos chansons sonnent souvent comme des classiques. The Farm est assez fantastique à cet égard. La description est précise, parfaite. On dirait une version mélancolique de cette chanson des Beach Boys où il avait embauché lui aussi les animaux de la ferme. Je plaisante. Comment est-ce que la chanson évolue entre la démo et le produit fini dans ce cas ? Est-ce que le groupe et la production apportent beaucoup ?

La démo est pour moi la chanson, nue. Les arrangements sont les vêtements qu’on lui fait porter. The Farm parle de ma nouvelle maison, de ma famille, de mon chien que j’ai enterré là-bas, des chevaux aussi, du fait que je me sente là que le moine moderne que je me sentais devenir. Ca parle du soleil, du temps, de l’amour et du salut.

J’ai été surpris par Say. « This is the wrong world/ This is the wrong time ». C’est une adresse directe aux leaders du monde. Cela aurait pu être écrit pour la COP 26. C’est si direct, si politique. C’est votre première chanson aussi premier degré. On a raté notre coup avec l’écologie non ? Qu’est-ce qu’on devrait faire ?

La façon dont on demande à nos enfants de regarder le monde aujourd’hui dans les médias est celle d’un monde où toutes les opportunités sont passées, perdues. Cette orientation dans la présentation et cet échec global me rendent furieux et rebelle. Je le suis toujours maintenant. Il y a tellement plus à tirer de ce monde. On a besoin de penser positive. On a besoin de nouvelles positives qui ont des choses à dire elles aussi.

Tu vis à la campagne désormais. Ca a changé ta vie ?

Ce n’est pas la campagne en tant que telle, mais plus spécifiquement les chevaux qui ont changé quelque chose, et le travail physique qui est venu de leur fréquentation.

Levitate est une méditation. C’est assez « années 70 » de méditer ainsi à travers une chanson. Frais et relaxant.  Est-ce que la musique doit aussi amener ce calme et cette contemplation dans le tumulte du monde ? Le disque a cette ambition assez simple d’arrêter un instant la marche effrénée du monde. Le covid a fait cela pour nous. Je suppose que cet épisode a changé ta vie et ton mode de vie comme tout un chacun.

C’est une invitation… une invitation à tirer le meilleur de nous-mêmes. La paix et l’harmonie sont en toute chose les pierres angulaires de ce qui est et viendra.

Est-ce que comme beaucoup vous avez été terrifié ou stupéfait par ce qui nous est arrivé pendant cette crise sanitaire ?

Pas plus terrifié que vraiment surpris. J’ai été plus surpris par nos réactions. La nature nous inflige des virus, au monde animal et notamment à cette espèce animale particulière que sont les êtres humains. Les hommes ont eu semble-t-il une plus grande difficulté à remettre la main sur le concept d’oubli 😉

Quand avez-vous composé ce disque ? Dans quelles conditions ?

A la maison et un peu partout où je suis passé alors. J’ai toujours ma guitare avec moi quand je bouge. La Namibie a aussi joué un rôle là-dedans. J’ai passé un peu de temps dans le désert du Kalahari, à faire du cheval.

Je trouve qu’il y a eu un changement chez toi avec Rose of Jericho. A ce moment-là, tu ralentis le tempo. Tu donnes l’impression de remiser le bruit du rock et les chansons ralentissent vraiment comme chez JJ Cale ou Neil Young. Les mots sont plus lourds et profondes. Est-ce que ton écriture a changé à ce moment là ?

Peut-être, mais j’ai toujours aimé les longues balades narratives. Et je travaille toujours en acoustique quand je compose à la guitare. Jamais en mode électrique.

Ce qui est marrant avec vous c’est que votre musique sonne à chaque fois fraîche et nouvelle alors que c’est votre septième disque solo. Est-ce que vous recherchez à chaque fois à vous renouveler ou une sorte d’évolution ? De mouvement en avant ?

On se doit en tant qu’artiste et à soi-même d’évoluer, et d’aller au fond des expériences présentes. C’est quelque chose que je considère comme naturel. Ce que j’apprécie c’est que tout le monde et à chaque fois semble reconnaître une sorte de « patte » Kris Dane de projet en projet, une identité indéniable.

Vous vivez aujourd’hui dans un ranch. Un ranch belge. J’ai compris que vous donniez des cours aussi autour du cheval. De l’équithérapie ou je ne sais pas. Est-ce que cette fréquentation des chevaux apporte quelque chose à votre art ? Ou est-ce que ça amène un équilibre à ta vie qui lui-même nourrit ta musique ?

Je ne donne pas de leçons ou de cours de cheval. Pas plus que je ne pratique l’équithérapie. Mon travail ici est très solitaire. Je prends un jeune cheval (qui n’a jamais été monté) et je l’emmène en promenade, je me connecte à lui. J’essaie de le comprendre et de le guider dans cette tâche qui est d’accepter le partenaire humain, je lui apprends à porter une selle, à être monté à cru, à devenir un cheval fiable, sain de corps et d’esprit. Pour le moment, j’ai principalement travaillé avec de jeunes étalons, ce qui est très particulier. Parfois, je prends aussi des chevaux plus âgés en rééducation, qui ont été perturbés (il faut lire qui ont été traumatisés) pour restaurer leur confiance. Je prends le temps qu’il faut, ce que tout le monde ne fait pas, et je ne me laisse pas guider par une stricte approche commerciale. J’agis par pure passion.

Ma chambre était une cellule. Lavée à l’eau claire, aspirée chaque jour

Je voulais revenir un peu sur votre parcours. Comment vous avez commencé la musique ? J’ai découvert récemment que vous aviez été le batteur de dEUS sur leur première démo en 1991. C’est comme ça que vous avez commencé ?

La musique était obligatoire pour moi dans mon enfance (et celle de mes frères). Je n’ai pas eu le choix. J’ai réussi au bout d’un certain temps à renverser cette éducation classique, à changer d’instrument et à trouver ma propre voie dans le monde de la musique à l’âge de 16 ans.

Vous faisiez quoi avant ça ? Quel genre d’ado vous étiez ?

Ma chambre était une cellule. Pas de posters, pas de meubles, pas de rideaux… juste un lit. J’étais asthmatique et ma chambre était aérée, aspirée, et lavée à l’eau claire chaque jour.

Comment vous vous retrouvez à jouer dans dEUS et pourquoi vous en sortez ensuite ?

C’était mes amis tout simplement. J’ai joué de la batterie et un peu de piano sur les premières démos. Mais j’avais envie et je voulais créer mes propres chansons, m’exprimer véritablement et c’est pour ça que je suis passé à autre chose. Ils sont tous restés mes amis. C’était bien avant que le groupe ne devienne connu ou ne marche. Ils sont très sympas !

Qu’est-ce qui se passe pour vous entre 1991 et 1998/99, date à laquelle vous sortez votre premier disque, Fe Is A Male Mystic. J’ai réécouté le disque pour l’interview. C’est un bon disque et de manière amusante on y trouve les mêmes traces de soul, cette inspiration qu’on a sur Levitate. Vous l’avez réécouté récemment ?

A cette période, j’ai écrit des chansons et enregistré quelques démos, j’ai commencé à faire des concerts. J’ai enrôlé des types pour former un groupe, j’en ai changé. Et c’est à l’occasion d’une performance en solo à Gand que j’ai été signé par un label de jazz pour mon premier album… solo.

En 1999, Boy 26 est très différent. Plus rock. Comme si vous cherchiez quelque chose. Qu’est-ce que vous attendiez ou espériez de la musique à ce moment là ? Est-ce que vous vouliez réussir ou juste faire votre truc et voir où ça vous mènerait ?

Boy 26 est un album sur lequel j’avais besoin de tenter des choses. J’étais à la fois gourmand, avide et curieux. Je jouais de la plupart des instruments moi-même, à part quelques rares invités sur quelques titres.

Quelles étaient vos influences à cette époque ? Ca sonnait plus comme de l’Americana ou du rock US classique plus que de la pop, de la brit pop ou des choses britanniques..

Mes parents, c’était la musique classique, du Kleinkunst flamand et Harry Belafonte. Je ne crois pas avoir jamais eu rien à voir avec l’Américana. En fait, je n’écoute pas tant de musique que cela, mais j’ai l’impression d’écouter constamment une sorte de musique dans ma tête. Et j’explore : j’écoute des chants arabes byzantins, de la musique de Bamako et tout ça. J’ai vraiment ma propre expérience…

Est-ce que ce que tu fais correspond à ta personnalité ? Plus contemplatif et attiré par les grands espaces, les paysages, les portraits que par une musique plus de confrontation ?

Non, mais la musique a le pouvoir de nous faire rêver, et dériver. A la maison, avec mes amis et ma famille, je peux être très terre à terre.

Vos textes évoquent de nombreux sujets : l’amour, la séduction, la vie urbaine. On dirait que vous vous êtes constitué un univers bien à vous disque après disque que vous continuez de bâtir. Est-ce que vous regardez vos œuvres de jeunesse comme des étapes dans quelque chose de plus large et de meilleur ? Est-ce que vous pensez que vous vous êtes amélioré en allant ?

Parfois, les chanteurs donnent le meilleur sur la première prise. J’ai l’impression que le meilleur est juste là, maintenant et qu’il sera aussi là demain. Tout ce que j’ai fait par le passé était sûrement la bonne chose à faire au moment et à l’endroit où cela a été fait. Mais c’est un fait que je me bonifie avec le temps. Je m’améliore… c’est le cours naturel de la vie.

On vous retrouve ensuite dans le groupe Ghinzu. Vous jouez des claviers sur le deuxième album. Pas de batterie. Un peu de guitare. Le groupe a du succès et est renommé. Ca a du être quelque chose. Qu’est-ce que vous faisiez dans ce groupe ? Qu’est-ce que vous en avez retiré ?

En fait j’ai remplacé un ami à moi, Sanderson Poe, qui est reparti chez lui à Miami. En tant que multi-instrumentiste, j’ai surtout aidé le groupe pendant l’enregistrement de l’album Blow. On a tout de suite reçu pas mal d’intérêt de France et ressenti qu’il y avait moyen de percer. Le succès est venu rapidement et ils m’ont demandé de les accompagner sur scène. J’ai dit ok, en pensant que ce serait l’affaire de quelques mois et ça a duré un an et demi. Quand la tournée s’est arrêtée, j’ai repris ma route en solitaire et ils m’ont remplacé. On est restés bons amis. C’était une expérience très rock n’roll. Très sauvage oui.  Je n’ai pas participé au troisième disque. J’étais parti à ce moment là. J’avais fait ce que j’avais à faire.

A cette époque, vous enchaînez deux albums coup sur coup et puis on arrive sur Levitate. Ce sont des disques très américains. Sur cet album, ça parle cheval pour la première fois. Vous montez depuis l’enfance ou est-ce que vous rêviez simplement de faire du cheval, d’être un cow-boy ?

Je n’avais pas le droit de faire du cheval quand j’étais enfant mais cela ne m’a empêché d’en rêver toute ma vie. Il a du m’arriver quelque chose avec des chevaux dans une autre vie. Ça me réjouit de penser ça du moins.

Rise & Down of A Black Stallion est un disque étrange et remarquable. C’est incroyablement varié : blues, rock, hillbilly, mais aussi « chanson ». Est-ce que vous chantez des titres de ce disque sur scène ?

Non mais je le ferai peut-être en 2023 quand je vais faire une tournée qui reprendra des morceaux de toute ma carrière. Il est possible qu’un ou deux titres de ce disque se retrouvent sur la setlist.

Quelle différence y a-t-il entre le Kris Dane de cette époque et l’homme que vous êtes aujourd’hui ?

L’âge et j’espère la sagesse. Je me sens plus solide maintenant.

Vous étiez quel genre de jeune homme ? J’ai du mal à vous imaginer dans une période sombre ou en train de faire les 400 coups ?

J’ai été de nombreuses personnes… je suis maintenant un seul homme.

Est-ce que la sagesse qui est la vôtre demande une pratique ou une rigueur particulières, des lecture, une forme de discipline ?

Je vis ici et dans l’instant présent. Je travaille beaucoup sur cette combinaison entre cheval et musique. Je suis très proche de ma famille et je pratique la méditation.

 Il se dégage de votre musique un vrai sentiment de liberté. Comme si vous aviez trouvé un espace où rêver, prospérer, être heureux..

Oui, tout à fait.  Le bonheur est volatile. En ce qui me concerne, s’agissant du temps, c’est quand je perds la notion de son passage et de son écoulement, que je suis heureux. Quels sont mes meilleurs moments ? Me sentir mort de fatigue après une journée de travail fructueuse. Me réveiller avec l’aube pour aller nourrir les chevaux ou partir en voyage. Être aimé, le sentir, et voir que mes enfants font ce qu’il faut.

Qu’attendez-vous de ce nouveau disque ? De son accueil, des tournées, du succès ? C’est difficile de sortir un disque de nos jours…

En ce moment, ce sont les concerts qui me procurent le plus de plaisir. J’aime voir la beauté dans les yeux des gens formidables qui assistent à mes concerts.

Est-ce que votre vie est entièrement tournée vers la musique ou est-ce que vos autres activités comme les chevaux, je ne sais pas les enfants, les promenades ont pris le pas sur ça ?

Ma vie est faite de musique. Elle est entièrement musique car la musique, c’est la vibration. La musique c’est mon sang et chaque inspiration que je prends. La musique est présente quand je travaille avec les chevaux et elle est avec moi quand je suis en compagnie de mes amis ou de ma famille. La musique est partie prenante de tout ce que je suis, de toutes les choses qui m’entourent, elle me galvanise et les imprègne.

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour les 6 ou 10 prochains mois ?

Souhaitez-moi de la chance ! 🙏🏻

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Kris Dane, The Last of The Famous International Cowboys

« He knows about the new world/…/ Learning from the horses » sings Kris Dane on one of Levitate‘s best song, The Farm. It is just a song about the man he is, his ranch in Belgium, his beloved ones and animals but it brings the whole world within, as if any of his songs could carry the man’s vision and philosophy on its sleeve. UNSUI, his previous LP was an exotic monument to beauty and peace. Levitate is just about mankind and intimacy in times of trouble and it is as beautiful, precise and valuable as you can imagine.

It would be easy to say he has become a sort of European Leonard Cohen, but not that much the lady man from the 60s : the 80-year old one within a 40 year-old legendary cowboy silhouette. Kris Dane is the best blues folk rock pop singer around. That’s not only about the voice but the soul he sings with. Levitate is not just one of the best LPs this year, it is a LP which is both your friend, your big brother and your dad’s favorite one. The one which got things to say but you can also share with your girlfriend. It is all about mice, horses and men. Horses and men.  

The first song Hegemony is mesmerizing and impressive. Can you tell us about how you came with this song ? What it is about exactly ? Where does it come from ?

Hegemony versus the power of the people, the power of the mind, the power of the will. When a hegemony is too omnipresent, too powerful, a counter reaction is inevitable, a counter reaction coming from the gut of society, and that is the people… there is also a transit to a dream in this song which emphasises the importance of the imaginary, where literally everything is possible…

Was it the first song you composed for the LP or did it come later on in the process ?

Difficult to say… I was most probably working on a few ideas/songs around the same time. I can’t really describe the writing process but I can almost always feel the exact moment I’m at the start of a writing process, knowing it will most likely result in an album, a full story… once the tracks were recorded, the song Hegemony had to come either first or last on the album. It’s an opening or closing track, a gateway, a black hole…

It sets the tone for something very experimental, low-paced and deeply thought. A long meditation on mankind, the way it goes, power of and on the elements and time?

Something like that, in the chorus I ask: how much can one take, how long can one sing that same old song… definitely a call towards the humankind not to bluntly take anything for granted. Do not undergo but grow conscience, awake and act upon.

Has Mankind a special role/duty in this world ? Is it what you want with this song : question our being there, dominant beings with no real design for it ?

No I pay respect to each and every individual but I renounce to feelings of superiority. One feeling superior to the other. I feel power but renounce the abuse of it.

Are we connected to something superior to us ? What is this thing according to you ? What’s its connexion to music ?

Superior is not a good word, but we owe everything to nature. To mother earth. She is the house we live in.

What has this song got to say to the rest of the LP which sounds, by contrats, closer to regular pop or folk music ?

Songs don’t talk to one another. This song is different because it has parlando (spoken word), a wals rhythm and a “let’s talk about…..” approach. Pretty direct, also when I play it live. It addresses my audience on the spot and confronts.

The LP seems to build a dialog between intimacy, intimate forces and some kind of a cosmological universe. Was it the intention : to connect things from the ground to the stars ? from the heart and the inner cells, to the sky… ?

No premeditated intention at all. But I do subscribe my interest to all the connections you mention. Connections are a general point of interest, much more then divisions…

At first, i’d thought Melody was about a girl…. Where does melodies come from ? Salman Rushdie did write about an ocean where all stories were bathing together. They sometime get to us through rivers… Do you think melodies are living somewhere too ?

Melodies come from out of the void. From everywhere and nowhere at the same time.

The sound is very intense itself. Production duties are always so complex and interesting with you : as if there was always a « back noise » from the universe coming to bring some « importance » or « wider context » to the songs. Even Johanna doesnt sound like a regular love/folk song ? There’s an echo within, which make it sound « out of time » or « universal ».

Apparently I tend to make “classics”, out of time and timeless. It seems to be my destiny, but I don’t know where it comes from. It happens to be the way I write. I work hard to make a song as perfect as it can be to my standards.

Since you went solo, it seems you’ve always searched for your own way to classic rock folk. There is a quest within your LPs. You’re trying not to do it as you are intended to but you try to expand the genre in some way, to play on folk, pop or classic regular to bring something personal and different. What were you trying to do at the start of this LP ? I have no intentions whatsoever. I listen to my inner voice and therefor I have a style of my own.

I always tend to see an intention into things… (which is bad !) What was the plan after UNSUI which was, according to many, a formidable achievement ?

The plan was to work with young wild horses for a while, gentle them, start them, train them, without the (self inflicted) pressure to come up with a new album. The album (the songs) found me….. it was either putting those songs into the drawer or go out and record them.

The LP seems to be simpler, more direct, less contemplative but at the same time quite mystical, more philosophical and talkative. It looks as if you’d wanted to explain things that were bigger than you and us….

I’ve learned to put things into another perspective through the horses. They teach me a lot about everything actually.

Johanna is a really strange song. It is a full blues song with choirs and even gospel echoes then there is this line « a crack within your soul, that’s where the light comes in. » It reminded me of Leonard Cohen’s Anthem : « Forget your perfect offering, he sings. There is a crack. A crack in everything. That’s how the light comes in. » Do you know this song ?

I know the song and I know the line. When I cam up with the idea of cracks within the soul (referring to Johanna) I couldn’t let this one pass. Because when i discover cracks in the soul, i often start to see more the beauty in that soul. When the soul is closed, I can’t get in, neither can the light travel through…

On Leonard Cohen’s The Future LP, we have a real common point with Levitate : a quite demonstrative artistic mode (full songs, folk, brass for him) which serves a stricly philosophical or abstract content. Levitate is about the soul, isn’t it ? It is like reading a poem or doing a exercises for the mind ?

Yes, and the soul also penetrated the music. The sound is more soulful, so are some of the arrangements.

UNSUI did sing about travel. This time, you seem to be more on interior journeys, don’t you ?

Of course, I got stuck on the farm (Covid and all that) and it felt as if I was in a country far away from home. Another life almost, with the same family though. My beloved ones followed me in this particular endeavor.

I won’t talk about each song individually but can you tell us about Palooza ? I’ve already written it reminded me about Bruce Springsteen. Your singing is so similar on this one. The way the voice is cracking. And there is also this Bono howling type on the second part of the song ! Well Springsteen and Bono in the same song, i wont throw another one ! It shows to me how far you’ve been in ambition and connecting to the history of the genre.

The Ghost of Bruce was around. We knew it and we embraced it. And I honoured his presence with the high voices in the end. It felt perfect.

I’ve read Palooza was about your father and the day he left this world. Can you tell us about it ? The song is really a nice homage, a « passing song ». Just as if we helped him crossing the distance between here and there again….

Indeed, I assisted to a premeditated (pre-ordered) death, to which we were supposed to give our blessing, honouring the wish of the Father. To me, this was particularly difficult. I thought, hoped, he wouldn’t go through with it… that in the end, he would see the light.

Many of your songs sound like instant classics. As if there were part of something we’ve already heard but in a new form. I find The Farm fantastic. This time it sounds like a melancholic version of Brian Wilson introducing animals from his barn ! I am joking. It is full of attention for details. The description is precise and quite perfect. Do you build this kind of songs on your own ? I mean how far is there from the demo you bring to what we’ve got here. Does the band and producting duties bring much to the concept ?

The demo is the song, naked. the arrangements are the clothes it is wearing. The Farm talks about my new home, my family, my dog who I buried here, the horses, the modern monk I felt I was becoming, the sun, the time, the love and salvation.

I was a bit surprised with « Say ». « This is the wrong world/ This is the wrong time ». You start with. It is a quite direct address to leaders of the world. It could have been written about COP 26. It is a quite universal and political song. Was it your « first degree-engaged » song ? It sounds sincere and of course a bit disappointed about the way we are dealing with those environmental stakes. We’ve missed the point, havent we ? What should we do ?

The way my children have to look at a world that is depicted by the media as a world of lost opportunities, polarisation and failure made me angry, rebellious, and I still am. There is much more to this world, we need more positive thinking, positive news covering as well…

You now live at the country ? Has it changed your way of life ?

Not merely the country, but specifically the horses changed something, and the physical work that comes with it.

Levitate is meditation in a song. It is so 70s to meditate like this in a song… Quite fresh and relaxing. Do you think pop needs to bring calm and contemplation within the noise of the world. It looks as if you’ve wanted to make the world go slower with this LP. To bring people the time to stop and just listen. It is a complex LP but with a simple ambition : bring a full stop to the world dynamics. Lockdown and covid did this for us in a way…. I guess this episode mustn’t have changed your life too much from where you live ? Was it very different to live on your own ?

It’s an invitation…. to get the best out of ourselves. Peace and harmony will always be cornerstones.

Were you particularly afraid or surprised by what happened with covid 19 ?

Not afraid and not really surprised. More surprised by our reactions. Nature inflicts viruses, in the animal world and amongst that special breed of animals, called humans. Humans have a harder time grabbing the concept of oblivion 😉

Let’s talk more generally about the LP. When was it composed ? In what conditions ?

At home, or wherever I went. I take my guitar everywhere I go. Hence Namibia played a part in it. I have spend some time in the Kalahari desert, riding…

I’ve always thought something did change for you when you’ve composed Rose of Jericho. You’ve kind of slowed the pace. Like you had shelved your noise rock (not that you ever was Led Zeppelin) but the tone is different. Sounds sometime like JJ Cale or Neil Young. Songs are slower. Words deeper or heavier. Has something changed in your writing round that time ?

Could be, but I always liked narrative ballads. and I play acoustic when I work on songs, never electric.

What’s funny is LP after LP i cant but listen to your work as something fresh and new… though it is something like your 7th solo LP, is it ? It is like you are always to look for something different. Your sound is moving. Is it something you want to achieve ? Keep fresh… Move forward or… up, delve deeper, i dont know…..

We owe to ourselves, as an artist, to evolve, and to soak up the experiences of the present. it is all natural to me, and what’s nice about is that everyone seems to undeniably recognise the “kris dane” stamp at every step.

I know you now live in a ranch. Belgian ranch. You’re giving lessons about horses. Also equitherapy or i dont know how you call it. Does it bring something to your art ? Or does it bring something to your life which gives something to your art ?

I don’t give lessons neither do I lecture equitherapy. My work here is quite solitary. I take a young wild (unhandled) horse out for walks, make connection, try to understand the horse as well as guide the horse through the process of establishing partnership, make it acquainted with the saddle, ride bareback, delivering a trustworthy horse, sane in the mind & body. I mainly worked with young stallions up till now, which is peculiar somehow.. From time to time I re-educate a troubled (read: traumatised) horse. Re-establishing trust. I take the time necessary, which not a lot of people do, not restrained by any commercial approach. Pure passion !

That’s a bit cliché but you’ve also been a father through the period. Can you tell us about it ? Is it something that brought you new things to say, new feelings, new responsabilities.

I have 3 children. Two (almost) grown ups and a 3-year old. Nothing new under the sun.

Maybe time to explore things past. How did you get into music ? I’ve discovered quite recently you were the drummer o dEUS first demo album (cassette) in… 1991. Is that where you stepped into music ?

Music was obligatory in my childhood (and that of my brothers’). I didn’t have a choice. I was able to shake off the classical education, change instruments and finally find my own musical universe at the age of 16…

What were you doing before that ? What kind of a teenager were you ? Which social background is yours ?

My bedroom was a cell. No posters, no furniture, no curtains…. only a bed. I was asthmatic and the room was hoovered and cleaned with water every day.

How do you step in dEUS and why do you step out ?

They were my friends. I played the drums and some piano on early demo recordings. I felt I wanted to create my own form of expression, which is writing songs so I moved on (but we stayed friends 😉). This was before the band encountered their breakthrough. Nice people !

What happens between 1991 and 1998-1999 ? You come with your first LP, Fe is A Male Mystic. What’s the move then ? I’ve listened to it for the interview. Never did before i must admit. It’s a good LP. And quite funnily we can trace your soulful aspirations in it quite evidently. Have you listened to the LP recently ? What were you feeling then ?

I wrote songs and recorded demo’s, starting playing live, checking and changing band members. It was at a solo performance in Ghent (Flanders) that I got signed by a Jazz-label for my first album… solo.

Boy 26 in 1999 is quite different. It is rockier. Like you are searching for something, trying to find your way. How do you seen the beginning of your solo career ? What did you expect from music at the time ? Was your ambition to be popular or to do your thing and see where it gets you ?

Boy 26 is an album where I needed to explore. I was greedy and curious. Played most of the instruments myself, besides a few guest musicians on a few tracks.

What are your influences at this precise moment ? It sounds like you are more into Americana and American rock music than into pop songs, britpop or English Armada. No grunge, no heavy guitars. No electronics. Has your parents or family influenced your taste ? My parents: classical music, Flemish “kleinkunst” and Harry Belafonte. I don’t feel I have anything in particular with Americana. I don’t listen much to music actually, yet I do listen constantly to the music in my head. And I explore listening to Byzantine Arab chants, Music from Bamako and all that…. I go my own way.

Is it a question of personality ? More contemplative and attracted to « spaces, landscapes, portraits » than confrontational ? No, but music has the power to make us dream (away). At home, for my friends and family I can be pretty down to earth.

The lyrics at the time are dealing with many subjects : love, seduction, urban life. It seems you’ve totally built yourself and the art you want to give. Do you look at those early works with the idea the plan was not perfectly established ? The idea you’ve improved through times.

Sometime, singers bring their best at first try. I really find the best is just there now and tomorrow maybe. everything out of the past was the right thing to do at the time being, fact is I am getting better all the time. the natural course of life…

Then there is Ghinzu. You play mostly keyboards on their 2nd LP. Not drums ! A little guitar. The band is quite successful and famous. It must have been an experience. What was your position in the band ? What did you learn from the experience ?

I stood in for a friend of mine –Sanderson Poe– who moved back to Miami (USA). Helped the band out as a multi-instrumentalist during the recording process of the album “Blow”. We instantly felt interest from France and a possible breakthrough for the band. Success came fast so they asked me to join the LIVE aspect. I said ok, thinking it would take a few months. It lasted one and a half year ! When the touring stopped I went my own way and found a replacement. We stayed friends, it was quite a ‘rock-n-roll’ kind of experience. Kind of wild.

Your time there is quite short. I havent read that much about it. What happens exactly ? There’s a 3rd LP then nothing. You have a very productive period then with 2 LPs which bring us back to Levitate : very American records. Horses are there for the first time. Do you ride horses since you are a kid or is it the time you start horseriding or dreaming of being a cowboy ?

I didn’t do the 3rd one. I was out by then. Played my part. Was not allowed to do horse riding as a kid, but dreamed about it for all my life. I must have had something to do with horses in a previous life. I feel good at it.

Rise & Down of A Black Stallion is quite an amazing and strange LP. It is full of very different things : blues, rock, hillbilly, but also… « chanson »…. Do you sing some stuff from that LP live nowadays ? No, but I might in 2023, when we do a TOUR covering my entire recording career. From the album you mention, probably one or two songs might make the setlist.

What’s the difference between the Kris Dane of that era and the man you are today ?

age & hopefully wisdom

You seem to be very solid and stable on your values, beliefs through Levitate. (though we live in a tumultuous world). Would you say you’ve found some kind of wisdom ?

I feel steadier now.

What kind of a young man were you before ? I find it difficult to imagine you through darker and wild periods…. 

I was many…. now I’m one.

Does what i’ve called your « wisdom » lie on everyday life practise, readings, or a certain discipline in what you do ? Your writing seems now so precise. Where lies creativity and where lies work and discipline in your art ? I live in the here and now, I work a lot combining music and horses, I’m a family man and I meditate.

There is a real feeling of liberty/freedom which comes from your music. As though you had found a kind of space to dream, thrive and dig on. Am I right ?

right you are.

Such a place/space is valuable nowadays. What would you qualify as a happy time ?

happiness is volatile and what time is concerned, mostly, whenever I lose track of time, it means I’m happy. More happy times? Being dead tired after a fruitful working day. Getting up at early dawn to go feed the horses or departing on a journey. Being loved & seeing my children do well.

As far as music is concerned, what do you expect from this new LP ? Reception, touring, whatever success means. It is quite difficult to put a LP out these days…

 Currently I love the live shows I’m playing. I love to see the beauty in the eyes of those lovely people.

Is your life totally turned towards music or do you fancy your other « activities » with horses and maybe, i dont know, children, horseriders from here and there ? My life is music and all music is vibration. Music is my blood and every breath I take. It’s there when I work with horses and it’s there when I’m in company of friends or family. It is gently integrated and galvanised with the things that surrounds me.

What can i wish you for next 6 or 10 months ?

wish me luck 🙏🏻

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