Les Cannibale ne sont jamais aussi bons que lorsqu’ils laissent s’exprimer leur petite touche de folie psychédélique. Leur dernier album en date Easy To Cook marquait, par rapport au précédent, une vraie progression par rapport à la prise d’assurance du groupe et à sa capacité à exprimer pleinement son potentiel psyché. Prévu pour une sortie dans le cadre du disquaire day, le Petit Orang-Outang marque une nouvelle étape dans la réalisation du projet déjanté et abracadabrantesque du groupe. Proposé dans une version clippée sur 15 minutes, le single est disponible dans des versions plus courtes ou encore plus longues sur le Bandcamp du groupe.
Petit Orang-Outang est un single plus audacieux que mélodique, un coup de génie débridé et branque à la fois, ambitieux et complètement énigmatique. Le clip est signé par Nicolas Camus lui-même et convoque la danseuse pré-historique Mélanie Giffard, dans une chorégraphie qui rappelle les outrances simiesques et les mouvements quasi maladroits et dingos des danseurs punk des années 70. Cannibale est trash, rétrofuturiste et psyché, débridé et sans aucune retenue. D’aucuns diront que Petit Orang-Outang est un projet plus exaltant que son résultat lui-même n’est réussi mais ce serait mal le juger. Entre récitation à plat, rythmiques tribales, chant frappé, musique répétitive et dream pop, les segments qui composent le titre, fragmenté, heurté et brut, sont remarquables et assemblés comme l’on crée les meilleurs monstres. Ce titre, comme ses auteurs, est Cannibale. Il dévore ce qui l’entoure et est justifié à lui seul par le travail de couture et de suture qui le compose. Le Petit Orang-Outang est affreux et sublime à la fois, impressionnant de démesure et d’audace. Dansant et planant, il est sans conteste, et à ce jour, le morceau n’importe quoi (what the fuck!) le plus brillant de l’année française.