L’album, Connect the Dots, a un an tout juste mais le clip de Little Things, l’un de ses titres phare, n’a lui que quelques jours. Un an, sans doute le temps qu’il faut pour venir de Grèce à dos de réfugiés (blague douteuse) ou créer la jonction entre la critique hexagonale et la mer Egée. Playground Theory, le groupe, est grec, d’Athènes précisément. La chanteuse s’appelle Marcy Moo et est entourée de quatre types entre deux âges, bruns avec des moustaches, des barbes, des colliers et d’autres trucs grecs à poil. Elle est blonde avec de faux airs de ne pas y toucher mais sa voix vient du froid, évoquant sur ce titre habité le spectre (vocal) d’une jeune Siouxsie ou encore les montées spirites d’une Zola Jesus domestiquée et écoutable. Entendre : c’est bien fichu dans le genre et pas encore plombé par les tics de chant et les outrances vocales qui défigurent souvent ce type de projets après deux ou trois albums. Ici, on sent l’entrain et la naïveté, la liberté de pousser les cordes vocales sans la recherche d’épate et d’effets démonstratifs.
Entre dream pop et rock psychédélique, entre gothique des premiers âges et pop accessible, ce Little Things est un joli morceau qui s’attarde sur les petits riens qui vont de la vie une… purge supportable. Les joies, les gestes simples du quotidien, l’amour. Les textes sont attentifs, précis et incarnés, souvent poétiques et oniriques. On ne dira pas que Connect The Dots, qu’on s’est finalement procuré, est l’album du siècle (la production présente quelques défauts), mais l’escapade est suffisamment exotique et l’environnement aimable pour qu’on s’offre ce voyage du côté d’Athènes. Playground Theory semble, d’après nos informations, en train d’enregistrer de nouveaux morceaux. On y prêtera attention le moment venu.