Kristin Hersh ressuscite les Throwing Muses sept ans après leur dernière apparition : c’était avec l’album Purgatory/Paradise. On avait pourtant trouvé quelques belles qualités dans sa précédente livraison solo, le Possible Dust Clouds de 2018, sorti lui aussi chez Fire Records. Mais la guitariste avait besoin de retrouver sa franchise favorite et a annoncé, pour le plus grand bonheur de tous, le retour des Throwing Muses avec un album baptisé Sun Racket, le dixième, prévu pour mai 2020.
La pochette angeline est magnifique et le premier extrait ne l’est pas moins qui nous rappelle instantanément combien ce groupe à son meilleur est un groupe précieux et doué. Dark Blue est exactement le genre de bons titres que Hersh maîtrise à la perfection de la première à la dernière note, que son mélange de poésie féminine et de tension électrique rend non seulement reconnaissable entre mille mais situe sur une ligne de crête où l’élégance et la vivacité d’intentions s’équilibrent avec grâce et subtilité.
On retrouve immédiatement ici l’intensité dans l’exécution, la voix un brin nasillarde, les attaques de guitares et la vibration des années 90, celles où Hersh et Tanya Donelly, ensemble où séparées, avec les Muses ou avec Belly pour l’autre, avaient contribué à façonner une alternative sonique aux Pixies, tandis que Kim Deal emportait le morceau commercial avec les Breeders. Ce sont ces années là qui reviennent avec Dark Blue, aussi passionnées et romantiques qu’elles sont brutales et agressives soniquement. « If I were a better dreamer, you’d be a dream come true« , chante Hersh sur ce morceau, comme s’il ne s’agissait que de ça : prolonger l’histoire d’un groupe devenu comme d’autres « un peu cultes » et de revenir à l’idée originelle. Remonter le temps comme on remonte un fil électrique, retrouver la première étincelle, la première flamme. Sur ce premier morceau, ça fonctionne et c’est ce qu’il faut retenir.