Cela passera sûrement inaperçu entre les JO et l’été pourri mais le retour aux affaires de Jackson Scott est peut-être l’événement musical indé de la saison. Son dernier album, Sunshine Redux, date de 2015 et le premier, considéré comme son meilleur, Melbourne, de 2013. Le jeune homme (probablement trentenaire désormais) est l’un des artistes les plus talentueux, et inattendus, apparus spontanément au début des années 2010, une sorte de mélange ultra abouti et peu académique de Pete Doherty (pour la manière de pousser des mélodies sublimes sans y faire attention), de Ty Segall (pour l’engagement et les cheveux), de Thom Yorke (la voix ambigue à laquelle il ajoute un jmenfoutisme total et des effets magiques) et de Sufjan Stevens du pauvre, à la production DIY grésillante mais imaginative.
Melbourne et Sunshine Redux sont deux petits monuments, très peu visités des critiques, mais auxquels on voue un attachement déraisonnable. Jackson Scott avait peu ou prou disparu de la circulation depuis une petite dizaine d’années, ne donnant des nouvelles qu’à travers son compte instagram et de temps à autre un single comme la cassette du groupe Calypso. Le Cherry Chromatic Indolence EP, sorti en 2019, avec ses 4 morceaux et ses huit minutes de musique passait pour ce que l’Américain avait mis en ligne de plus abouti en dix ans. La chaîne youtube de l’intéressé référence d’ailleurs un album entier… qui n’est pas de lui mais d’un homonyme, signe que le gaillard sait y faire (ironie) en matière de promotion.
Le retour du prodige intervient, en plein été, dans une quasi clandestinité médiatique que le jeune homme cultive depuis toujours. Le premier morceau Ribbons a été annoncé à travers une vidéo Instagram où on voit l’artiste se réjouir de cette sortie et évoquer un album très très proche, dont la sortie n’a pas été datée pour autant. Scott annonce la sortie d’un nouveau morceau chaque semaine sur août avant l’arrivée de l’album qui pourrait ainsi débouler avant septembre.
Ribbons est pour le coup une jolie offrande assez caractéristique de ce qu’on adore chez Jackson Scott : un morceau flottant, désinvolte, emballé en 1 minute et 50 secondes, chanté d’une voix désolée et qui rêve de se faire la malle, un morceau pur et adolescent, désabusé et romantique, une petite merveille sentimentale, entre punk acoustique, pop et surf rock échevelé. L’auteur, dans sa vidéo, parle d’une petite chanson d’amour qui n’a été inspirée par personne en particulier.
Avec ses 80 abonnés sur youtube, on a bien conscience que Jackson Scott ne va pas faire trembler le marché de la musique mais ce type est probablement l’un des plus authentiques génies lo-fi de l’Amérique actuelle. Qu’on se le dise. Et il est de retour.
Pour le plaisir, on peut s’offrir ces douze minutes en apesanteur venues du passé.
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