Maud Geffray, la harpe et Philip Glass

Maud Geffray Lavinia Meijer - Still LifeOn attendra d’avoir accès à l’ensemble du projet pour porter un jugement définitif mais il n’est pas certain que le projet mêlant Maud Geffray qu’on adore par ailleurs, la harpiste Lavinia Meijer et les compositions de Philip Glass (pourtant l’un de nos compositeurs minimalistes préférés) parvienne à nous fasciner autant sur disque que ne l’a sûrement fait la prestation des deux femmes avec les spectateurs présents en 2018 durant le festival Variations. C’est en effet en cette occasion (renouvelée ensuite) que la formule que l’on retrouve pour un premier extrait et un clip, Still Life Part 5, a pris corps. Maud Geffray et Lavinia Meijer ont livré une prestation envoûtante, magique, qu’on retrouve ici dans une version studio en huit pièces et huit extraits, dont la première est planante et onirique à souhait.

Le clip, très soigné, qui accompagne la musique est d’une beauté plastique et d’une esthétique assez formidables, tandis que la musique flotte et nimbe l’ensemble d’une couche d’irréalité renforcée par le caractère évanescent et fugace du chant. L’ensemble fait penser à une scène de Terrence Malick dont on retrouve la beauté formelle mais aussi l’attention portée au détail et à la présence humaine (et naturelle). Malgré cette séduction immédiate, on reprochera au morceau, dans son ensemble, de manquer un peu de chair. Tout concourt en effet à accentuer l’impression d’évasion et d’apesanteur. La délicatesse de la harpe s’ajoute à l’électronica fuyante et mélodique de Geffray et à l’abstraction de la voix, si bien qu’à force d’en ajouter et d’en ajouter dans l’évasion, l’oreille (la nôtre du moins) tend à s’évanouir et à sortir du morceau. Si l’on considère qu’il faut garder un pied sur terre pour avoir dignement la tête dans les étoiles, il manque un petit quelque chose de terrestre, de sentimental et de corporel à cette pièce pour convaincre pleinement. La musique de Philipp Glass parvient le plus souvent à garder un brin de simplicité enfantine et une présence carillonnante qui lui évitent de sombrer dans l’expérimental ou l’abstraction totale. C’est cet écueil que n’évite pas tout à fait la réunion de ces talents indéniables. On attend la suite pour juger si on s’est fait une fausse idée ou si cette succession d’images et de sons mélangés ne nous a pas (mal) tourné la tête.

Recevez chaque vendredi à 18h un résumé de tous les articles publiés dans la semaine.

En vous abonnant vous acceptez notre Politique de confidentialité.

More from Benjamin Berton
Richard Balls / A Furious Devotion : the Authorised Story of Shane MacGowan
[Omnibus Press]
On a déjà expliqué à de multiples reprises pourquoi on tenait Shane...
Lire la suite
Leave a comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *