Jours de Vertige : la beauté confinée de The Notwist

The Notwist - Lieko ShigaAvec leur nouvel album Vertigo Days, les Allemands de The Notwist ont fait d’une pierre deux coups : proposer l’un des disques les plus vertigineusement beaux et élégants de ce début d’année et vivifier de manière remarquable une « formule » qu’ils cultivent depuis près de trois décennies. Album-accomplissement, en grande partie enregistré pendant le confinement, Vertigo Days est un album plus pop que ce à quoi les Munichois nous avaient habitué, un album aux portes et fenêtres grandes ouvertes, à la fois plein d’espoir et d’inquiétude. Parfait pour l’époque dont il est d’une certaine façon le produit, mais probablement voué à la dépasser et à lui survivre, l’album dont on est tombés amoureux a été l’occasion de revenir sur le travail du groupe avec le chanteur et guitariste Markus Acher.

English version below.

En premier lieu, on vous souhaite une excellente année 2021. La situation reste étrange et notre première question porte sur cela justement : comment est-ce que vous faites face à la crise ? Est-ce que tout va bien là où vous vous trouvez ? 

Markus : Merci, je vous retourne vos vœux. Nous sommes à Munich où il y a en ce moment un confinement très strict à nouveau et ce jusqu’à la fin du mois de janvier… au moins.

Nous sommes ok et en bonne santé et nous sommes bien sûr très soucieux de respecter tout ce qui peut aider à stopper la propagation de ce virus. Mais nous sommes aussi tristes et désespérés car nous ne pouvons pas jouer ensemble, donner des concerts, partir en tournée. Pour nous, faire de la musique est notre raison de vivre et ce qui nous maintient pour ainsi dire en bonne santé. On s’en rend compte aujourd’hui et par-delà les difficultés financières que cela pose et qui sont importantes, je trouve que le plus compliqué est bien de ne plus pouvoir communiquer à travers notre musique.

L’Allemagne s’est plutôt bien tirée de la première vague mais les choses ont l’air plus compliquées maintenant. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Les politiques en Allemagne comme tous ceux qui appartiennent plutôt au camp conservateur veulent en premier lieu préserver l’économie. Ils ont pris les décisions qui étaient absolument nécessaires pour stopper l’extension de l’épidémie mais ont aussi offert des sommes monumentales aux grosses entreprises, aux compagnies aériennes, etc…. alors que pendant ce temps, l’industrie de la musique, les spectacles, les artistes, les restaurants, tout ça, étaient laissés de côté, loin loin derrière dans les préoccupations. Beaucoup de nos amis sont en train de lutter. C’est le cas d’une immense partie du circuit indépendant, artistes, boutiques, clubs, labels. Beaucoup de ces personnes ou de ces structures n’existeront plus lorsque la crise sera finie. C’est d’une certaine façon le prix de l’indépendance, mais une magnifique manifestation du système capitaliste. Oui, nous sommes heureux d’être en bonne forme et en sécurité, mais cette pandémie nous en a appris pas mal sur le monde dans lequel on vit, les choix politiques, partout sur la planète. On ne pourra dépasser cette crise qu’en travaillant tous ensemble, par-delà les frontières et en prenant des décisions en faveur de l’environnement et des gens, des décisions contre l’argent et le dogme de la croissance à tout prix. Pour l’heure, une chose est certaine : la crise rend plus riches les riches et plus pauvres les pauvres. C’est ce qui se passe.

Est-ce que 2020 a modifié énormément votre vie quotidienne ? Le disque devait être enregistré et presque prêt ? Qu’est-ce que vous avez fait pendant cette année ?

En fait, on voulait terminer l’album en 2020 mais nous n’avions pas vraiment une vision complète de la direction où aller, de ce qu’on voulait faire alors nous avons mené pas mal de projets intermédiaires entre deux. Après autant d’années ensemble, le plus dur est de trouver une nouvelle manière d’avancer dans notre musique pour ne pas faire toujours le même disque, encore et encore. Quand le corona est arrivé et qu’il y a eu ce confinement, tout s’est arrêté du jour au lendemain et on ne pouvait plus vraiment travailler sur tous ces autres projets. C’était impossible. S’occuper de nos propres enregistrements, les éditer, les mixer, les doubler nous a aidé à ne pas sombrer dans la déprime. On avait enregistré beaucoup de choses en improvisation avant, sans idée précise et nous avons commencé à tailler et à sélectionner tout ça pendant le confinement. Et puis quand l’idée s’est dessinée, quand une direction nous est apparue pour l’ensemble, nous avons aussi démarré la composition d’autres chansons qui ont fini par compléter l’album.

On ne va pas faire durer le suspense et retenir la chose plus longtemps : on a trouvé que cet album était une remarquable réussite. On en aurait bien fait notre album de l’année 2020 mais il est finalement arrivé en 2021, alors ça n’a pas été possible. Votre dernier disque remontait à 4 ou 5 ans. Comment vous avez initié celui-ci, dans quel état d’esprit ?

Merci beaucoup. Cela nous ravit évidemment d’entendre cela. L’album aurait pu sortir en 2020 car il a été fini bien avant, mais en raison de la crise du corona, la boîte qui presse les disques a allongé ses délais et nous avons dû attendre pour que les disques vinyles et CD arrivent jusqu’en 2021.

Entre deux albums, nous avons l’habitude de faire pas mal de choses. On tourne, on enregistre avec d’autres groupes, on compose des BO pour la télé ou le ciné, le théâtre aussi et des pièces pour la radio. On s’est aussi occupés de la programmation du festival Alien Disko à Munich, ces quatre dernières années. Ce sont des activités qui font aussi partie de Notwist et qui influencent nos travaux officiels. Notwist n’existerait pas sans tout ça.

Vous êtes un groupe qui a de la bouteille maintenant. Est-ce difficile de se renouveler, de trouver une direction valable ou au contraire, est-ce de plus en plus simple, au fil du temps ?

Non, c’est bien de plus en plus difficile, disque après disque, année après année. La répétition est à éviter à tout prix. Et nous ne voulons pas sortir un album parce que ce serait une obligation…. Paradoxalement le corona nous a aidé à voir pourquoi on faisait de la musique, en quoi c’était vraiment central dans nos vies. C’est pour ça que ce disque-ci est à la fois spécial et aussi très personnel pour nous.

On a le sentiment que ce disque ouvre une nouvelle ère pour le groupe : il y a eu une première période disons « punk », puis une phase « électronique » et maintenant avec Vertigo Days une sorte d’âge pop. Le disque est assez différent de vos précédents albums. Est-ce qu’il y a du vrai là-dedans ou est-ce une déformation journalistique ? On aime voir des révolutions et des changements partout…

Non, vous avez raison. Le disque est différent des précédents. Et particulièrement de Close to The Glass. Nous voulions que les chansons sonnent vraiment différemment et différentes. Comme si tout cela explosait en particules élémentaires. Comme si les chansons étaient jouées à chaque fois par un groupe différent. On voulait qu’il y ait des ruptures de ton et des oppositions de style. Il nous a fallu ensuite réemballer tout cela de manière cohérente, en faire un flux harmonieux tout en dégageant une continuité dans l’agencement des sons et des éléments, sans perdre de variété et de diversité.

Le travail avec Spirit Fest et Hochzeitskapelle (Note : groupes allemands dans lesquels les membres de The Notwist sont impliqués) nous a beaucoup servi aussi. Ce sont des groupes avec lesquels on enregistre la majorité de la musique ensemble, dans une même pièce, dans les conditions du live. Il n’y a pas ou peu de coupes, seulement quelques overdubs parfois. Et c’est ce qu’on a fait sur le nouvel album (comme sur Loose Ends, par exemple)…. Beaucoup de morceaux sont joués en mode spontané, tels qu’on les entend. En faisant cela, on avait l’impression de recréer les conditions de nos concerts où nous jouons les chansons de manière chaque fois différente et en improvisant sur quelques petites choses et détails.

Ce qui nous a frappé sur Vertigo days c’est la fluidité et la cohésion du disque. C’est à la fois très complexe et assez naturel comme si on avait à faire à un unique mouvement. Est-ce que la composition s’est étalée sur une longue période ?

On a enregistré les premières séquences en mode impro en 2015 mais la majeure partie du disque date de l’an dernier, et de la période de confinement dont on parlait. On a essayé de trouver et d’assembler des chansons et des parties qui collaient les unes aux autres pour tenter de faire quelque chose qui s’apparente à un DJ Mix. L’état un peu en dehors du réel, quasi onirique et surréaliste dans lequel nous nous trouvions pendant le confinement a eu un gros impact sur le disque. On était à la fois complètement déconnecté de notre quotidien habituel, de notre routine mais aussi préoccupé et concentré par des problèmes globaux et des enjeux très politiques.

Les images de la photographe japonais Lieko Shiga nous ont permis de rassembler nos idées. Nous lui avons demandé assez tôt dans le processus si on pouvait utiliser son travail. Cet album est en quelque sorte une bande son qui illustre ses photographies. Celles-ci expriment assez exactement l’état d’esprit qui était le nôtre et la manière dont on se sentait à ce moment précis.

Into Love/Stars est une composition assez fascinante et pas loin d’être parfaite. Délicate. Le chant est remarquable et les paroles pas mal non plus. Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus sur cette chanson. D’où elle vient ? L’idée ? Comment elle arrive à cet état-là ? Quel travail il y a derrière ?

On est parti de l’instrumental Stars, qui reposait lui-même sur des cordes électroniques et sur une mélodie que Cico (Cico Beck, batteur) avait amené en session. Et ensuite on a improvisé dessus jusqu’à son enregistrement. En l’écoutant, les cordes d’Into Love et, à la maison, j’ai pensé au chant et écrit les paroles. Cela parle du fait de comprendre que rien n’est vraiment sûr, que nous ne sommes en sécurité nulle part. Les choses que tu crois stables et immuables peuvent vaciller à tout moment. Je crois que chacun s’aperçoit de ça à un moment donné dans sa propre vie… mais qu’avec le corona, nous avons tous été confrontés à cette réalité d’une façon globale. C’est le monde entier qui s’est retrouvé comme retourné sur lui-même, et tout ça en l’espace d’un mois. Dès que tu réalises que tout peut arriver à tout moment, tu te dis que cela pourrait aussi tourner… pour le meilleur aussi bien et aussi vite. Que tu peux trouver l’amour, le bonheur au moment où tu ne l’attends pas.

On avait eu l’idée aussi d’enregistrer Into Love dans deux versions différentes, d’en faire un thème, un cycle. On adore les BO de films, quand un thème circule entre les pièces et est repris avec des arrangements différents, une instrumentation différente. On s’est dit : c’est étrange mais cela ne se fait pas sur les albums pop, car, rien n’empêcherait en fait qu’une chanson apparaisse sous différentes formes. Il est de fait parfois difficile de savoir laquelle choisir. Et puis c’était cohérent avec les paroles. Alors…

C’est une chanson assez longue (presque 6 minutes) et on a quand même l’impression que les différentes séquences s’assemblent avec beaucoup de grâce. Il doit y avoir des centaines d’heures de travail derrière chaque titre, non ?

Certaines chansons ont pris beaucoup de temps et d’autres moins. Celle-ci a effectivement été plutôt longue à faire car il y avait de nombreuses parties et cela a été assez difficile de finaliser leur assemblage. Mais le motif principal et l’arrangement ont été présents assez tôt dans le processus.

Sur l’ensemble du disque, il y a des parties qui vont et viennent et que l’on retrouve sur plusieurs chansons. Sur Stars, par exemple, on a utilisé les harmonies vocales de Saya, qui avaient été enregistrées pour Into Love Again et cela collait parfaitement. Exit Strategy To Myself qui suit Stars a été créée à partir de la même chanson, avec les mêmes changements de cordes mais nous l’avons simplement arrangée d’une autre manière pour en faire une autre chanson.

Vous êtes plutôt un groupe de techniciens, un groupe de studio. Cette fois, vous avez atteint tout de même un niveau de complexité et de sophistication dans l’approche et le traitement du son qui est impressionnant. On dirait du Brian Wilson. Sur Exit Strategy, on dirait du New Order avec les guitares et puis la voix….On croirait voler avec les oiseaux ! Mais on ne perd jamais tout à fait la spontanéité comme si vous aviez retrouvé une forme d’innocence dans l’approche.

On a pris le parti cette fois de conserver cette fraîcheur, de jouer sur cette spontanéité dans l’arrivée et la réception des idées. De garder ce qui relève de l’accident. Cela nous a permis de conserver un côté vivant. Le recours à de nombreux invités a aussi permis de bousculer les choses et d’amener des idées neuves, d’autres goûts, ce qui a abouti clairement à des choses, des structures de chanson qu’on aurait jamais pu imaginer ou composer autrement.

Le disque est justement riche aussi des contributions extérieures. C’était votre idée je suppose d’ouvrir les portes à de nouvelles voies ? Est-ce que cette volonté était présente dès le début ?

On a été curateurs sur le Alien Disko Festival et cela a été l’une des expériences les plus positives qu’on a vécues. On est de vrais fans de musique. Notre propre travail est bâti sur un exercice d’influences, sur ce que nous inspirent plein de grands groupes et d’artistes de toute la planète. Avec ce festival, on a eu la chance de pouvoir en inviter un certain nombre, de les rencontrer souvent pour la première fois. Avec certains, comme Saya et Ueno (du groupe Tenniscoats), avec leur fanfare Zayaendo, et aussi Ben LaMar Gay, on est devenus carrément amis.

Ce festival a été comme une parenthèse utopique de 2 jours où on a entrevu un monde alternatif, ouvert d’esprit, plus coloré et cela a été décisif pour nous. Particulièrement parce que l’Allemagne, comme une bonne partie du monde, est ultraconservatrice, a des pensées nationalistes qui ont refait surface et qui gagnent du terrain. On a pensé au regard de tout ça qu’il était temps de revendiquer ces influences et de les laisser s’exprimer sur notre album. Il nous a paru bien d’inviter ces grands artistes, ces personnes uniques pour nous et qu’on connaissait pour qu’ils nous rejoignent. Et cela a été un vrai réconfort pendant le confinement, de communiquer avec ces musiciens et ces amis qui étaient disséminés sur toute la planète, de faire voyager notre musique jusqu’à des endroits où nous ne pouvions plus nous rendre nous-mêmes.

Les collaborations amènent vraiment des ruptures de ton ici. On a l’impression qu’il y a parfois deux lignes de composition : les vôtres et celles qui accueillent des invités. Saya sonne comme de la world music. Angel Bat Dawid amène un côté vague et onirique avec sa clarinette. Vous aviez besoin de cela ?

Oui, c’était vraiment un moyen d’amener d’autres idées, d’autres sons, d’autres voix. On voulait aller aussi loin que possible du son que nous sommes supposés produire. Et c’est ainsi en s’éloignant de ce sur quoi on nous attendait qu’on s’est… trouvés à nouveau !

Est-ce que certaines influences ont compté plus que d’autres pendant l’écriture et la composition ?

Beaucoup… comme Broadcast ou Can mais aussi beaucoup beaucoup d’autres dont on a parlé et qui ont été décisives. J’insiste aussi sur l’atmosphère de ce confinement. Par exemple, je voulais regarder des films, beaucoup de films et en fait je me suis retrouvé à regarder en boucle Sans Soleil de Chris Marker. Cela collait tout à fait. Les réflexions sur la mémoire, sur la vie…. C’est pour cela que j’ai composé et appelé une chanson ainsi sur l’album…. Pour moi, je me trouvais comme quand j’étais ado et que j’assemblais une cassette, une mixtape, prendre plusieurs groupes, mélanger les genres et puis les lier avec un son chaud et le bruit de frottement de la cassette, qui suffisaient en fait à les tenir ensemble.

L’atmosphère globale est prophétique… Vertigo Days… jours de vertige, nous y sommes. On a l’impression à l’écoute du disque qu’un monde rêvé arrive. Un monde étrange, effrayant mais traversé de lumière. Il y a de l’espoir et de l’anxiété. Est-ce que c’est ce que vous ressentez aujourd’hui ? Un sentiment ambigu où on ressent la tentation de s’évader mais aussi l’obligation de vivre la vie qu’on nous propose au plus juste, avec ses bons et mauvais moments…

En fait, c’est une description parfaite. Je ne pourrais pas dire autre chose, ni faire mieux, merci !

Est-ce que le disque est optimiste ? Il a des allures quasi pastorales parfois.

Il n’est pas désespéré. Il y a de la lumière. Peut-être que c’est un poil pathétique de dire cela, mais même dans les pires moments, l’amour peut être une boue de sauvetage.

Le thème de la privation de lumière apparaît dans plusieurs chansons. Sans Soleil. Night’s too dark. Le noir vous fait peur ? Le retour aux âges sombres ?

Ce sont juste des images qui me sont venues à l’esprit pour décrire quelque chose. J’essaie d’écrire de manière quasi inconsciente, de laisser venir les choses. Parfois il me vient des idées, des visions pour lesquelles j’essaie de trouver les bons mots, mais il arrive aussi que je ne comprenne moi-même le texte qu’après coup. Pendant cette période, peut-être parce que je n’avais pas vraiment grand-chose d’autre à faire et parce que je passais la plupart du temps à la maison, j’ai été extrêmement conscient et attentif aux variations de lumière et au passage du rythme entre le jour et la nuit.

J’aime que le titre de l’album soit Vertigo Days mais les photos de Likeo Shiga ne montrent que la nuit… Le rapport des deux exprime un sorte d’ambivalence surréaliste qui me convient bien.

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour 2021 ?

On aimerait bien partir en tournée mais c’est très incertain. On est en train de programmer des concerts et de petites tournées et on verra bien. Si cela ne peut pas se faire, on sera évidemment amenés à reporter tout ça à plus tard.

De nombreux artistes ont profité du confinement pour composer comme vous mais aussi pour faire des choses en ligne. Cela n’a pas forcément été votre cas mais est-ce que vous avez aussi avancé sur des projets à venir ?

Nous avons fini l’album principalement et j’ai aussi bossé sur quelques sorties de notre label Alien Transistor/Morr Music comme la compilation Minna Miteru, la rétrospective des Andersens There is A Sound. Et aussi une rétro du groupe Yumbo. Ce sont tous des groupes indépendants japonais. Mais non, nous n’avons pas fait de streams. On a plutôt réfléchi à l’idée de jouer avec notre groupe acoustique Hochzeitskapelle. On a fait des concerts sur des toits, dans des jardins à Munich. Réfléchi à tout ça. Ce qui permet aux gens de nous regarder et de nous écouter depuis leur fenêtre ou leur balcon… tout en restant à distance. C’était vraiment chouette de faire ça et cela permettait de jouer vraiment, en public si on peut dire. On a privilégié ça aux performances en ligne.

Je connais moins cet aspect là de votre travail mais est-ce que vous composez aussi pour le cinéma, la télé ?

Oh oui, on a beaucoup travaillé dans ce registre. On a notamment travaillé avec le réalisateur Hans Christian Schmid pour les films Distant Lights, Storm, Was Bleibt et aussi sa série TV Das Verschwinden (= la Disparition). Et puis sur des tas de films avec notre ami le documentariste Jörg Adolph. Plein d’autres en fait. La BO la plus récente qu’on a faite était pour le film Roads de Sebastian Schipper et aussi One of These Days de Bastian Günther. L’une des BO dont je suis le plus fier est une musique pour la réalisatrice et actrice italienne Eleonora Danco qui s’appelle N-CAPACE. C’est un film vraiment unique en son genre et magnifique. Je ne peux pas le comparer à quoi que ce soit d’autre et j’ai eu une liberté absolue sur cette illustration.

Dernière question : qu’est-ce qu’il y a sur la platine de The Notwist en ce moment ?

Arthur Russell Iowa Dream

Don Cherry Om Shanti Om

Bless The Mad s.t. ( via staythecourserecords.bandcamp )

John Tchicai with strings

Crescent Electronic Sound Constructions

Le Volume Courbe Fourteen Years

Ippei Matsui + Aki Tsuyuko Natsu No Zenbu

Heather Trost Petrichor

Ennio Morricone Morricone Segreto


Vertigo Days: Lockdowned beauty makes Notwist’s vaccine the perfect potion

The Notwist - Lieko ShigaWith their new LP, Vertigo Days, Germand band The Notwist gave birth to one of early 2021 best records, a LP which is vertiginously beautiful and full of grace. But they also succeeded in vivifying a formula they are working at for something like three decades. Vertigo Days is a formidable band achievement, a zenithal cornerstone in a large and brilliant corpus of work. It also opens a new pop era for a band which has never been shy on soundvolution. Their music is all doors, windows and arms opened to what is to come. It sparkles with hope and shivers from anxiety as our particular time’s perfect offspring and some work which will probably overcome the trouble it is born from and survive the very moment we are going through. With Vertigo Days, we collectively fell in love with their art again. So it was the perfect moment to spend some lockdowned time with their singer and guitariste player, Markus Archer. 

First, we’d like to share with you our best wishes for year 2021. The situation is quite strange at the moment. So our first question is about how you are dealing with it ? Are you ok ? From where and how do you get through this crisis ?  

Markus: Thank you, and also a good year 2021 ! We are in Munich, where there is a strict  lockdown again at the moment until the end of the month… at least.

We are all okay and healthy, and of course we are very careful to help to stop the spread of the virus. But also we are desperate about not making music together, playing live-concerts and touring. For us making music is very essential for our overall health, this is something we now experience, and apart from it being a financially very difficult situation, even more it is hard to not be able to communicate through music anymore…

Germany did rather well during the first « leg » of this crisis. But things (as far as we know) are a bit more difficult now. How is the situation for you ?

The German politicians like most other conservative politicians want to save the economy first in this crisis. They made absolutely necessary decisions to stop the spread of Corona, but also they payed huge fundings to big companies, airlines etc… while the music-industry, live-events, artists, restaurants, etc were left behind… many of our friends have to struggle a lot and a huge part of the network of independent artists, shops, clubs and labels, we are also a part of, will not exist anymore after this crisis. Of course this is the price of being independent, but also of a very capitalist system. So we are all happy we are still healthy and safe, but this pandemic also revealed a lot about the state we are in, politically, everywhere in the world, and that we can only overcome this crisis by all working together globally, overcome the borders, and by making decisions for the environment and the people, and against money and economic growth at any price. At the moment it seems that this crisis mainly makes the rich richer and the poor are left behind.

Has last year changed your daily routine a lot ? I guess the LP was already recorded and mostly achieved ? What did you do during year 2020 ? Was the LP postponed or whatever because of the situation ? 

Actually we wanted to finish the album in 2020, but didn’t really have an idea or vision for it, so we did a lot of other projects in-between…after so many years, the hardest thing is to always find a new way into the music and to not make the same record over and over again. When Corona came and the lockdown, all of a sudden everything stopped and we couldn’t work on other things anymore, and editing and overdubbing our recordings helped us to not get depressed.We had recorded a lot of improvisations before, but we only started to select and edit during the lockdown. When we started to get an idea, what it could sound like, we also started to compose songs to complete the album.

We cant hold it longer : the LP is really an amazing achievement. We were all ready to give it the « this year best new LP » label but…. It is a 2021 LP so we couldnt. The last LP was 4 or 5 years ago. How did you get into this new project ? What were you intentions ? Why was it so long somehow ? 

Oh thank you ! That makes us very happy. Actually it could have been released in 2020 also, as it was finished much earlier, but because of corona the pressing-plants take much longer and we had to wait for the finished vinyls and CDs until this year.

Inbetween albums, we do a lot of other things, tour and record with other bands, make music for soundtracks or theater or radio-plays, and also curated the Alien Disko Festival in Munich for the last 4 years. Al of this is also part of the Notwist somehow and inspires and influences us a lot. Notwist would not be possible without it.

The Notwist is an old band now. Do you find it difficult to start new LPs, to find new directions or is it on the contrary easier has you’ve gone through it before ? 

It gets more and more difficult with every new record…. We don’t want to repeat ourselves and don’t want to make an album just because we have to… This time the corona-crisis helped us to see again why we started making music in the first place, and so this is a very special and personal record for us.

I’ve got the impression this LP opens a new era for the band : there was the initial punk first era, then the electronic one and now we got what we could call a pop orientation, though there were songs and pop before. Vertigo Days is very different from your last works. Is it a journalist fantasy (we always want to see change and revolutions where there is not) ? 

I think also that it different from the last ones. Especially with Close to the glass we wanted the songs to sound very diverse, as we if we exploded into different small particles…or like the songs were played by different bands. We wanted hard cuts and clashing styles. Now we tried to bring this all together again and find a flow and make it a continous mix of sounds and elements, sound wise, without losing the diversity.

But also the work with Spirit Fest and Hochzeitskapelle were a big influence. With these bands we record most of the music together live in one room, and don’t edit, only overdub somethings. We did this also on the new album ( like on Loose Ends for example )…a lot is played or improvised as you hear it. Doing this we also tried to recreate the Notwist-live-concerts, where we always play the songs a little different and improvise with the elements and sounds of each composition.

What strikes me on Vertigo Days is how fluid and cohesive a record it is. It is complex but very natural as if it was one long piece of sound. Diverse but very coherent. Was it composed on a long period of time ? 

We started to record improvisations in 2015 already, but most of the album was done last year during the lockdown. We tried to find songs and parts that fit together and had the idea of making a sort of DJ Mix with them. But also the dream-like, surrealistic mood, we were in because of the lockdown had a big impact on everything. We were on one hand very disconnected with the everyday-life, on the other hand very much occupied by politics and global problems.

Also the images of the Japanese photographer Lieko Shiga brought everything together in our minds. We asked her quite early when we started working on the album, and so the this album is like a soundtrack to her pictures. They very much expressed, how we felt in these days.

Into Love/Stars is a fascinating composition. It is close to perfection for us. Delicate. Wonderful vocals and lyrics. How do you come with such a song ? Where does it come from ? How do you work these days ? Demos, sketches, ideas ? Do you work your sound and songs at home ? In studio ? Who comes with the vocals ? Can you tell us about this ? 

We had the instrumental „stars“, which started with electronic chords and melodies, that Cico brought into the sessions, and we all improvised along and recorded it. When we listened to it, I found the chords for Into Love and at home I thought of the vocals and the lyrics. The words are about learning that nothing is safe. That things you think are absolutely fixed can change from one moment to the other. Something that everybody personally discovers at least once in their lives…but with corona, this all of a sudden became a global issue, and the whole world was upside down within one month. But as soon as you know that everything can happen anytime, you realize, that it can also turn to the good, and you find love and happiness when you don’t expect it at all.

We also had the idea of recording Into Love in two different versions, like a theme or a cycle. We like soundtrack-albums very much, where you have one theme, that is played in different arrangements and instrumentations, and we thought, it is strange, that you don’t do this on ‚pop‘-albums, too, because some songs sometimes can be played in different versions, and it is hard to decide, which one is the one. But also it fits to the words.

It is quite a long song (almost 6 minutes) and we have the impression the different parts come together with a kind of supernatural grace though… there are different parts. I imagine there must be a hundred hours of work on each track here. Is that the case ?

Some songs took longer and some were finished quite soon. This one took longer, because it has many different-sounding parts, and it was more difficult to get them together. But actually the main sound and arrangement was there quite from the beginning.

On the whole record, there are parts that come and go and repeat in different songs… in ‚stars‘ for example, we used Saya’s harmony-vocals, she originally recorded for Into Love Again and they fit perfectly. And the song Exit strategy to myself that follows stars is made from the same song with the same chord-changes, and we arranged it into a new song.

You are what i call a technical band or a studio band. But this time i think you’ve reached a point into sophistication and complexity i hadnt imagine possible. So many tracks. It sounds like a Brian Wilson indie symphony. Exit Strategy is another example. We got those New Orderesque guitars coming, the vocals : waoh. It is like flying with the birds…. The thing is it is never deprived of spontaneity, as if you had kept a form of innocence in composing. Full pleasure. Is it satisfying to make such a song ? To find the right balance between parts ? 

This time, we tried to play as much as possible and keep spontaneous ideas or ‚accidents‘. I think that makes everything more lively. And because we used a lot of improvisations and our guests with their ideas and taste joined us, we ended up with structures, we couldn’t have composed or thought of.

The LP is rich with contributions. Was this idea to open yourself to new voices part of the initial plan or did it come as you were going ? 

The Alien-Disko-Festival, we had curated was one of the most positive experiences, we had with music ever. We are mainly fans, and our own music is built on the influences we get from many great bands and artists from around the world. With this festival, we had the chance to invite many of them and meet them personally also. With some of them like especially Saya and Ueno ( Tenniscoats ), and their brass-band Zayaendo, and also with Ben LaMar Gay, we became friends and had played together before.

Somehow this festival was the 2-day-utopia of a better, more colorful and open-minded, alternative world, something that was very important to us, as in Germany, as in the rest of the world, ultraconservative and nationalistic thoughts started to take over.

So we thought it would be the time now, that we show our current influences on our new album and invite some of the greatest and most unique  artists we know at the moment to join us. And it was also so good in times of lockdown, as we still could communicate with musicians and friends from around the world, and our music could travel to places where we couldn’t go anymore.

The collabs are very disruptive here. They bring a real change into compositions as if there were really two kinds of songs : yours and then the ones you gave to vocal guests. Says brings a kind of world music mood, and for example, Angel Bat Dawid brings something dreamy and elusive with his clarinet. Do you use this to bring fresh air into your trio ? 

Yes, it was definitely to bring other ideas and sounds and voices into our music. We wanted to go away as far as possible from what we are supposed to sound like, and by doing this, we actually found ourselves again 🙂

What were your influences during writing and composing the LP ? Did you have a sound or a « secret plan » you want to fulfill ? Do you generally begin a LP with a « general idea », a kind of intellectual design, or does the sound come… with the music…. ?

There are always musical influences…like Broadcast or Can or many many others, we talked about and which were very important for us to find a sound we like. Also the whole atmosphere around us in these days were important. Throughout the lockdown I wanted to watch many movies, but I ended up in watching Chris Marker’s film Sans Soleil again and again…somehow it fit perfectly…the thoughts about memory and life… so I called one song I composed like this. The sound came with the songs…but also had to do with our whole idea of the album…I sometimes imagined it like the cassette-mix-tapes, I had when I  was a teenager, where there were different bands and styles mixed together, but the warm and a bit fuzzy sound of the tape brought everything together.

The general mood of the LP is kind of prophetic. Vertigo Days… i mean that’s where we are. Listening to the LP brings a feeling of a dream world coming, strangeness, sometimes a bit frightening but with light in it. There is hope and anxiety. Does it describe what you feel at the moment ? An ambiguous feeling to real life ? We both feel the temptation to escape and the will to live life as it is, with its good and wrong sides… 

This is a very good description!  I couldn’t say it better, thank you 🙂

Would you describe the LP as optimistic ? Or even light ? It has a real pastoral tone sometime (Sans soleil is wonderful) ? 

It is not a desperate album…there is light. It maybe may sound pathetic, but even in the most difficult times, love can help you to get along.

The theme of « deprivation of light » is conveyed through a few songs. Sans Soleil. Night’s too dark. Are you afraid of the dark ? Of coming back to dark ages ?

These are just pictures I have in my head to describe something… I actually try to write as subconscious as possible. Sometimes I have something I try to find words for, but also sometimes, I understand the lyrics only afterwords. In these days, maybe because there was nothing to do and we spent so much time at home, I was very conscious of light and the day and night-rhythm.

I like especially, that the title of the album is „Vertigo Days“, but the photographs of Likeo Shiga only show the night…this expresses this surrealistic feeling quite well.

What can we wish for year 2021 ? The LP is soon out. Have you got dreams of touring ? Playing live ? Have you got plans already ? 

We would love to tour, but nothing is safe. So we plan concerts and small tours and we will see…if it can’t happen we will postpone it again.

Most artists have used the different lockdown periods to compose a lot, or to do things on line. You were not that type. Did you already start to compose for later projects ? 

Oh we actually finished this album in the lockdown, and I worked for releases on our label Alien Transistor / Morr Music, like the Minna Miteru -compilation, the Andersens-retrospective „ There is a sound“, and another retrospective by the band Yumbo…all japanese Indepent-bands. But we didn’t stream a lot, that’s true. Instead we thought of ways to play with our acoustic band Hochzeitskapelle, and started to make a lot of concerts on roofs and back-yards in munich, where people could watch from their windows or balconies…with still keeping the distance. That was really good for us and also for the people…to have some live-music back in our lives.

I’ve always thought you would do great with composing instrumental for films or TV series. Have you never been approached for such projects ? 

We actually composed a lot of music for soundtracks. We worked with the director Hans Christian Schmid for the movies Distant Lights, Storm, Was bleibt and his TV-series Das Verschwinden, and also we worked on many movies with our friend, the documentary-director Jörg Adolph, and also many other movies and documentaries . The most recent soundtracks we did, were for the movie Roads by Sebastian Schipper and One Of These Days by Bastian Günther. A movie, I am very happy with, I made music for, is N-CAPACE by the Italian actor and director Eleonora Danco. It is a beautiful and unique movie, I can’t compare with anything else, and I had a lot of freedom to realize what I wanted to do.

Last question : what kind of music do you listen to these days ? 5 or 10 item playlist of the week at Notwist’s den ? 

Arthur Russell Iowa Dream

Don Cherry Om Shanti Om

https://www.youtube.com/watch?v=T5Yx0cDsMVE

Bless The Mad s.t. ( via staythecourserecords.bandcamp )

Sayas New Home (via minnakikeru.com)

 

John Tchicai with strings

Crescent Electronic Sound Constructions

Le Volume Courbe Fourteen Years

Ippei Matsui + Aki Tsuyuko Natsu No Zenbu

Heather Trost Petrichor

Ennio Morricone Morricone Segreto

Photos par Lieko Shiga

Tracklist
01. Al Norte
02. Into Love / Stars
03. Exit Strategy To Myself
04. Where You Find Me
05. Ship feat. Saya
06. Loose Ends
07. Into The Ice Age feat. Angel Bat Dawid
08. Oh Sweet Fire feat. Ben LaMar Gay
09. Ghost
10. Sans Soleil
11. Night‘s Too Dark
12. *stars*
13. Al Sur feat. Juana Molina
14. Into Love Again feat. Zayaendo
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