Mexrrissey : Morrissey, roi du Mexique

Mexrrissey Mexico Goes MorrisseyOn s’est d’abord dit quelle horreur…. avant de s’habituer un peu, mais pas tout à fait au point de préférer la copie à l’original, voire même de vous recommander l’achat de l’album (même si, en tant que complétiste, il est à peu près certain qu’on essaiera de le dénicher un jour ou l’autre). Chacun sait que Morrissey est une star au Mexique comme Alain Delon une star au Japon : un vrai phénomène, avec des chicanos (garçons et filles) qui recueillent sa sueur dans des petits vases en forme de coeur pour inonder leur oreiller avant de faire l’amour ou de se marier avec leur cousine par alliance. Au Mexique, mais aussi au Paraguay, en Colombie, au Chili, en Argentine, les jeunes filles apprennent l’anglais au son de The Queen Is Dead et arborent des tee-shirts à l’effigie d’Hector, le premier du gang à mourir, tandis que de jeunes garçons touffus se tatouent des hirondelles au creux de la main, des boxeurs et des Billy Budd sur le bas du dos, ou se font des houpettes dans les cours de lycée.

Cette histoire de Morrissey devenue une icône parmi les jeunes Américains Latinos puis en Amérique Latine elle-même sonnait d’abord comme un gag (ils n’étaient pas si nombreux) avant qu’on puisse voir en ligne, lors des concerts et à la taille des salles dans lesquelles il se produit là-bas, que ce n’était pas du tout une blague. Les Mexicains en particulier ont craqué complètement pour l’imagerie d’outsider du Moz, si anglais mais rejeté de partout, si combatif et accablé par la vie, si sexy mais sans amour ni sexualité. Des types ont désormais écrit des articles et des (enfin une au moins) thèses sur l’attrait provoqué par Morrissey chez les hétéros (et les gays) au sang chaud. Il y a eu un film et un roman exceptionnel (qui ne parlait pas spécialement des Mexicains, ok, mais du jeune Raymond March, le plus grand fan de Morrissey du monde).

Et puis est venu Mexrrissey qui est un tribute band projet (ce n’est pas un groupe permanent) coordonné par trois locos motivés du Moz (Sergio Mendoza, Camilo Lara et Aden Jodorowksi). Les trois grâces ont entrepris d’enregistrer un album de reprises altérées et traduites en espagnol de chansons du Moz, sans s’interdire de les modifier un peu (les textes donc) pour en faire ressortir l’esprit, la causticité ou le charme. Les interprètes varient et des groupes qu’on ne connaît pas sont de la partie pour rendre hommage au grand homme. D’où ce curieux The International Playgirl qui, pour tout fan qui se respecte, représente tout de même une forme de trahison impardonnable, quand bien même on ne parle pas un traître mot d’espagnol. L’album No Manchester – Morrissey Goes Mexico, sortira le 4 mars 2016 et sera accompagné par une tournée ou du moins un premier concert à Londres en avril. Au menu, 7 titres studios complétés par 5 titres saisis sur scène avec au programme les standards du Morrissey solo comme Suedehead, EveryDay Is Like Sunday, First of The Gang To Die et bien sûr Mexico. La pochette est chouette, les arrangements sont tout sauf cheap et l’ensemble devrait avoir tout de même une sacrée allure, voire virer au cultissime si on s’intéresse à Morrissey.

On ne sait pas trop si cette initiative sera de nature à aider l’ancien The Smiths dans sa recherche d’une nouvelle maison de disques. Depuis quelques mois, les débats font rage sur Morrissey solo pour savoir si Morrissey a une chance ou pas de revenir avec un nouvel album prochainement. Ayant plus ou moins promis de se retirer de la scène (avant d’annoncer de nouvelles dates!), Morrissey aurait plusieurs albums qu’il serait prêt à lancer dans la mêlée si un label inconscient lui faisait une offre à la hauteur de ses ambitions. Malgré l’insistance des fans, on n’est pas prêts de voir (ne jamais dire jamais) Morrissey se lancer dans le financement participatif (un mode de contribution qui lui assurerait une fortune sous quelques heures) ou autoproduire son prochain album. Me Choca Cuando mis Amigos Triunfan….

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