Il est peu de dire que le premier album de The Day, Midnight Parade (2019 – Sinnbus), avait su distiller une émotion à fleur de peau qui abolissait la distance entre le duo et l’auditeur avec pudeur et grâce. On recommandera ainsi encore, avec la ferveur de celui qui reste sous le charme, l’instantané pop délicat We Killed Our Hearts aux fans de The Beloved dans leur prime mouture ou du trio américain Ivy qui avait trouvé le juste équilibre entre vélocité et apesanteur, tout comme à ceux qui trouvaient refuge au creux des mélodies de L’Altra (voir la session live d’Island publié au printemps 2021).
Aussi, c’est en prenant un peu de temps, celui nécessaire pour être sûr de ne pas galvauder le plaisir solitaire de la première écoute, qu’on se penche enfin sur Empty, nouveau single préfigurant un album qui ne paraitra pas avant 2022.
Bien évidemment, le confinement a affecté la bedroom pop des deux protagonistes, l’un basé à Anvers, l’autre à Hambourg, non pas en s’effondrant dans un vertigineux trouble existentiel. Tout au contraire, on entend ici la joie de Laura Loeters et Gregor Sonnenberg de pouvoir jouer de la musique ensemble. La chanson s’ouvre sur un tempo enlevé, qui fait preuve d’un double « kick » aussi ravageur qu’un coup de rein de Julian Alaphilippe dans le Mur de Huy. Et qui est capable d’une telle amplitude vocale sans céder une once à l’emphase ? Qui peut monter si haut et si rapidement avec cette élégance ? Cette vitalité contraste avec le propos baigné par la désillusion et l’épuisement lié à cette période si singulière. C’est là aussi tout le talent du groupe que de faire dodeliner de la tête pour réprimer une larme.
Crédit photo : The Day par Nanne Spielmann