On n’ira pas jusqu’à qualifier l’Italie de « Terra Incognita ès Pop », mais il faut bien avouer qu’il n’est pas fréquent de s’enticher d’un groupe transalpin. A part Sabrina dont le clip au milieu des 80’s procura des émotions humides à plus d’un adolescent et Richard Cocciante qui infesta les ondes de la FM, on peut compter sur les doigts de la main les groupes italiens ayant suscité l’excitation ces dernières années – et encore, dans une relative confidentialité : Port-Royal, Giardini Di Miro, Porcelain Raft, La Batteria… et puis qui d’autres ? Pourtant, la scène italienne n’est pas moribonde, peut-être est-elle seulement mal connue par ici. C’est ce que laisse supposer la découverte de Pashmak à l’occasion d’un premier EP autoproduit.
En tout juste quatre morceaux, le groupe, emmené par un chanteur d’origine iranienne accompagné par un trio de redoutables porte-flingues siciliens, brasse les influences et les styles : une rythmique post-rock un moment, des cliquetis électronica par ailleurs, des embardées noisy-pop, des fulgurances math-rock et des instants en suspension. Chaque chanson suit un parcours incroyablement sinueux. Kamikaze peut ainsi passer de violons appuyant un chant a capella à une ferveur afro-pop tribale qui rappelle Petite Noir. Le contraste est génial et fascinant. Pashmak aurait pu signer sur Anticon sur la foi d’Indigo dont le groove et le chant évoquent Why? et cLOUDDEAD. Et on nous aurait dit que ces quatre gars venaient de Manchester qu’on les aurait cru tant 3.35 ou Collisions tracent des sillons parallèles à Working For A Nuclear Free City et The Longcuts (entendre par là que ces compositions avancent fière d’elles, sur un mid-tempo et avec un chant plein de morgue).
Les Britanniques peuvent bien quitter le navire, l’Europe reste un réservoir de richesses.