PJ Harvey / Dry Demos
[Island Records]

9 Note de l'auteur
9

PJ Harvey - Dry DemosInutile de revenir sur l’onde sismique provoquée en 92 par le premier album de PJ Harvey. L’histoire, dorénavant inscrite dans les annales du rock, procure toujours autant de fascination ; et le disque, malgré les nombreux sommets ensuite atteints par la P.J., reste une forme de chef-d’œuvre cathartique, de crachats punk-grunge au féminin (proche et loin de Horses, que tout le monde à l’époque comparait à Dry).

En 92, Polly Jean, via notamment ses interviews sur un mode panthère noire, donnait l’impression d’une sauvageonne du Dorset dont les mentors Head et Rob Ellis auraient permis l’éclosion. On sait depuis longtemps maintenant que cette sorcière des mots était aussi une exploratrice sonore, une musicienne d’autant plus virtuose que précoce, et que la production de Dry travaillait surtout sur les crescendos, les irruptions volcaniques, la tempête derrière les susurrements. Ce que vient confirmer la réédition des démos du disque. Tout est déjà là ou presque : sans l’écrin grunge de la production (qui donnait effectivement à Dry, outre un aspect assez 90’s, cette sensation de montagnes russes), les chansons de P.J. Harvey ressemblent à de la folk matinée de légères touches bluesy. Moins Patti Smith que Bob Dylan. L’électricité gronde déjà en sourdine (sur Dress et Plants and Rags) et permet de mesurer l’apport de Rob Ellis au rendu final : accentuer une violence que la musicienne maîtrisait, probablement souhaitait, mais qu’elle ne pouvait alors que suggérer sur son 4 pistes. Guère un hasard si Polly Jean fut elle-même créditée à la production de l’album : chaque démo dévoile de grandes chansons que la musicienne gratifie d’intentions en jachère (les violons abruptes, la violence de certaines parties rythmiques, une basse hypothétique qui ajouterait à la tension voulue).

Des démos de songwriter, d’un songwriter supérieur. Car sans le déferlement sonique ni le chant littéralement possédé du rendu, on découvre une P.J. Harvey assagie dans le maniement de folksongs aux paroles vipères. C’est l’un des plaisirs de cette réédition tout sauf anodine : entendre une Polly Jean en paix avec les mots de son enfance, comme si les textes de Sheela-Na-Gig et Oh My Lover ne détenaient rien de subversif – avant que la production n’y rajoute l’urgence, la nécessité, l’expiation de l’interdit.

Tracklist
01. Oh My Lover (Demo)
02. O Stella (Demo)
03. Dress (Demo)
04. Victory (Demo)
05. Happy and Bleeding (Demo)
06. Sheela-Na-Gig (Demo)
07. Hair (Demo)
08. Joe (Demo)
09. Plants and Rags (Demo)
10. Fountain (Demo)
11. Water (Demo)
Écouter PJ Harvey - Dry Demos

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