Les nouvelles de Daniel Treacy, le chanteur des Television Personalities, ne sont pas très bonnes. Cela fait maintenant huit ans que le chanteur londonien a été victime d’une chute ou d’une agression qui a causé puis accéléré une dégradation de son état de santé : problèmes cardiaques, perte de la vue, mobilité inexistante, capacités cérébrales diminuées. Ce pionnier du mod et héritier de Syd Barrett, flamboyant au début des années 80, vit aujourd’hui dans un établissement spécialisé sans grand espoir d’amélioration.
Cela n’empêche pas, progressivement, la redécouverte de son œuvre magnifique, sous l’impulsion de Fire Records qui en a racheté les droits et profite de ce privilège pour rééditer pas à pas tout ce que Treacy a laissé derrière lui. Alors que le Record Store Day est célébré en Angleterre le 13 avril (Disquaire Day en France le même jour), le label en a profité pour faire une annonce surprise : la sortie d’un double double vinyle (c’est-à-dire un ensemble de 2 x 2 LPs, vendus séparément) constituant un rassemblement ambitieux de l’ensemble des singles sortis par le groupe entre 1978 et 1994. Les disques sont organisés en deux séquences chronologiques, 1978-1989 et 1990-1994, ce qui ne doit pas amener les amateurs à se concentrer sur le premier ensemble. Si les deux premiers LPs reprennent en effet les chansons les plus connues du groupe, telles que Part Time Punks, Where’s Bill Grundy, I Know Where Syd Barrett Lives ou encore Salvador Dali’s Garden Party, les deux suivants regorgent de pépites beaucoup moins connues car sorties, pour la plupart, sur des labels obscurs et en dehors des albums du groupe. Some kind of Trip (le nom du second ensemble) démarre avec Strangely Beautiful, une chanson remarquable et n’est pas loin de se terminer par un autre joyau : le méconnu She Loves It When He Sings Like Elvis, dans lequel Treacy parle de ses parents. Ce second ensemble collecte du reste des enregistrements disséminés sur une période difficile pour le chanteur et vendus presque à la volée pour financer son addiction. On y trouve, malgré tout cela, des titres incroyables qui vont de Favourite Films à l’écolo The Day The Dolphins Leave qui ne feront que renforcer l’idée selon laquelle le travail des Television Personalities n’a pas encore bénéficié de toute la reconnaissance dont il mérite.
Il y a bien entendu des tas d’autres choses intéressantes dans ce Record Store Day, des tas de bonnes occasions de dépenser de l’argent, comme toujours aussi des rééditions idiotes ou des trucs un peu gadget. Ces deux sorties ne sont pas les spectaculaires mais sont traitées avec un tel soin qu’elles méritaient d’être mises en avant.