A période particulière, dispositif particulier. Chaque jour, on pioche un disque au hasard dans notre discothèque et on en parle très rapidement de mémoire pour en dire du bien ou du mal, ce qu’il représente pour nous ou pas… si on s’en souvient….
Allez, hop, fermons les yeux et piochons au hasard dans notre discothèque, ni trop en haut ni trop en bas, ni vraiment à gauche ni vraiment à droite… Et c’est Is This Desire ? qui apparaît. Pas réécouté depuis longtemps. Mais j’en garde un souvenir fort (comme de tous les disques de Polly Jean). À l’époque, j’étais encore étudiant, et j’avais acheté l’album le jour de sa sortie. Il faut dire que PJ, après trois disques (quatre en comptant 4-Track Demos), s’imposait déjà comme la plus belle révélation des dernières années. Une artiste caméléon, également : entre les coups de sang du séminal Dry (« Pauline a la rage », écrivait Jean-Daniel Beauvallet) et la violence rentrée du non moins important To Bring You My Love, la PJ n’en faisait qu’à sa tête. Imprévisible, magnifique, forcément magnifique.
Je me souviens qu’à cette époque, en 98, le meilleur de la musique provenait de l’électro. Le rock’n’roll ne survivait que via le Jon Spencer Blues Explosion et les « maudits » Jonathan Fire*Eater. Pour le reste, ma platine se goinfrait de drum’n’bass, de jungle ou de trip-hop. Et quand Massive Attack sortit le monstrueux Mezzanine, j’eus même la sensation (très naïve) que l’avant-gardisme électronique allait perdurer jusqu’à la fin des temps…
Bref, je n’étais guère surpris de voir PJ Harvey, sur quelques titres de Is This Desire ?, se frotter aux sonorités électro. Mais à sa façon ô combien personnelle : en bidouillant les machines, en cherchant le primitif, la danse de la sorcière. Aujourd’hui, en relisant les titres du disque, ce ne sont pas les morceaux que je retiens. L’inquiétante Angelene, en ouverture, résonne encore en moi, de même que le superbe The Garden, je connais toujours par cœur le single A Perfect Day Elise (acheté avant l’album), et les premiers mots de Catherine ne me quitteront certainement jamais (« Catherine De Barra you’ve murdered my thinking »)…
En mars 2020, le hasard de cette Roulette Memory me rappelle que Polly Jean est toujours l’une des mes artistes favorites au monde, car elle ne m’a jamais déçu.
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