C’est chose faite sous la plume alerte, précise et référencée d’un duo d’auteurs passionnés Sébastien Bismuth (sans doute le fils caché de Nicolas Sarkozy) et Nicolas Foucault. En une centaine de pages, ils proposent selon l’approche locale une analyse du contexte puis titre à titre du sommet de la discographie smithienne, passant au crible la pochette, le livret, les textes de Morrissey, les accords de guitare de Johnny Marr, l’importance de la section rythmique, du producteur et on en passe. Le résultat est tout simplement excellent, intelligent, complet, très documenté et construit avec beaucoup de clarté et d’aération (une constante dans cette collection), ce qui permet au néophyte d’avoir un aperçu, proche de l’exhaustivité tout de même, extrêmement lisible sur cet album légendaire. Pour ceux qui connaissent déjà, le duo d’auteurs dresse un inventaire solide et vraiment fouillé d’à peu près toutes les anecdotes disponibles autour du disque. L’équilibre entre l’analyse des textes et des musiques (qui fait parfois débat sur ces livres) est ici tout à fait intéressant, l’un des deux auteurs ayant visiblement aussi de bonnes connaissances musicales. On adore quand on disserte (sans se montrer trop savant) sur les grilles d’accord et les résonances d’influence entre tel morceau et tel autre. Toutes ces qualités font que le livre est hautement fréquentable et constitue une lecture instructive sur le groupe et son travail.
L’approche des deux auteurs, et c’est le seul bémol qu’on amènera ici, pâtit toutefois de sa technicité et de sa méticulosité, laquelle tend à gommer l’énergie et le mouvement d’ensemble du disque mais aussi le romantisme fondamental et l’énergie primitive contrariée de la geste smithienne. La portée révolutionnaire et politique du disque est évidemment évoquée mais on aurait aimé que les deux auteurs s’engagent plus personnellement pour décrire son impact émotionnel et renvoient à ses conditions de réception caractéristiques du groupe, à savoir introduire plus nettement la figure de l’adolescent désolé, frustré et plein d’espérance, combatif et lettré, dépressif et belliqueux qui en perçoit le message dans sa chambre d’ado. A cette réserve près (l’émotion) qui fait peut-être la différence entre les grands livres rock et les autres, The Queen Is Dead est un excellent livre qui peut plaire aussi aux blasés qui (comme nous, malheureusement) et comme le disait Mallarmé, hélas, ont lu tous les livres.
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>ses conditions de réception caractéristiques du groupe, à savoir introduire plus nettement la figure de l’adolescent désolé, frustré et plein d’espérance, combatif et lettré, dépressif et belliqueux qui en perçoit le message dans sa chambre d’ado.
Le syndrome du bouquin Simon Reynolds sur le glam en somme? Un bouquin super fait par un type qui a vécu le phénomène. Mais qui parle du brouillage des repères sexués de Bowie et Bolan à la manière d’un sociologue du féminisme, pas avec les yeux d’un ado qui ne reconnaissait pas en 1972 dans la virilité dur à cuire et se prenait en pleine poire Bowie à Top of the Pops.
Tout à fait ça oui. Disons que c’est tout sauf un livre sentimental. Mais la description est bonne, documentée, et tout et tout. Toujours difficile de trouver le bon dosage : les livres de fans sont mauvais mais réaliser un livre trop technique sur ce type de sujets est aussi quelque peu « sec » et décevant ou frustrant. Mais que cela n’empêche personne de l’acheter. C’est quand même bien fichu.