Destination prisée du moment des producteurs de sons de hip hop instrumental : l’espace. Le parisien Shitao ne déroge pas à cette ode avec son nouvel album Mono.
Du mystère bien épais et de la douceur qui se voile sont notés sur la liste composée sur ce nouveau long format par le beatmaker. L’ensemble renvoie une nouvelle fois à des images qui défilent à vitesse constante (24 images par seconde disons). Pour preuve, se replonger dans ces précédents essais (Sunless, Aleph…) n’est pas inutile pour comprendre que la constante du travail de Shitao c’est l’orchestration d’un récit musical aux airs cinématographiques. Cette fois-ci, il nous transporte dans un récit débordant de chimères et d’humanité spatiales.
L’artwork de Patrick Horvath laisse à penser à un naïf Gordo Stevens découvrant le sol lunaire. Bien moins de tourments viennent cependant secouer l’expédition mené par Shitao. Celle-ci est une somme de pérégrinations qui coulent avec délicatesse entre nos deux oreilles. Par moment froid et grave, Mono n’en oublie pas de se réchauffer par l’interstice de l’astre solaire (Dandelion Flowers) et de s’apaiser par le biais de la brise cosmique (Gentle Wind). Quand on arrive au-dessus de la forêt rouge (Above The Red Forrest), la Progeria Solaire orchestrée par les Gravité Zéro (James Delleck + Le Jouage) se rapproche inexorablement du cosmos présenté par Shitao.
Mono répond avec brio à la volonté d’être à l’affiche. Ce film d’auteur sonore abstract hip hop est une somme de rêve et d’espoir intégrée dans une chronique de vie lointaine. On croisera les doigts qu’il fasse l’objet comme deux de ces prédécesseurs d’une édition physique (en l’occurrence au format cassette via le label américain DIY Icy Palms Records) très bientôt.
Très solide petit album lunaire lo-fi hip hop. J’y pensais en rédigeant la critique du dernier album de Baboust à l’époque.
C’est moi ou on entend du Popol Vuh à un moment à la fin de la 1ère piste? J’ai l’impression d’entendre un de leur morceau de la B.O. d’Aguirre, La Colère de Dieu. Album très agréable en tout cas. Je l’ai préféré au dernier Aries Death Cult d’ailleurs.