Qu’elle est loin l’époque des battles transpirants des Scribble Jam (festival hip-hop à Cincinnati fin 90’s début 2000’s) où Slug officiait avec pléthore de emcees indie du midwest américain.
A la sortie de Southsiders, déjà une quinzaine d’années se sont écoulées et autant le dire beaucoup de choses ont changé pour Atmosphere. Le début des années 2000 est passé par là faisant du groupe un précurseur dans un style reprenant de l’emo les thématiques ainsi que quelques sonorités tout en conservant une touche hip-hop affirmée. Néanmoins la composition bicéphale Sean Daley aka Slug / Anthony Davis aka Ant est restée intacte depuis l’après Overcast (1er album sorti en 1997 du groupe qui était quatuor à ce moment). Le chemin parcouru par le groupe lui aura permis de creuser son sillon en réussissant à digérer et à réinventer le rap. Le groupe avec le soutien de son label historique Rhymesayers n’aura pas omis non plus de devenir une inspiration en termes de progression artistique pour aller au-delà du carcan du rap et être avant tout un groupe qui fait de la très bonne musique.
Pourquoi revenir sur le septième album ? Premièrement, cet album est le plus abouti dans sa conception musicale de la discographie du duo. Il semble n’avoir aucun talon d’Achille. De ses prédécesseurs (à l’exception de The Family Sign), il en conserve l’énergie. De ses successeurs (Fishing Blues et Mi Vida Loca), il en évite le côté plus lisse. Deuxièmement, cet essai qui prend le nom d’un quartier de l’agglomération de Minneapolis-Saint-Paul, où les duettistes gravitent au passé comme au présent, permet d’affirmer l’ancrage géographique et l’identité froide mais chaleureuse du groupe. D’autant plus quand on sait qu’Atmosphere est un groupe pionnier et moteur du bouillonnement créatif de l’aire urbaine minneapolitaine. Les productions d’Ant naviguent entre sonorités rock, blues et funk, comprenant des choix de samples aux forts accents américano-américain, pour un rendu mélodieux et entraînant dont l’union à la partition lyricale de Slug fait merveille. Rétrospectivement le constat est bluffant : pas moins de huit morceaux, sur les quinze que composent Southsiders, ont été clipés (avec toujours une mise en image de qualité) ce qui en soit résume la richesse du travail réalisé sur ce septième opus. Bien évidemment, à l’heure du choix Camera Thief ou Kanye West remporteraient les suffrages mais la beauté d’un I Love You Like A Brother ou l’intensité dramatique d’un January On Lake Street ne doivent pas être sous-estimés. Il y a donc cinq ans, Atmosphere accouchait le plus naturellement du monde d’un album de qualité supérieure, classieux sans être élitiste. Distiller de la bonne humeur et un esprit humanisant sans oublier de mettre en lumière le partage, la compréhension de l’autre mais aussi l’introspection soit un beau rappel à la vie. C’est le luxe que Southsiders a pu se permettre !
02. Arthur’s Song
03. The World Might Not Throught The Night
04. Star Shaped Heart
05. I Love You Like Like A Brother
06. Southsiders
07. Bitter
08. Mrs. Interpret
09. Fortunate
10. Kanye West
11. We Ain’t Gonna Die Today
12. My Lady Got Two Men
13. Flicker
14. January On Lake Street
15. Let Me Know That You Know What You Want Now