Misère des temps et drame de la solitude : en attendant de découvrir bientôt en librairie le nouveau Houellebecq où les bites sont molles et les Japonaises friandes, on a eu la faiblesse de cliquer sur ce morceau envoyé il y a quelques semaines par un ami (dont on taira le nom) et qui met en scène dans un clip atroce l’actrice désormais hollywoodienne Roxane Mesquida.
Vue chez Quentin Dupieux, Gregg Araki, Laetitia Masson ou avant ça chez Catherine Breillat, Roxane Mesquida, mariée depuis quelques années au rappeur américain MDNA (invisible depuis qu’il s’est fait vampiriser son patronyme par Madonna), s’est faite discrète ces derniers temps dans les salles obscures et s’essaie à Los Angeles à quelques collaborations musicales.
On n’a pas très bien saisi qui était le rappeur français DA (les chansons sont signées Archibald Thorpe, lui-même inconnu au bataillon), ni d’où venait ce ep#87 (dont on ignore tout des 86 précédents?). Le label Bordel Records, en revanche, n’est pas inconnu puisqu’il semble être la figure de proue du rap/électro français choc et sophistiqué aux États-Unis avec à sa tête Maud Geffray et Sébastien Chenut, soit le duo Scratch Massive. Les autres morceaux du ep87 sont provocateurs, un peu trash et pas nécessairement d’une immense délicatesse mais Roxane Mesquida tire le pompon avec ce Je suis Chaude qui est la chanson la plus saisissante qu’on aura finalement écoutée cette année.
Allongée sur un lit en petite tenue, Mesquida singe la posture aguichante des nanas qui vivent de spectacles sexy en cam et se lance dans un rap au flow clair mais au texte (volontairement) inepte. Son physique séduisant (euphémisme) entretient l’intérêt et l’impression qu’il pourrait y avoir ici ou là un métadiscours à prendre au 3ème degré avant que le reste du morceau, autotuné bien entendu, et l’irruption du fameux DA, ne viennent confirmer l’inanité de l’ensemble. Restent quelques punchlines d’anthologie parmi lesquelles « l’eau qui coule entre les cuisses » et « la fille si chaude qu’elle fait fondre la bite » font figure de réussites majeures.
On peut imaginer l’intention provocatrice derrière ce morceau mais aussi en faire l’économie tant cela s’appuie sur une relecture supposément signifiante de clichés plus gros que le Titanic. Branché donc mais aussi vulgaire : autant dire que de Larry Clark à Bret Easton Ellis, nos Frenchies ont encore des progrès à faire pour saisir l’esprit tordu et pervers de la Mecque américaine.