Grand architecte du label Atic Records, installé au cœur de la douce Barrow In Furness depuis 10 ans cette année, Andy Turner a signé l’an dernier, avec le duo new-yorkais QNC, l’un des albums hip-hop de l’année et l’un des meilleurs disques tout court. Après des années de relative discrétion aux manettes du label, celui qui est considéré comme le meilleur producteur britannique en activité mais aussi comme un formidable beatmaker et artiste trip-hop se concentre de nouveau sur ses propres projets.
Avec la réédition somptueuse de son premier album qui s’annonce pour l’été 2016 et une liste de projets touffue, Andy Turner est bien de retour, ce qui est une excellente nouvelle pour la musique. Homme de valeurs, fidèle à ses racines et tombé dans la musique dès son plus jeune âge, l’homme-orchestre de Aim nous a accordé un entretien passionnant et exceptionnel par sa densité et sa sincérité où transparaissent son incroyable culture, son approche artisanale et humaine du métier ainsi que toute la force de son engagement. Attention héros en puissance !
Comme l’homme ne vit que par et pour la musique, il a lui-même choisi les illustrations sonores et clips qui accompagnent ses propos.
Votre dernier album figurait parmi nos coups de cœur de 2015. Vous y étiez en bonne compagnie parmi beaucoup beaucoup de groupes indé et assez peu de hip-hop c’est vrai. On vous imagine comme un dingue de musique et un vrai digger. C’est toujours le cas ?
Merci encore pour la critique que vous avez faite de mon album. Oui, j’écoute toujours énormément de musique mais principalement des choses sur lesquelles je travaille, des bandes originales de vieux films d’horreur, du rock psyché et des disques de jazz. Je chasse les samples et je cherche l’inspiration….
English version below – The Man Who Fell Through Grace
En 2015, il y a des choses qui vous ont plu ?
En fait, je n’ai acheté que quelques albums originaux l’an dernier. L’un d’entre eux était la réédition de la BO de Vendredi 13. Un autre, le nouveau Aphex Twin que je n’ai toujours pas écouté. En ce moment, j’attends avec une certaine impatience l’album de Lost Under Heaven, le nouveau projet de Ellery James Roberts (anciennement de WU LYF). Son morceau Kerou’s Lament fait partie des meilleurs trucs que j’ai entendus depuis des années. C’est dément ce titre. J’en frissonne rien que d’y penser. L’exemple même d’une chanson où tu ressens intimement que ce qu’il fait a une telle importance pour lui. Cela sonne tellement réel et c’est si inspiré.
https://www.youtube.com/watch?v=bDv4Ukyjbic&feature=youtu.be
Il y a quelques années, j’ai lu que vous aviez eu une période Nirvana. C’est toujours le cas ?
Oui, j’adore toujours Nirvana. J’aime tous leurs albums, In Utero en tête. Mon truc, c’était de collectionner tous les pirates de leurs concerts. J’en ai une boîte entière. Une valise presque… L’ambiance, l’atmosphère sur certaines de ces dates est insensée. Et cela fonctionne sur des pirates récupérés à la console ou dans le public. On ressent le magnétisme jusque dans son squelette. J’ai par exemple le CD de leur premier concert qu’ils ont donné dans une simple fête, dans une maison particulière, à Richmond (Washington). Il y avait un type qui, je ne sais pas pourquoi, avait eu le nez creux et qui a posé un enregistreur tout pourri dans un coin de la pièce. C’est incroyable. Kurt Cobain était un meilleur auteur compositeur qu’on ne le croit encore aujourd’hui. Pour moi, difficile de trouver mieux, à la fois pour ses textes et ses melodies. Comment est-ce que tu peux rivaliser avec un titre comme Aneuryms ou Radio Friendly Unit Shifter ? Je me souviens assez bien du jour où je l’ai entendu chanter « That legendary divorce is such a bore »sur Serve The Servants et je me suis dit : Ca y est, j’écoute mon nouveau groupe préféré.
Avant de reparler du passé, on va parler un peu de votre dernier album, The Habit of A Lifetime And How To Kick It. De quoi il faut se débarrasser au juste ? Cette addiction, c’est une addiction à la musique ou à l’amour ?
Oui, ça peut très bien être les deux. C’est ouvert et vous choisissez ce qui vous fait plaisir. Au départ, cela devait faire référence précisément à l’amour de ce qu’on pourrait appeler le vrai, l’authentique hip-hop. Ça reste assez difficile de dire à quoi cela correspond mais c’est ce qu’on visait. Quand on a trouvé ce titre pour l’album, cela m’a fait penser à ces bouquins de développement personnel des années 70 et 80. Et c’est comme ça qu’on a eu l’idée de la pochette.Et puis on a rajouté « et comment s’en débarrasser » dans le titre. Ca collait tout à fait avec cet esprit aide toi toi-même et en même temps cela pouvait rappeler un morceau de A Tribe Called Quest qui s’appelle Can I Kick It ?. L’idée c’est que Kickin’ it signifie juste faire face aux choses, s’accrocher ou même riposter, etc. Il y a des tas de significations.
Pourquoi est-ce que vous avez mis autant de temps à faire cet album ? Votre précédent EP datait de 2007. Cela fait 8 ans tout de même….
La raison principale, c’est que j’ai beaucoup travaillé sur les albums des autres. J’ai adoré et j’adore toujours cela mais j’ai initialement monté le label ATIC pour porter mes propres projets. Comme le temps filait, j’ai décidé il y a trois ou quatre ans de m’enfermer en studio et de me concentrer sur ma propre musique. C’est à ce moment- là qu’on a vraiment démarré le travail avec QNC. Il a nous a fallu plusieurs années pour mener le projet au bout. On n’avait pas vraiment de deadline mais on n’a pas lambiné non plus. On n’a jamais cessé de travailler, de s’envoyer des choses dès que l’un de nous avait terminé quelque chose.
Est-ce que votre perfectionnisme a pu être responsable du temps écoulé ? Vous avez du mal à être satisfait de la musique que vous avez enregistrée et à y mettre un point final ?
Oui, on peut dire cela. Mais je ne vois pas cela comme un défaut ou un handicap. Cela veut dire que je suis prêt à travailler sur un titre ou un projet aussi longtemps qu’il le faudra pour que ce morceau soit abouti ou que je le considère comme tel. Je sais quand un truc est terminé et je n’ai aucun problème quand j’en suis là à l’abandonner.
Comment s’est passé le travail avec QNC sur cet album ? J’ai lu que vous aviez programmé une assez longue session de travail, quelque part en Angleterre, c’est ça ?
Je travaille toujours de la même manière avec eux. J’assemble des beats que je leur propose et je leur envoie. Ils en retiennent un, deux ou me disent s’ils aiment telle ou telle section, tel passage, et puis ils me renvoient le tout. A partir de là, on procède par de multiples aller-retour jusqu’à ce qu’ils soient suffisamment satisfaits pour coller des paroles dessus. S’ils n’ont pas d’idées et que moi oui, je peux gribouiller aussi quelque chose et leur en faire part, leur faire des propositions jusqu’à ce que cela leur convienne. Je n’insiste jamais avec eux, pas plus que je ne leur impose de chanter ou de faire quelque chose s’ils ne sont pas à 100% sûrs de devoir le faire ou d’en avoir envie. Curt Cazal a enregistré toutes les voix et les scratches dans son studio D&D Studios East. Il m’a ensuite renvoyé les fichiers pour que je les termine et les mixe de mon côté. Il y a de cela pas mal d’années, Curt avait une pièce dans les studios légendaires D&D de Manhattan. Il a conservé énormément de matériel de cette époque qu’il a récupéré lorsque ces studios ont fermé et il a pu les réinstaller dans un nouvel endroit à Long Island.
Cela fait un bail que vous collaborez avec eux. Comment vous les avez rencontrés ?
Ils ont bossé comme moi sur Grand Central et j’aimais beaucoup ce qu’ils faisaient. Ils m’ont fait une chanson pour Cold Water Music. De fil en aiguille, comme ils étaient partants, on s’est retrouvés sur The Force. Et puis on est toujours restés en contact, en se disant qu’on ferait un jour un album entier en collaboration. Et c’est ce qui a fini par arriver.
Le disque est surprenant car il sonne vraiment comme un classique du hip hop à la première écoute et puis on s’aperçoit que c’est un album de Aim et tout un univers sonore se dévoile. C’était quoi l’idée de départ ? Est-ce qu’elle a évolué avec le temps et pourquoi avez-vous choisi de coller d’aussi près à cet âge d’or du hip hop ?
C’est un son que je recherche à chaque fois que je travaille avec QNC parce que je sais que c’est le genre de musique qui nous rassemble. C’est pour ça qu’avant d’empiler les couches et de construire le morceau, je m’assure avant toute chose d’avoir un beat porteur solide. Tout ce qui m’intéresse en fait, c’est de faire en sorte que QNC soient vraiment excités lorsqu’ils le découvrent et qu’ils éprouvent le besoin de chanter dessus. Dans l’idéal, il faut qu’ils se précipitent en cabine pour enregistrer. Si Q-Ball ne twitte pas en disant « C’est de la bombe ! » et qu’il ne le passe pas à fond dans sa bagnole en allant conduire ses gamins à l’école, c’est qu’il y a encore du boulot. Quand je récupère les paroles et les voix que m’envoie Curt, c’est là que je monte vraiment le titre et travaille tout ce qu’il y a autour. Les arrangements, les dynamiques, etc. C’est ce travail-là qui va donner un vrai morceau original…
Le disque est une déclaration d’amour et de foi envers la soul originelle, le rap du passé, le funk. C’est une façon de dire que « le passé, c’est aussi le futur »… ou vous vouliez juste crier votre amour pour cette époque là ?
Un peu des deux peut-être. Avec un peu de recul, je pense qu’on aurait atténué ce côté classique dans notre campagne de promotion parce que la plupart des articles ont retenu surtout le côté hommage, le clin d’œil old-school alors que ce n’était à la fois pas ça et surtout pas que ça. Alors bien sûr, il y a des morceaux comme She Aint You qui sont des références directes à ce qu’on écoutait quand on a grandi mais il y en a pas mal aussi comme We Dont Play, On The Block ou The More I Get qui n’ont rien à voir avec un quelconque hommage. Au contraire, je considère que ce sont des chansons modernes et de première fraîcheur. Maintenant, lorsque je compose des chansons hip-hop, je considère qu’il y a un cadre dans lequel je travaille et quelques règles auxquelles je pense qu’il faut se conformer, même si c’est pour aller en taquiner les limites. Si on ignore ces paramètres, on risque de perdre en authenticité ce qui pour certains ne pose pas problème mais qui, sur ce projet précis, était inconcevable. Pour être franc, ce n’était pas un album qui avait vocation à reposer sur un grand concept. On a juste composé des morceaux et ça s’est terminé comme cela.
Les paroles sont assez riches avec de réelles histoires. C’est drôle mais il y a aussi beaucoup de nostalgie et d’émotion. Quel est votre niveau d’implication sur les paroles ? Ils vous demandent votre avis ? Vous le donnez ?
Je n’ai pas une grande influence sur les textes. C’est vraiment leur affaire. Généralement, je leur dis que j’adore ce qu’ils font quand ils expriment des choses très personnelles, comme de vieilles histoires avec des amis à eux ou des trucs qu’ils ont vécu lorsqu’ils ont grandi. Je ne veux pas trop les contaminer par des idées ou des choses qui me seraient inspirées par la musique elle-même. Je me contente souvent d’envoyer le beat et j’attends de voir venir. Ils ont eux-mêmes leur propre mécanique de composition en duo, leurs choses à dire, une manière de vouloir s’impressionner l’un l’autre, ce qui fait que généralement quand je récupère quelque chose et qu’ils sont prêts à me le faire écouter, je sais que ce sera un truc bien. S’agissant de la nostalgie, ce n’est pas quelque chose qu’on discute en ces termes mais nous savons tous que nous sommes nés à une époque tout à fait particulière et formidable pour la musique. Nous savons tous que nous avons été touchés dans notre âme par tout ce que nous avons écouté, toutes ces émotions que nous avons éprouvées. Il suffit de piocher dans cette inspiration commune. Elle est là comme de l’eau au fond d’un puits. Il faut descendre le seau….
Vous étiez fan de The Smiths. Vous vous souvenez probablement de cette anecdote quand Johnny Marr raconte qu’il lui est arrive de pleurer en attendant Morrissey chanter en studio alors qu’il ignorait tout des textes qu’il avait preparés. Est-ce que cela vous est déjà arrivé en découvrant le chant et les paroles d’un artiste avec lequel vous avez travaillé ?
Je ne me souviens pas d’avoir été ému au point d’en pleurer mais c’est clairement le moment le plus excitant du processus pour moi. Quand je récupère un titre avec les voix de QNC dessus pour la première fois, j’ai l’impression que c’est Noël. Mon réflexe, c’est souvent de graver la chanson sur un CD et de monter en voiture pour un petit tour durant laquelle je l’écoute trois ou quatre fois.
Ce qui impressionne toujours chez vous, c’est la texture que vous réussissez à donner à vos sons. Comment est-ce que vous construisez un morceau ? Vous partez de quoi ? Il y a des motifs qui reviennent et se font echo d’un titre à l’autre, parfois à des années de distrance… C’est de la musique que vous entendez dans votre tête ? C’est quoi le secret ?
Le processus peut varier d’un morceau à l’autre mais il y a toujours un point de départ. Souvent, cela va être un sample ou alors je programme un son sur l’un de mes vieux synthétiseurs que je balance à travers soit un AKAI MPC3000 ou le MPC60. A partir de là, je construis les rythmiques, les samples et les parties synthétiques. La règle c’est que la batterie repassent par le MPC60 et les parties stéréo et les samples via le MPC3000. Souvent, au cours du processus, il m’arrive de me dire que cela ne mènera nulle part et puis en changeant une corde ou un accord, ou en mettant la main sur le bon sample, cela débloque un truc. Et tu te retrouves deux ou trois jours plus tard avec une chanson qui est quasi prête et tu te dis : « Waoh, comment c’est possible ? Comment c’est arrivé ? ». J’essaie à chaque fois qu’il y ait aussi une dimension émotionnel dans le titre, quelque chose qui va amorcer une reaction de tristesse, de nostalgie ou donner envie de s’épancher. En procédant de la sorte, je n’ai pas inventé grand-chose. Beaucoup des morceaux que j’aime encore et qui ont été fabriqués il y a longtemps fonctionnaient exactement comme cela. Love Comes and Goes de Ed O.G & Da Bulldogs, The Foundation by Xzibit, Streiht Up Menace de MC Eiht ont été des disques importants pour moi. Si j’ai fait de la musique au début, c’était pour retrouver la vibe qui animait ces disques.
Vous travaillez par addition ou plutôt par soustraction. J’ai toujours eu la sensation par rapport à d’autres producteurs que votre travail consistait à alléger le son au maximum plutôt que d’empiler. Vous êtes un travailleur obsessionnel ?
Je travaille bien sûr couche par couche. En fait j’essaie de raisonner en comblant l’espace sonore, en intégrant des choses dans des poches, plutôt que de chercher à empiler ou à saturer. Il faut qu’il y ait de la place pour que la chanson avance et puisse bouger alors tu dois identifier le moment où trop c’est trop et où il faut arrêter d’en ajouter. Si tu veux intégrer trop de choses, tu as toutes les chances de perdre le rythme, la batterie et alors cela ne sonne plus du tout comme du hip-hop. Je procède effectivement par soustraction également car il m’arrive de prendre une séquence et d’essayer de jouer et rejouer la mélodie en enlevant une note, puis une autre, puis encore une autre, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’une ou deux mais qui sont en réalité les notes qui portent la mélodie et les plus importantes de toutes. Souvent je ne réfléchis pas à ce que je vais au moment où je le fais mais il y a des choses que je fais et qui reviennent quasiment à chaque fois. Une autre technique est de jouer une ligne mélodique en utilisant différents types de sons ou un sample différent pour chaque note. Une autre encore est d’éviter de compléter la mélodie jusqu’au bout et de laisser flotter la dernière note sans la jouer, ce qui permet de suspendre le moment et de créer une certaine insécurité ou une certaine tension. Ton esprit va alors aller chercher cette dernière note lui-même et l’entendre comme si elle y était alors qu’en réalité tu l’auras imaginée.
Vous vivez toujours à Barrow-in Furness ? Vous êtes en centre-ville ou à la campagne ? Est-ce que cela a un rapport avec votre musique, je veux dire le Lake District, la proximité de la mer, etc. D’aucuns considérent que vous faites du « hip hop atmosphérique » comme on dirait de Hood qu’ils sont un groupe de la campagne de Leeds…Vous pensez que les lieux où on crée ont une importance ou que l’inspiration vient d’ailleurs ?
Oui, je suis toujours ici à Barrow In Furness. Je vis dans une petite résidence à la limite de la ville. Nous sommes entourés par la mer sur trois côtés et donc jamais très loin de la côte. Je ne sais pas trop à quoi ressemblerait ma musique si je vivais ailleurs qu’ici. Je pense être influencé autant par les vieux disques et les films d’horreur que je le suis par mon environnement direct mais j’ai grandi ici, j’ai passé toute mon enfance ici et cela a probablement laissé une empreinte très forte sur ce que je suis. Cet endroit est porteur d’ouverture et en même temps vous donne le sentiment de vous trouver toujours au bord de quelque chose, ce qui doit bien sûr avoir une influence sur ma musique. Je n’ai jamais eu en tête un champ de céréales en écrivant !
De quoi êtes-vous le plus fier sur cet album ? C’est quoi votre titre préféré ?
Je suis content que nous soyons arrivés à le sortir, sans faire aucun compromis. Quand je tiens le disque en main, je suis réjoui parce que je sais que le packaging est cool et de qualité. J’entends la qualité de la mastérisation et je sais qu’on a fait un très bon travail. Mes titres préférées sont Takin Shots et She Ain’t You.
Moi,j’ai craqué sur 1000 Reasons qui est probablement le plus drôle de tous. Dans leurs textes, QNC expriment pas mal de choses sur le hip hop, le gangsta, et l’industrie du disque. Est-ce que vous vous retrouvez complètement dans tout ce qu’ils racontent bien que vous ayez eu des vies très différentes ?
Oui, nous venons d’horizons assez différents mais quand on parle de hip hop et de l’industrie de la musique, nous sommes vraiment d’accord sur tout alors c’est très facile de travailler ensemble. Et je suis d’accord avec vous, 1000 Reasons contient quelques vers qui me font exploser de rire.
Quelle est votre vision du monde de la musique aujourd’hui : Rnb, hip hop, soul, etc. Ce sont les genres qui dominent. Est-ce que cela explique qu’ATIC ne produise pas tant que ça justement et prennent le temps d’accompagner les artistes dans le temps.
Sur un gros label, tu peux avoir des gens qui s’occupent de chacun des parties du métier. Chacun a sa partie, ce qui te permet de mener plusieurs projets de front et donc de sortir des disques beaucoup plus vite. L’industrie du disque est ce qu’elle et je n’y prête pas forcément plus d’attention que ça.
Tout ce que vous faites parle de l’amour de la musique. Est-ce que vous avez parfois l’impression de ne jamais être sorti du magasin d’instruments que tenait votre père ?
Peut-être bien oui. Il y avait toujours de bonnes vibes dans cette boutique. Les gens traînaient et parlaient toute la journée. Il y avait des groupes qui passaient et il y avait toujours des tas de types, des joueurs de saxo, des batteurs, des guitaristes qui empoignaient les instruments et en jouaient dans le magasin. Je trouvais ça très cool. En tant que gosse, je voyais bien qu’ils avaient une manière d’envisager la vie qui était différente de celle des autres personnes et je crois que c’est aussi ça qui me plaisait. Ce magasin m’a aussi donné envie d’avoir ma propre affaire quand j’ai grandi. Je n’avais aucune idée de ce que ce serait que d’avoir une entreprise mais mon père m’a sacrément impressionné quand il a abandonné son premier boulot qui était sûr et bien payé pour ouvrir cette boutique, sans aucune certitude. Ca a fait tilt chez moi.
Votre père justement, il était aussi batteur de jazz. Est-ce qu’il écoute ce que vous faites ? Est-ce que vous parlez beaucoup de musique tous les deux ?
Il a été batteur dans des big bands et pour de plus petites formations de jazz. Il a joué toute sa vie et il enseigne encore la batterie cinq soirs par semaine. Quand il avait onze ou douze ans, il prenait le train tout seul une fois par semaine pour descendre à Londres prendre des leçons de batterie avec l’un des meilleurs profs du pays. Il était très très impliqué. Le jazz, c’était vraiment toute sa vie. Quand j’étais encore tout petit, je me souviens qu’il m’a emmené voir Buddy Rich. Je ne l’ai jamais oublié. On parle sans arrêt de musique. Quand j’ai fini un morceau, je vais systématiquement lui faire écouter.
Est-ce qu’il y a eu un instant particulier où vous avez réalisé que la musique serait votre vie aussi ? Un truc qui a déclenché ça et vous vous êtes dit : » je veux faire cela pendant les 60 ou 80 prochaines années ? «
J’ai l’impression que la musique a toujours fait partie de ma vie. En écouter, acheter des disques. Je n’identifie pas vraiment de déclencheur. C’est juste un truc qui s’est imposé, dans lequel j’ai toujours baigné. Comme une evidence. J’ai commence à jouer de la guitar et à écrire des chansons pour les groupes avec lesquels je traînais alors très très jeune et je crois qu’à l’âge de 14 ou 15 ans, j’avais plus ou moins terminé la structure de ce qui allait devenir plus tard mon premier album, Cold Water Music. C’était bien avant que je pense avoir jusqu’à l’idée que je pourrais en faire un disque. A l’époque, je faisais juste pour le faire et parce que j’en tirais un plaisir infini. Je me souviens avoir acheté un disque de Judy Clay qui s’appelle Private Number au magasin Vinyl Exchange de Manchester. Ca a été le tout premier disque que j’ai acheté pour y chercher des samples. Je ne connaissais pas la chanson mais j’avais repéré un break assez cool dessus et je l’ai acheté pour cela. C’est comme cela que tout a démarré pour le coup. Je suis devenu accro. J’ai écumé toutes les boutiques d’occasion, les solderies, les machins de charité et je me suis mis à tout écouter, à tout découper, à assembler les sons jour et nuit avec mon ordinateur Amiga. Après avoir sorti quelques disques, je me suis rendu compte que pas mal de gens aimaient ce que je faisais et que peut-être je pourrais en tirer un peu d’argent, voire en vivre. Alors j’y suis allé à fond. Je me suis engagé complètement là-dedans et j’ai travaillé comme un fou pour que tout cela devienne possible.
Les enfants grandissent souvent par opposition à leurs parents. Comment vous vous êtes lancés dans Speed Limit Records, votre première boutique de disques ? Quel âge aviez-vous ?Vous vous souvenez du jour où ça a ouvert ?
Je ne me souviens pas précisément du premier jour, non, mais je me souviens que c’était une sacrée histoire détenir la boutique Bizarrement je n’ai jamais pris cette activité au sérieux sur le plan économique. Je savais que ça ne durerait pas toujours et j’ai essayé d’y prendre un maximum de plaisir tant que cela a duré. La boutique est devenue assez vite un point de rencontres pour la scène musicale de la ville. Les organisateurs de soirées et promoteurs passaient et déposaient des affiches, des flyers. Tous les gens que je connaissais venaient acheter des disques là et on a réussi à se maintenir à flots pendant trois ou quatre ans. Ce que j’en retiens aussi c’est que je pouvais me procurer des tas de disques pas chers et que j’arrivais à avoir entre les mains absolument tout ce qui sortait à l’époque. Le gros de ma collection vient de cette époque.
A cette époque, vous étiez déjà immergé aussi dans la scène rave, non ? Est-ce que le magasin était orienté vers ce genre de musique ?
J’ai commencé en effet à vendre des disques de house et de garage américains, de la techno, du piano italien et des breakbeat hardcore white labels anglais. Et puis j’ai ajouté des disques de hip hop à la demande de quelques amis et j’ai vraiment accroché à cette musique aussi. Heureusement, c’était le début des années 90’s, une époque bénie pour le hip hop avec un nombre de disques excitants et incroyables qui sont sortis à ce moment qui dépasse l’entendement. Chaque semaine, il y avait un classique qui sortait. C’était dingue.
Je saute quelques étapes. Après il y a eu Grand Central. Vous rencontrez Mark Rae dans sa boutique Fat City à Manchester. Il écoute vos démos et il vous signe sur Grand Central Records…. Vous vous souvenez de ces débuts là ?
Oui J’ai d’abord rencontré Mark dans la première boutique Fat City qui était un tout petit truc dans un galerie marchande appelée Afflecks Palace. Je me baladais avec un sachet plein de mixtapes de hip hop que j’avais fait (Blunted volume 2) et il m’en a acheté une pour 5 livres. Ensuite je lui ai envoyé quelques morceaux et c’est parti de là. Ce qui était le plus excitant pour moi c’est que je savais que si ma musique était suffisamment bonne, il y avait toutes les chances pour qu’elle se retrouve sur un vinyle. C’est comme ça que le premier EP est sorti. Tenir le pressage test entre mes mains a été un grand moment. Je me souviens que j’étais juste assis dans le bureau à quelques jours de la sortie et que j’ai réalisé que je n’avais pas de nom. Je ne voulais pas utiliser mon propre nom. Et je me suis souvenu que je gribouillais Aim sur les murs quand je faisais un peu de graff’. Alors j’y suis allé ainsi et c’est resté…
Quand on parle de cet itinéraire, ça donne l’impression d’une sorte de fluidité, que tout était inévitable. Est-ce qu’à un moment vous auriez pu aller dans une toute autre direction ? Je ne sais pas… déménager, rencontrer quelqu’un, et devenir…. Un employé de bureau…
C’est vraiment difficile de faire la musique qu’on a envie de faire sans aucun compromis et en plus de réussir à en vivre. Dès que j’ai aperçu une toute petite opportunité que ça fonctionne, je m’y suis jeté à fond. La meilleure motivation pour moi ça a toujours été cette peur de devoir retourner à un emploi régulier, stable. Si ma musique ne se vendait pas ou ne se vend plus, il n’y aura pas d’autre choix. Je ferai quelque chose d’autre. C’est vraiment un repoussoir pour moi et un moteur qui me permet, si j’y pense une seconde, de me bouger le matin et de démarrer la journée en sachant pourquoi je le fais.
Il y avait un état d’esprit particulier chez Grand Central Records ? C’est devenu un peu légendaire cet épisode avec le temps.Ca n’a duré que quelques années mais l’impact a été réel et cela a été un période créative intense…
Oui, peut-être qu’il y avait quelque chose de spécial à un moment mais c’était aussi pour moi quelque chose que je faisais en dehors de mon travail normal. Le plus important à mes yeux a probablement été l’éthique de travail. On travaillait vraiment beaucoup et il y avait tout autour des gens de grand talent qui étaient tous impliqués. Je crois que c’est ça qui a permis qu’on sorte autant de grands disques dans une période aussi réduite.
Qu’est-ce qui vous a fait quitter Grand Central, il y a quelque chose comme 10 ans maintenant. Vous sentiez que la fin du label était proche ou alors vous aviez d’autres aspirations ? On a parlé des royalties non payées aussi mais je n’ai pas lu grand-chose là-dessus. Vous êtes en bons termes avec Mark Rae ? Vous l’avez vu récemment?
Je n’ai pas vu Mark depuis mon départ de Grand Central. En 2005, je suis allé voir les dirigeants de Grand Central pour parler de mon troisième album et ils m’ont signifié qu’ils ne pouvaient pas me régler d’avance parce qu’ils n’en avaient pas les moyens. De fait, cela mettait fin de facto à mon grand contrat et j’avais alors le choix ou de réaliser l’album sans avance ou de partir. J’ai fait le choix de partir. Je me suis senti délivré. Cela ne collait plus de toute façon. Je n’aimais pas la direction qui avait été prise par le label et je ne voulais plus leur donner ma musique. Je me souviens que Niko et moi sommes rentrés de Manchester en voiture cet après-midi là et c’est sur le chemin du retour à la maison que nous avons décidé de monter notre propre structure.
Est-ce que vous considérez d’ailleurs que ATIC Records a été comme le fils ou l’héritier de Grand Central ? Vous avez récupéré pas mal d’artistes comme Niko bien sûr, mais aussi QNC. En quoi est-ce que l’expérience Grand Central vous a servi pour monter ATIC ?
ATIC a toujours été quelque chose de particulier. Dès l’origine. Il y a bien sûr des éléments de continuité mais Grand Central n’aurait jamais sorti de disques comme On Safari de The Witch And The Robot ou le Death of The Neighborhood de Stephen Jones
Je passe sur les premières années du label qui sont connues mais il y a une question qui me titille qui est de savoir pourquoi Aim n’est pas devenu plus gros après les deux premiers albums. Est-ce que vous n’avez pas laissé passer le « momentum » en revenant avec Flight 602 en 2006 ?Vous avez raté le coche ou est-ce finalement que cette musique ne pouvait pas devenir aussi populaire par définition que la soupe à la David Guetta ?
Oh, je ne sais pas vraiment. Qui sait ? Je ne suis pas sûr que je voudrais passer ce cap-là. Il faut forcément composer à un certain stade, pactiser. Et je crois que si c’était une vraie option, je passerais mon tour. Ma musique est par essence obscure et underground. Pour moi, ce n’est pas une surprise qu’elle ne se vende pas par camions entiers. En fait, c’était plutôt une surprise qu’elle se soit vendue aussi bien à un moment. Pour moi, j’ai plutôt perdu le « momentum » après Flight 602 et saisir l’instant est si important. J’essaie de rattraper le temps perdu maintenant, mais seulement maintenant. En 2014, j’ai fait cet album best of Drum Machines & VHS Dreams. L’album avec QNC en 2015 et cette année je vais à la fois rééditer Cold Water Music en vinyle et enregistrer mon prochain album solo. Les choses vont dans le bon sens à nouveau.
Économiquement justement, comment cela se passe-t-il pour vous ? L’industrie connaît de tels chambardements. Alors bien sûr le vinyle est de retour…. Et vous avez même sorti votre album en K7 ! Vous arrivez à gagner assez d’argent avec le label pour en vivre et produire de nouveaux artistes ?
Nous avons toujours vécu sur les marges de l’industrie du disque. Nos chiffres de vente ne sont pas énormes mais comparés aux autres, nous souffrons moins de fait des fluctuations du marché. Ce qui est un tsunami chez eux a la taille et l’effet d’une vaguelette pour nous. On est là et on fait notre truc. On a la chance d’avoir des gens qui nous suivent et qui achètent les disques qu’on sort. J’aime les vinyles et je suis heureux que de plus en plus de gens les apprécient à nouveau. J’ai remixé un morceau du best of appelé True To Hip-Hop qu’on a réédité dans un format picture disc 7 pouces super joli. L’album avec QNC est sorti sur un vinyle rouge translucide et je sors la réédition de Cold Water Music sur un disque bleu polaire. J’essaie de faire en sorte que chacune de nos sorties soit non seulement attirante mais aussi d’une qualité irréprochable avec une pochette rigide, un disque de couleur, etc.
ATIC fêtera ses dix ans en juin de cette année. Vous prévoyez des choses spéciales en dehors de la réédition de Cold Water Music ?
Hé, vous avez raison. Je n’avais pas fait attention à ça. On va probablement monter une soirée spéciale ou quelque chose. Il faut que je prévoie ça.
On peut avoir le sentiment que vous vous êtes un peu sacrifiés en tant qu’artiste pendant cette période pour travailler sur les disques des autres… C’était vraiment parce que vous aviez envie de participer à des choses plus collectives ou c’est quelque chose que vous avez fini par subir ?
Il n’y a jamais eu de vrai collectif . C’est juste que je connaissais des artistes que j’aimais, dont je respectais ou dont j’adorais sincèrement le travail. C’est pour cela que j’ai travaillé avec et pour eux sur leurs disques. J’y ai trouvé mon compte.
Ce n’était pas aussi un moyen de fuir les doutes que vous pouviez avoir sur votre propre travail ? C’est plus facile de travailler pour les autres que pour soi ?
Oui, en un sens. C’est toujours plus simple de superviser le projet de quelqu’un d’autre. Avec le temps, j’ai réalisé que mon moteur, c’était le fait de réaliser mes propres disques. J’ai aussi pu constater que les disques qui se vendaient le mieux dans la durée étaient mes albums les plus anciens. C’était moi à travers ces albums qui faisait vivre tout le monde, payait les factures. Si je veux que le label poursuive sa route, il fallait donc que je retourne en studio.
Qu’est-ce qui est le plus intéressant quand on dirige un label indépendant ?
Je dirais se confronter à tous ces micro-éléments qui mènent à la sortie d’un disque, le fait de pouvoir traiter en direct avec toutes les personnes qui sont impliquées dans le processus également.
Au quotidien, quel genre de vie est-ce que cela donne ? Vous travaillez toute la journée pour le label ?
J’ai deux enfants, de cinq et onze ans. Je me lève le premier, je fais le petit déjeuner et j’emmène tout le monde à l’école. Ensuite je me fais un café, m’installe en studio et entame ma liste des choses à faire en réécoutant ce que j’ai fait ou ce sur quoi je travaillais la nuit précédente. Ensuite, j’allume le matériel et je me mets au boulot. Ca dure toute la journée et souvent une bonne partie de la nuit, selon ce sur quoi je travaille à ce moment là.
Après toutes ces années, vous êtes resté assez mystérieux sur votre vie. On vous connaît assez peu en tant qu’homme. Vous avez donc une famille, des gamins. Un chien peut-être. Vous avez l’air en forme…. Vous faites du sport ou ce genre de trucs ?
Ce n’est pas tellement que j’aime le secret mais je n’ai jamais eu très envie de partager ce que je faisais au jour le jour. Je n’ai jamais éprouvé ce besoin. Si quelqu’un veut savoir ce que j’étale sur mes tartines le matin, il peut juste entrer en contact avec moi et me poser la question. Je serai très content de répondre. Maintenant il y a une part d’exposition publique dans ce que je fais. On ne peut pas vendre correctement un disque ou progresser dans ce milieu si on ne fait aucune promotion et si on ne s’expose pas un minimum. Comme c’est moi qui dirige le label, ça veut dire aussi que je peux me permettre le luxe de ne pas sauter sur n’importe quelle opportunité de faire parler de telle ou telle chose quand ça se présente. Peut-être est-ce que je vendrais plus de disques si je me vendais un peu plus mais il y a un équilibre à trouver là-dedans.
Vous posiez la question de ma vie personnelle. Hé bien, je suis marié et j’ai deux enfants et pas d’animal de compagnie ! Le seul sport que je pratique c’est m’entraîner au foot avec ma fille. A part ça et à part la musique, mon autre passion c’est de regarder des films.J’ai une prédilection pour les petits films d’horreur de la fin des années 70 et du début des années 80. J’adore ça, même si en même temps j’en profite surtout pour repérer des petits segments de dialogues ou des sons que je pourrais sampler par la suite !
A quoi va ressembler 2016 du coup ? Année chargée donc.. dites moi que vous n’allez pas nous faire attendre 8 ans avant le prochain album solo…. Des concerts ?
Il devrait y avoir pas mal de choses. La prochaine sortie, c’est donc la réédition de mon premier album Cold Water Music. L’album a été complètement remasterisé et je suis en train de boucler un nouveau remix de la dernière chanson de l’album From Here To Fame. Ca sortira cet été. Ensuite, on devrait sortir un EP 12 pouces avec QNC avec les remixes par Curt Cazal de We Dont Play et How It All Got Started. On va y ajouter un remix de On The Block par mes soins et aussi une toute nouvelle chanson qui s’appelle Lyrical Expert. Après ça, il y aura un EP de Niko et un single avec Mikey D.O.N (Krispy 3). Et pour terminer, je travaille sur une musique de film avec Deadly Avenger. J’ai bossé aussi sur un titre avec II Bosco (connu aussi en tant que Crowhead).
Il n’y a rien de prévu côté concerts même si j’aimerais beaucoup. Cela viendra bien à un moment ou un autre.
Pour le nouvel album solo, j’ai 6 ou 7 titres qui sont prêts. Alors non, certainement pas huit ans cette fois !
he Man Who Fell Through Grace
Atic Records turns 10 this summer. From sweet Barrow In Furness, its architect and founder Andy Turner is back to business and has started to work again very seriously on his own artistic agenda. In the past, Andy Turner has changed a few lives with his music. He was part of Grand Central Records adventure and has immersed himself in the electronical hip hop house revolution a few decades ago. His first cult LP, Cold Water Music, has been remastered and enriched for a summer rerelease. Last year with QNC album was one of our favorite hip hop LPs and the best proof the guy had not lost his touch. English best (living) producer and beatmaker has credited us with an exceptionally dense and sincere interview through which he celebrates his unconditional love for music, his independence and his quest for creative freedom. Beware : Andy Turner could well become your personal hero after you’ve read this !
Your Aim & QNC album is one of our favourite records of the year. We are an indie site and in the hip hop section, you are next to Scalper, the former Fun Da Mental singer, and his LP The Emperor’s Clothes. We imagine, as a long-time “digger”, you’ve heard almost everything which is produced on Planet Earth. Do you always listen to a lot of music and do you sometime let your brain at rest?
Thanks, your review for the album was great. I do listen to a lot of music but it’s mainly stuff I’m working on and old horror film soundtracks, psych rock and jazz albums looking for samples or a bit of inspiration.
Do you listen to a lot of contemporary music these days? Is it mostly instrumental music, hip hop, soul or still listening to a bit of indie music?
I only bought a couple of new albums last year and one of those was a re-issue of the Friday 13th soundtrack. The other was the Aphex Twin album which I haven’t even opened yet. I don’t listen to much new music. I’m looking forward to the upcoming LUH [Lost Under Heaven] album, it’s a new project from Ellery James Roberts. His song Kerou’s Lament, is the best thing I’ve heard in years. Amazing. I’m getting chills just thinking about it. You can tell it matters to him, it’s real and it’s inspiring.
A few years ago, I’ve read you had entered a strange and late Nirvana period. Do you still dig it or have you turned to something else?
I love Nirvana. I love all their albums, In Utero in particular. My thing though was collecting bootleg CD’s of their live shows. I’ve got a case full of them. The vibe on some of those shows is spine-tingling, whether it’s an audience or soundboard recording, doesn’t matter. It’s remarkable to me to think I have a CD of their first ever show at a house party in Richmond, Washington and that someone there had the foresight to record it on a crappy boombox in the corner of the room. I actually think Kurt was a better songwriter than he even gets credit for. To me, his music and lyrics are as good as it gets. I don’t see how you can compete with something like Aneurysm or Radio Friendly Unit Shifter. I remember hearing the line “That legendary divorce is such a bore” from Serve The Servants the first time and realising I was listening to my new favourite band.
Well, let’s start what we are here for! Before exploring the past, let’s talk about The Habit of A lifetime and How to Kick It. First question is what’s the habit of a lifetime? Many people are asking about that and we had no precise answer to give. Is that “listening to music”, “love” or whatever? It could mean any of those things, it’s open to interpretation so whatever works for you. The initial concept was that it referred to our love of what we would call real, authentic hip-hop. It’s hard to quantify what that means exactly but that’s what it is. Once we had the title I thought it sounded like self-help, life-management type books from the 70’s or 80’s and that formed the concept for the cover artwork. It’s also at this point that we added ‘And How To Kick It’ to the title. It worked with the self-help concept, as in ‘kicking the habit’, but also alluded to A Tribe Called Quest‘s Can I Kick It? and the idea that kickin’ it just means getting on with things, chillin’, hanging out, kickin’ back etc.
The album was a long time in the making. Why was it so long? Is it your personal choice to take your time and never to hurry or was it a record difficult to make? Birchwood EP was 2007 so it is 8 years between them…
The main reason was that I was releasing other artist’s albums. I loved doing that but I started ATIC initially to release my own records so I decided three or four years ago to lock myself in the studio and focus on my own stuff for a bit. I started the QNC album during this time and it did take a few years to finish but there was no set deadline, we worked on it constantly, just chipping away until it was done.
Is perfectionism part of the delay? Have you got particular problems to be satisfied with your work and let it go?
It is, but I don’t see that as a negative thing. Just means I’ll work on a track or project as long as it takes to get it right. I know when something’s finished and I’m happy to let it go once it’s done.
How did you work with QNC on that one? I’ve read there was a long live recording session in England to make this record. How did you work with these guys this time?
The process with this record was the same as it always is when I work with QNC. I’ll get a bunch of beats together and send them over. They might pick a couple or they might like a certain section of a beat so they’ll get back to me and from there it’s back and forth until they’re happy to put their vocals down. If they weren’t feeling an idea I sent them I’d either scrap it or develop it until they were. I never insisted or asked them to try writing over anything they weren’t sure about. Curt [Cazal] recorded all the vocals and scratching at his D&D Studios East facility and sent the files back to me to finish and mix here. Back in the day he had a room in the legendary D&D Studios in Manhattan and kept a lot of the equipment from there when it shut down to set up a new space in Long Island.
Your collaboration is an old one. When and how have you met this dynamic duo ?
They did some recordings at Grand Central back in the day and I liked their style so asked if they’d do a track on Cold Water Music. They were up for it and we ended up with The Force. We got on and stayed in touch. We always said we’d make an album so it was good to finally get it done.
The LP is surprising because it sounds like a “classical hip hop LP” at first ear before turning into a real Aim experience as we discover all the musical landscape you’ve shaped for this one. What was the original project? Has it changed through the years? Why did you choose to be so close to hip hop standards?
Whenever I work with QNC I’m going for that classic sound because that’s what we’re into. So before I start layering and building up a track I make sure the basic beat is solid. All I’m trying to do at this initial stage is to get it to a point where QNC are excited by it, where it makes them want to write and get in the booth to record. If Q-Ball doesn’t tweet that it’s « FIRE!!! » and that he’s banging it in his car on the school run I know it needs more work. Once Curt’s sent me the vocals I’ll start to layer sounds up around them and work on drops and arrangements and this is probably when it starts to sound more like one of my productions.
The LP is close to the old school hip hop feeling. We receive it as an act of love and faith for the original soul, funk and rap productions. Was it a way to say “the past is the future”? Or simply to explain once again why you’re in love with this music ?
It is to some extent. Looking back though I regret playing all that up so much in the press release when we promo’d the album as it was presented in a lot of write-up’s and reviews as a homage to the old-school, which really wasn’t the case at all. Obviously certain tracks like She Ain’t You are explicitly referencing the sound we grew up on and our love of that time but tracks like We Don’t Play, On The Block and The More I Get aren’t homages to anything, they sound fresh to me. Having said that, there are parameters when making hip-hop that I’m happy to work within, but I’ll always push against them. Go beyond though and you lose authenticity which isn’t an issue for some but to me, with this kind of record it means everything. Initially there was no grand concept for the album. We just started making tracks and this is how it ended up.
Lyrics are very rich with narratives. There is fun but also a lot of nostalgia and sequences about QNC hip hop itinerary. When have you discovered the lyrics ? Do they ask you about that ? Do you discuss before you step into the studio what you and they want to express? General themes ? Emotions?
I don’t have much input lyrically, that’s their thing. All I ever say really is that I like it when they write about personal stuff, like stories of old friends or things they got up to growing up. Beyond that I almost feel like I’d be contaminating the track by butting in with specific ideas and suggestions. I send them the beat, sit back and wait to see what they come up with. They push each other and want to impress each other so by the time they’re ready to send me something I know it’s going to be good. As far as the nostalgic element goes, we haven’t talked about it but we all grew up during an amazing time for music and we were all touched deeply by it in one form or another. It really enriched already cool 70’s, early 80’s childhoods and makes for a deep, colourful well of inspiration to draw from when you’re writing, it’s always there.
You used to be a fan of The Smiths. You probably remember this old Morrissey/Marr ‘s technique which was to work separately and Johnny Marr don’t knowing what his friend was going to sing at all. He said he cried a few times discovering the lyrics and the way Morrissey sung. Have you ever felt such an emotion while discovering what your “guests” artists had for you?
I haven’t quite been moved to tears but it’s easily the most exciting part of the whole process. It’s like Christmas morning getting a track back from QNC and listening to what they’ve come up with for the first time. I’ll usually rip a CD, stick it in the car and go out for a drive for the first few listens.
What is amazing here is the global texture of your sound? How do you work on the tracks? Where do you start from? A bit, a rhythm, a sample…. We can hear a few distinctive motives coming back from one album to another… Is it music you hear in your head? What’s the secret?
It differs from track to track but you have to start somewhere so I’ll usually look for a sample or I’ll program a sound on one of my old synths and get it into either the AKAI MPC3000 or MPC60. From there I’ll start building and layering drums, samples and synth parts with most of the drums ending up in the 60 and the stereo parts and longer samples in the 3000. There are times at the start where you think it isn’t going anywhere but then I’ll try a chord change or find the right sample and the next thing I know I’m two or three days in with a fully developed track and you think to yourself “how did that happen?” I always try to work an emotional element in there, something that triggers a sense of sadness, nostalgia, sentimentality etc. It’s not like I invented that though, a lot of my favourite hip-hop records had it.Love Comes and Goes by Ed O.G & Da Bulldogs, The Foundation by Xzibit, MC Eiht‘s Streiht Up Menace, all really important records for me. Initially, when I started making beats it was the vibe on these tracks I was shooting for.
Do you work by addition? Layer after layer. Or by subtraction. I still got this idea, contrary to other composers/producers, your style is more into making things light and more simple as time goes by. Would you qualify yourself as an obsessional worker?
I do layer sounds but I also try to fill pockets of space rather than having everything piled up. There has to be room for the track to move so you need to know when enough is enough as far as adding layers. Also, if I add too much the drums tend to get lost and it just doesn’t sound like hip-hop anymore. There is a subtractive element to it whereby I’ll often play a melody line in and over time take notes out until I’m left with just one or two, but they’re the important ones. I do a lot of what I do without really thinking about it but there are a couple of things I find myself doing pretty much all the time. One is to make melody lines up using different sounds or samples for each note of the melody. Another is to avoid resolving melodies where possible. I like to lose the last note and leave it hanging as it sounds less obvious and creates a bit of tension. You still feel like you hear the resolving note but you’re actually imagining it.
Do you still live and work in Barrow-in-Furness? Do you live at the countryside or in center-town? Do you make a connection between your personal universe (Lake District maybe, climate, proximity of the sea) and your work? People used to say you do “atmospherical hip-hop” just like, I don’t know, Hood sounds like a rural Leeds-band…. Do you find this ridiculous? Is your inspiration coming from “out of time and space” zone or does it capture a certain “mood” or environment?
I’m still in Barrow-in-Furness, I live on on a quiet estate at the outskirts of town. We’re surrounded by the sea on three sides so you’re never far from the coast. It’s hard to say how my music might be if I wasn’t based here. I’m as influenced by old records and horror movies as I am by my environment but I grew up here, I spent my childhood here and it’s definitely left a lasting impression. There’s a literal openness and a feeling of being at the edge of something which informs my music on a meta level, rather making me want to write songs about fields.
What are you the most proud of with this LP? What’s your favourite track or sequence?
I’d say just the fact that we got it out and didn’t compromise on anything. When I hold the LP and feel the quality of the packaging and see how cool the artwork is and listen how well it was mastered I feel like we did a good job. My favourite tracks are Takin’ Shots and She Ain’t You.
I am in love with 1000 reasons which is the funniest and wittiest of the lot. Back to the lyrics once more, QNC express a lot of things about hip hop, gangsta rap and music industry. Do you share any views they express about that or is your vision of history different from theirs considering your original culture and biography is very different?
We are from different backgrounds but when it comes to hip-hop and the industry, we’re on the same page so it’s easy for us to work together. And I’m with you on 1000 Reasons, some of the lines in that track are hilarious to me.
What is your view about music industry : RnB, hip hop, soul, etc. Does it explain in some way why ATIC doesn’t seem to produce that much and takes its time to work with artists through the years?
Basically, with a bigger label you have people dedicated to different elements involved with getting a release out so naturally things get done quicker. The industry is what it is. I don’t pay too much attention to it.
This record is all about love of music. Personally, do you feel sometime like you’ve never left your dad’s instruments shop?
Maybe, yeah. It was always a good vibe in there, people would hang out and talk all day. There were a lot of bands around back then and there’d be sax players, drummers, guitarists milling around the shop checking out the instruments and they always seemed cool to me. As kid I saw they had an outlook on life that was different to people who weren’t in that world and I liked it. The shop also instilled in me the idea that I wanted to run my own business when I grew up. I wasn’t sure what the business might be but seeing my dad leave a safe, well paid job to open a musical instrument shop and succeed at it was really impressive, it struck a chord.
He is or was into jazz drumming. Does he listen to what you do? Do you talk much about music together?
He’s been drumming with big bands and smaller jazz outfits all his life and still teaches drums five nights a week. When he was eleven or twelve years old he used to travel on the train on his own once a week down to London for drum lessons with the most respected tutor in the country. He was very dedicated, it meant everything to him. He took me to watch Buddy Rich when I was really young and I’ll never forget it. We talk about music a lot, I run my tracks by him all the time.
Was there a particular moment when you’ve realised music would be the main thing in your life? Was there a song, an instrument, a special memory which is for you the source of all… Evil?! When you said : “I want to do this for the next 60 or 80 years”…
Music has been part of my life and I’ve been buying records as far back as I can remember. I can’t say there was anything that triggered it, it’s just always been there and it’s always been the thing I was most into. I learnt a few guitar chords and started writing songs for bands I was in from the age of maybe 14 or 15 and I’d written the bulk of my first album, Cold Water Music, before I’d even considered the idea that I might actually release any of it. I just did it because I loved it and at the time that was enough. I remember buying Judy Clay’s Private Number from Vinyl Exchange in Manchester which was the first record I’d bought specifically for sampling. I didn’t know the track but it looked like it might have a cool break on it, and it did! That was it, I was hooked. I cleared out all the local charity shops and sat day and night sampling and making tunes on an Amiga computer. After putting a couple of records out and realising people were into what I was doing I saw there was a chance I might make some money from it and maybe even a living. So I went all in and worked as hard as I could to make it happen.
Generally kids tend to do the exact opposite of what their parents do. How did you come to open Speed Limit Records? How old were you at the time? Have you got a precise memory of the opening day?
I don’t remember the first day but it was a buzz getting the shop going. I never took it too seriously as a business though, I knew it wouldn’t last forever so I just enjoyed it while I could. It became a hub for the scene in the town at that time, promoters would drop flyers and posters off, everyone I knew was buying tunes and we did enough business to run for three or four years. The most important thing of course was that it meant I got cheap records and the pick of pretty much everything that was being released at the time. The bulk of my collection came from that shop.
At that time, you had already immersed yourself in the rave scene, is that it? Was your shop exclusively dedicated to that new sound?
I started off selling US house and garage, techno, Italian piano and UK breakbeat hardcore white labels. I started getting some hip-hop in for friends and really got turned on to it then. Luckily for me it was the early 90’s and the amount of amazing hip-hop I was getting in the shop was hard to believe looking back. It’s like there was a classic album coming out every week.
Let’s say next was the Grand Central era. You meet Mark Rae at his Fat City records shop in Manchester. He listens to demo tapes then Aim is born and signed on Grand Central Records. Do you remember how it all begun precisely? Is it you who came with the name “Aim”? Do you remember those first days as particularly exciting?
I first met Mark in the original Fat City shop which was a tiny unit in a shopping arcade called Afflecks Palace. I had a carrier bag full of hip-hop mixtapes I’d done [Blunted Vol. 2] and he bought one for a fiver. Later I sent him a few tracks I’d recorded and it went from there. The most exciting thing for me early on was that I knew if I made good enough music it would be released on vinyl. Finishing my first EP and getting that first vinyl test pressing was a big deal. I remember sitting in the office just prior to releasing it and realising I didn’t have a name. I knew I didn’t want to use my real name and I used to write Aim when I messed about with graffiti so I went with that and it stuck.
When you say things like this, your way into music seems to be very logical, determined and easy…. Was it really the case? Was there a moment when you could have turned to something completely different?
It’s really hard to make the music you want to make, un-compromised, and to make a living from it. Once I saw I had the slightest chance to do that I went for it. My greatest motivation is the fear of having to get a regular job. If my music didn’t sell I wouldn’t have any option other than to do something else and that’s all the motivation I need to turn the gear on in the morning and keep going.
Was there a special spirit in Grand Central Records? It is some kind of a legendary label to us now. What was it like then? It was only a few years but it had a kind of massive (and very creative) production?
Maybe there was early on but it was a job at the end of the day. The main thing to my eyes was the work ethic. We all worked long hours and there were a lot of really talented people involved which resulted in loads of high quality output in a relatively short space of time.
What has made you leave the place something like 10 years ago? Was it the forthcoming predictable end of Grand Central? New aspirations or unpaid royalties? I haven’t read much about that? Were you in good terms with Mark Rae at that time? Have you seen him since then?
I haven’t seen Mark since I left Grand Central. I remember I went in for a meeting in 2005 about my third album and they said they couldn’t afford the advance, which breached my contract and meant I had the option to either record my next album without an advance or leave. So I left. It was a relief. I didn’t fit anymore, I didn’t like the direction the label had taken and I didn’t want to give it anymore music. I remember driving back from Manchester with Niko that afternoon, we’d decided to start our own label by the time we got home.
Do you consider ATIC Records as the son and heir of Grand Central ? You’ve hosted a few artists from that time : Niko of course but QNC was also there if I remember well…. What good/bad things have you learn from the Grand Central Experience you were able to use for ATIC?
No, ATIC is it’s own thing. There is some overlap but Grand Central would never have released records like On Safari by The Witch and the Robot or Stephen Jones’ Death of the Neighbourhood
I don’t want to explore that much the first years of your label. They are rather well documented! My only question is maybe a bit strange : why hasn’t Aim become THAT big after the release of the 2 first albums ? Was the “momentum” gone when Flight 602 came out in 2006? Or was it simply that this kind of music was never designed to become really popular as David Guetta’s soup product ?
Who knows? I wouldn’t want that anyway. There’s a trade-off at that level and even if it was an option I’d pass. My music is relatively obscure and underground, to me it’s not a surprise it hasn’t sold more, it’s a surprise it’s sold as well as it has. I did lose momentum after Flight 602 and momentum is important. I’m getting that back now. My best-of album Drum Machines & VHS Dreams dropped in 2014, The QNC album dropped in 2015 and this year I’ll be re-releasing Cold Water Music and recording my next Aim solo album so it’s moving again.
How is it going today? I mean the industry is in such a turmoil….. But vinyl is coming back…. And you’ve done cassettes again recently! Do you manage to live on the label and have enough money to produce old and new artists?
We’ve always existed on the industry periphery. We don’t move massive numbers so market fluctuations don’t have much of an effect, the ripples barely reach us. We just get on and do our thing and we’re lucky enough to have people out there checking us out and buying the records. I love vinyl and it’s great that more and more people are appreciating it again. I remixed a track from my ‘Drum Machines…’ album called ’True To Hip-Hop’ which we released on a really cool looking picture disc 7” single. The QNC album was on transparent red vinyl and my Cold Water Music LP will be ice-blue. I try to make every element of our releases as attractive as possible with high quality artwork, heavy card sleeves, coloured vinyl etc.
ATIC will be 10 years old in June 2016. Will there be a special treatment for your 10th birthday? Gigs or reedition? A compilation record with rarities maybe?
You’re right, I didn’t spot that! We’ll have to sort out a label party or something.
I’ve always had the feeling you’ve somehow sacrificed your own work those last years for ATIC Records and other artists…. Is it right or was it a personal aspiration to be more part of a collective or to work for others more than for yourself?
It wasn’t a collective as such. I just knew some artists I liked and respected who were making music I loved so I worked with them to release their records and really enjoyed doing it.
Would you say it was easier to work for others than to confront to your own doubts as a musician? A good escaping mode?
In a way yeah, it’s a lot easier overseeing someone else’s project. Over time though I realised it was making my own music that fuelled me and also that it was my old releases that were selling, funding the label and paying the bills so if we were going to keep it going I had to get back in the studio.
What is the most interesting part in running an independent label?
I’d say just getting to grips with all the micro-elements that go into releasing a record and dealing with the people involved directly.
What is your daily routine? Do you work all day for the label?
I have two children aged five and eleven so the first thing I do in the morning is get up, make breakfast and get them off to school. Then I’ll make some coffee and sit in the studio and go over my to-do list whilst listening to whatever track I was working on the night before. Then I’ll turn the equipment on and work all day and often into the night depending on what I’m on at the time.
After all these years, you’ve always stayed a very secret man. What does your personal life look like? Are you a family? Have you got kids, I don’t know, a pet dog? What do you do when you don’t do music? You seem to be as fit as you were when you were young… Do you practice sports?
It’s not so much that I’m secretive, I just don’t feel the need to share every detail of what I’m doing all day. If someone wants to know what I had on my toast this morning they can get in touch and I’d be happy to tell them. Publicity comes with the job though. You can’t expect a record to sell or gain any momentum if you’re not promoting it and bigging yourself up at the same time. Running my own label means I can afford myself the luxury of not doing every promo opportunity that comes along. Maybe I could sell more records if I put myself out there more but it’s all about finding a balance. When you’re on a label you’re obliged too do whatever they ask you to do. As for my personal life, I’m married with two kids and no pets. The only exercise I get is football training with my daughter. Aside from music my other great passion is movies. I love watching late 70’s, early 80’s exploitation horror films but even then I’m always listening out for little dialogue snippets I can sample.
What will 2016 look like for ATIC and for Aim ? I am sure you got plenty of material ready for release this next year? We won’t wait another 8 years, will we ? Any new about touring ?
We’ve got plenty lined up. The next release will be a re-issue of my first album Cold Water Music. It’s been fully re-mastered and I’m just finishing off a new remix of the album’s last track From Here To Fame. We’re looking at a summer release. Following that will be a 12” EP with QNC which will feature Curt Cazal remixes of We Don’t Play and How It All Got Started. Also included will be my remix of On The Block and an all-new track called Lyrical Expert. After that will be a Niko EP and a single with Mikey D.O.N. (Krispy 3). Finally, I’m working on some soundtrack music with Deadly Avenger, I’ve got a track on the go with Il Bosco (aka Crowhead) of Red Laser Records and I’m six or seven tracks into my next Aim album.
Ça fait grave plaisir de lire un article sur Aim… en français ! Un grand merci !
Passionnant. Merci.
Merci les amis. Ca fait effectivement grand plaisir de donner autant d’espace à Andy Turner qu’on suit depuis ses débuts ou presque chez Grand Central. La réédition de Cold Water Music cet été en vinyle devrait valoir son pesant de cacahuètes. Les précommandes sont ouvertes depuis hier (je dis ça je dis rien).