On a pris depuis longtemps déjà l’habitude de suivre les travaux musicaux de la fratrie James. Pensez donc : le frère, Bertrand, est le batteur au groove incroyable des géniaux Totorro quant à la sœur, Eléonore, Ellie pour les intimes, elle est membre active et voix affirmée de deux autres valeurs sûres rennaises, Mermonte et Bumpkin Island. Alors quand il y a deux ans, on apprit qu’ils s’étaient accoquinés avec la chanteuse et musicienne classique coréenne Yurie Hu pour créer La Battue, l’excitation fut grande et le premier ep, Search Party, largement au niveau des attentes. Un ep dont le temps ne parvient pas à épuiser la qualité même si la suite, pour le moment un second ep, est attendue avec impatience.
En attendant sans doute des jours meilleurs pour le sortir, ça n’est pas un mais deux os à ronger que le groupe féru du meilleur ami de l’homme et de la femme aussi livre ce printemps à ses fans avec deux singles numériques de haute volée, disponibles sur les plateformes habituelles, qui viennent petit à petit compléter la tracklist du futur disque, après Get, Set, Go! sorti en novembre dernier. Avec Tamsin Grey tout d’abord, publié en mars, petite merveille à la Rocketship ou le plus direct Watch Me qui sort ces jours-ci, dans un registre un peu psyché plus proche de Yeti Lane, le trio peaufine de façon très sensible son savoir-faire et sa formule batterie/claviers/voix. Alors que le premier, d’une facture plutôt classique, se construit sur une belle progression toute en subtiles variations, Watch Me, morceau écrit lors du premier confinement, quand on pouvait trouver assez excitant d’être isolés à la campagne et se préparer avec une certaine insouciance à la fin du monde est un morceaux à la structure bien plus expérimentale où se croise rythmique math-rock, claviers psyché ou IDM et chœurs sixties qui s’imbriquent à merveille sur une mélodie à tiroir de haute volée.
Déjà repéré par la célèbre marque d’anisette qui n’a, curieusement, jamais renié son soutien (évidemment peu désintéressé) à la live music des jeunes talents musicaux, le groupe attend avec impatience la réouverture des salles et propose sur ses réseaux des sessions live prometteuses. Autant dire que si la progression entre Search Party et ces titres se répète en vue d’un futur album, il faudra probablement s’attendre à quelque chose de vraiment marquant mais on n’y est pas encore, chaque chose en son temps. Plusieurs exemples récents, de Tapeworm à Beach Youth ont montré que les groupes qui savent prendre leur temps entre des EPs inauguraux prometteurs et le symbolique premier album parvenaient à franchir haut la main cette étape essentielle.