On l’avait annoncé et on le redit parce qu’on a maintenant l’album en mains (il sort le 19 janvier) : Glossolalie de STICK risque d’être la grosse affaire rap de ce début d’année, pour ne pas dire de l’année rap français tout court. C’est ce que confirme ce nouvel extrait de l’album, Quelques MC’s de moins, dont le clip, les textes et la musique (sur une prod d’Al’Tarba, encore lui) donnent une excellente idée du potentiel transgressif (exploité à fond ici) du bonhomme.
On ne donne pas cher de ce clip sanglant et ouvertement sexuel sur Youtube (tiendra-t-il seulement la journée?), pas plus qu’on ne sait si STICK passera la semaine lui-même ou s’il se fera découper menu par la concurrence qu’il n’épargne pas. Le « rap devenu pop urbaine » est dans la ligne de mire, avec ses petites baronnies populaires, ses prés salés sur les réseaux sociaux et ses têtes de gondole amidonnées. Avec le petit bonus : l’explosion de bombinette en concert apéritif, toutes les cases sont cochées pour que l’artiste de la CMF Records fasse l’objet d’un beau signalement par la police politique du net.
A la place de Maître Gims, de Jul et de quelques autres (on adore l’affreux trap de MHD), on lancerait immédiatement des légions de Droogies en représailles et on placerait un contrat (à durée indéterminée) sur la tête du lascar. Car, par delà la charge pleine d’humour et d’ironie, le bazooka est chargé avec du lourd et du… nominatif. Stick pousse au clash et passe la surmultipliée quand la Droogz Brigade se contentait de lâcher le morceau sans désigner les coupables, les enculer ou les éparpiller façon puzzle. Les punchlines sont imparables et l’équilibre entre le texte léger et tranchant comme l’air du pôle et la production à l’enclume boostée en basses d’Al’Tarba est imparable. Les illustrations à la South Park (conçues par le rappeur) ajoutent au côté trash talk du bad guy à la barbe d’épouvantail. « Ceux qui aiment le son me disent merci. Mais le rap serait mieux avec quelques MCs de moins. » Pas mieux. Il suffira de garder les bons.