STICK est de retour et toujours maboule. Comme le docteur ou n’importe quel cinglé d’arrière-cour le rappeur toulousain signe avec ce premier extrait de son album à venir, Glossolalie (sortie imminente chez Crazy Mother Fuckers bien sûr), l’un des morceaux les plus marrants, angoissants, déjantés de sa discographie qui compte déjà pourtant un bon nombre de… bizarreries.
Dégoupiller, avec à la production l’impeccable Swed, est un titre de rap hardcore qui s’amuse de la mode du trap en vogue dans les té-ci, entendre un machin ultra-répétitif, exagérément rythmé qui ne laisse aucune chance à une expression plus évoluée qu’une simple punchline ou qu’une idée simpliste. Le rappeur toulousain, pilier de la scène locale, montre une fois encore qu’il n’est pas « un MC de plus » (blague à 2 balles et éculée en référence au titre de son album d’il y a quelques années), en affichant un coefficient de dinguerie très largement supérieur à la moyenne. De projets en projets, Stick s’affirme comme le Philippe Katerine du rap hardcore, mélange de dynamite et de causticité, à demi ravagé, mais en beaucoup beaucoup plus dérangeant. Ses textes sont caustiques, extralucides, engagés, mais aussi désespérés et souvent complètement suicidaires.
« V’là-t’y pas qu’il nous fait du trap sous l’effet du crack / Sans laisser de trace, ça y est c’est le drame / Il essaie de dépravé à coup de CD gravé / Nos gamins déphasés, ce mec y faut l’écraser/
Le petit chaperon rouge à de la coke et de la vodka
Dans le panier, on la fucke dans l’escalier
Elle se tranche le poignet, mate le sang couler/
Palpe son pouls et kiffes à mort/
Oui j’adore parler de tout ces tarés qui t’entourent/ Qui rêvassaient en cours en menaçant un jour
De mitrailler le cours ou de faire un plongeon depuis le haut de la tour/
Pour l’au-delà, oui au-delà de nos oripeaux, on vomit trop
De saloperies néfastes et on calomnie mes phases/
Quand je parodie c’est naze, quand je colorie mes pages
… »
Comprenne qui pourra et jusqu’à quel point le territoire est ravagé. Entre drogue et rap, c’est comme entre boire et conduire, il s’agit de choisir dans quel sens on s’y prend. Vous me remettrez bien un doigt d’ultraviolence. – Dans le cul ou en infusion ? Le rap de Stick est exubérant du droit commun, choquant (on y trouve les mots pas très inclusifs de « tafiole » et autres antiquités verbales) mais d’une vivacité qui fait la réputation et la signature de la scène toulousaine. Le bonhomme fraie évidemment avec la Droogz Brigade et l’ensemble des sinistres MCs de la ville rose. Sa posture est toujours assez originale dans la mesure où émane de sa musique une méfiance/distance de plus en plus grande vis à vis du genre dans lequel il évolue. Stick n’aime pas le rap. Il s’en méfie, défie pour sa manière de se donner un genre, pour sa façon ostentatoire de brasser les mêmes thèmes en pilotage automatique. L’originalité du gaillard est de toujours rechercher l’angle le plus destructeur et inattendu pour faire son office. Sur ce premier extrait, c’est plus que réussi.