On a déjà dit lors de sa sortie en décembre 2017 tout le bien qu’on pensait du morceau, Want, qui donnait son titre à la dernière sortie discographique de l’ami Scalper, Want EP. Mais ce n’est pas une excuse pour ne pas en recauser maintenant que le morceau phare de cet Ep revient avec un clip tout neuf et tourné comme le précédent à Nancy, lors de la tournée française du bonhomme.
Il faudra bien un jour que le monde se rende compte que ce type est le mélange idéal d’un Gonjasufi et d’un Tricky, menaçant, planant et en même temps pertinent sur chaque note et chaque vers qu’il prononce. Sur ce morceau, on pénètre avec lui dans une interrogation qui renvoie à nos peurs intimes les plus fortes : « do you want it ? «
C’est à la fois bête comme chou mais décisif, si l’on pense que la question s’applique aussi bien au registre personnel qu’au registre politique. La question du consentement, exprimée dans un tel contexte anxiogène, renvoie à la question de la démocratie, de la fabrication de la loi, du consentement sexuel ou de la violence légitime. A-t-on signé pour ça ? Où s’arrête et démarre la conduite violente ? Est-ce qu’expulser des beatniks dans un terrain vague ligérien est une violence légitime ? Est-ce qu’on trouve ça bien ou normal ? Est-ce que vendre une société publique ou exposer ses salariés à la vindicte populaire est une chose qu’on souhaite ? Est-ce qu’on veut le mensonge ? Est-ce qu’empêcher qu’un dictateur bombarde des gamins avec des produits chimiques est un truc pour lequel on est prêt à vouloir quelque chose ? Ou à agir ? On peut évidemment penser (et on aurait raison) que le morceau de Scalper n’a pas été écrit en pensant à ça… mais c’est tout le génie de ce morceau que de renvoyer au coeur, à l’os et à l’essence-même des choses. Scalper est un rappeur philosophe. Ce n’est pas le plus grand beatmaker du monde mais son savoir-faire de soufi venu du rap hardcore continue de nous hypnotiser. On ne sait pas du tout si le single de l’an dernier sera enfin suivi d’un nouvel album ou d’un nouveau EP en 2018 (la seconde option semble tenir la corde), mais on a bien besoin de ça par les temps qui courent. Il est sans doute bientôt l’heure de ramener des trophées.
Crédit photo : Stéphane Duarte.