Retrouver les lowlands urbains du label This Is Not Pop est toujours un gage de bon moment bien noir qui chatouille nos tympans. Illvminate de Texture & Asthmatic Astronaut ne fait pas abstraction.
Par contre, on délaisse au moins partiellement les terres écossaises actuelles pour mieux visiter les confins des territoires de l’infini. Le travail de beatmaking d’Asthmatic Astronaut confère à Illvminate un caractère haletant. L’air s’y fait rare tout en restant toujours suffisant grâce aux inhalations rythmées du metteur en son. Ce décorum musical est en parfaite harmonie avec les suffocations quantiques de Texture. Celles-ci sont lentes et s’allongent pour mieux profiter de l’apesanteur ambiante.
Illvminate force le rap à se consteller de nappes définitivement électroniques pour lui donner une atmosphère qui renvoie aux recoins les plus sombres du cosmos. On se prendrait à rêver d’y croiser James Holden et l’équipage du Rocinante. Le protomolécule hip hop servi par Texture & Asthmatic Astronaut s’évertue à creuser un caractère alternatif dont la gravité s’approche constamment du zéro. Il n’y a guère que le morceau de conclusion Robocopppp qui dépareille. A coup de 8-bit, Asthmatic Astronaut arme Texture qui devient le temps de quatre minutes le justicier métallique.
En bref, Illvminate est dense et dégage une cohérence maîtrisée redoutable. Avec constance, le duo britannique joue avec le réel pour mieux le dépeindre avec une nonchalance futuriste communicative. Nonobstant son aspect lunaire, cet album se veut comme un space [hip]opera ou une anticipation rapologique dystopique qui reste ancrée dans des considérations biens contemporaines. This Is Not Pop et sa Mecque du rap alternatif écossais auront une nouvelle fois réussie à nous placer dans des temps et lieux plus lointains avec brio.