Depuis bientôt dix ans, les Américains de The Fresh & Onlys enregistrent des albums aventureux mais humbles. Pas question de la ramener, de verser dans l’olympique ou de prétendre à autre chose qu’un bel artisanat. Le groupe, avide de musique, s’est toujours refusé à choisir un chemin précis, un style parfaitement reconnaissable : la pop cristalline vire au psyché, le post-punk fraternise avec le garage, l’élan krautrock se teinte d’un lyrisme inattendu.
Wolf Lie Down (Sinderlyn Records) ne bouleverse en rien le parcours des Fresh, et c’est très bien ainsi. En territoire acquis (conquis), l’auditeur retrouve ce curieux mélange entre la noblesse mélancolique des Go-Betweens, le lyrisme contenu des Blue Orchids, voire la douceur traîtresse des Smiths ou de Beach House – avec plein d’envolées spatiales.
Surtout, again and again, l’incroyable puissance vocale de Tim Cohen atteint les cœurs : ce type pourrait chanter sur un morceau médiocre qu’il réussirait quand même à lui donner de la chair, une raison d’être. Car Tim n’écrit et ne s’exprime que lorsqu’il en ressent un sincère besoin. Chant exorcisme ? Peut-être. Voilà qui permet aux Fresh & Onlys d’obtenir une consistance éternellement reconduite.