C’est la nouvelle la plus excitante depuis l’invention du vaccin anti-Covid : Morrissey vient d’annoncer officiellement qu’il avait mis la dernière main à son nouvel album, quelque part dans un studio de Los Angeles. Après avoir perdu sa mère l’an dernier et traversé une énième mauvaise passe, l’ancien chanteur de The Smiths a donc trouvé le temps (comme on le soupçonnait, en ayant vu les nombreuses photos postées ces derniers mois avec ses musiciens) de composer le successeur de I Am Not A Dog On A Chain, disque qu’on avait assez bien jugé à sa sortie et qui continue de marquer des points mois après mois, malgré une production quelque peu déconcertante.
Le nouvel album, qui n’a pas de date de sortie, et pour cause Morrissey n’a plus de maison de disques, s’appelle Bonfire Of Teenagers (au choix feu de camp pour adolescents, ou feu de joie AVEC des adolescents), titre plutôt prometteur et qui évoque cette période plutôt heureuse où Morrissey chantait la jeunesse des gangs (The First of The Gang To Die, etc). La tracklist laisse présager un album assez sombre, hanté comme le précédent par des figures iconiques de la vie du chanteur : Jack Kerouac (sur un titre qui fait référence à sa dépression bien connue postérieure au succès de la Route), l’actrice à forte poitrine Diana Dors ou (peut-être) James Dean sur le bien-nommé Rebel Without Applause. I Am Veronica pourrait faire référence au combat des femmes hispaniques pour un meilleur traitement, tandis qu’on imagine bien I Ex-Love You comme une tentative de surfer sur la génération 2.0. Le morceau titre, My Funeral et Saint In A Stained-Glass Window, laissent présager un mélange de violence et de réflexivité qui donnent envie, tandis que la pochette supposée reprend une photo du jeune Morrissey en pull à coeur dupliquée 6 fois et surmontée d’une police immonde. Si l’homme a perdu complètement son bon goût pour l’imagerie, espérons qu’il n’ait rien perdu de sa verve et de son engagement.
On en dira plus dès que d’autres informations déboulent, notamment sur la façon dont on pourra écouter ce mystérieux album que le site officiel dit qu’il est à vendre… au plus offrant. Producteurs, labels, à votre bon coeur. En rupture de ban avec tous ses soutiens, on ne doute pas cependant que Morrissey trouve un asile rapide chez tel ou tel, lui qui a toujours refusé de s’autoproduire.
La Tracklist selon le site officiel Morrissey Central :
01. I Am Veronica
02. Rebels Without Applause
03. Kerouac’s Crack
04. Ha Ha Harlem
05. I Live In Oblivion
06. Bonfire Of Teenagers
07. My Funeral
08. Diana Dors
09. I Ex-Love You
10. Sure Enough, The Telephone Rings
11. Saint In A Stained-Glass Window
Pour trouver asile, je suis moins optimiste que vous. Le rock ne pèse plus rien économiquement. Du coup, il est plus vulnérable aux injonctions au politiquement correct cuvée 2021 que au hasard… le hip hop, seul business brassant de l’argent dans l’industrie musicale actuelle. A la limite peut être sur un label mexicain.
Bonne idée le label mexicain. Ca aurait une sacrée gueule. Morrissey a surtout la réputation d’être ingérable. Ceci dit, sa renommée est telle qu’un label pourrait se laisser tenter par envie, goût, ou pour rechercher de l’exposition. En Angleterre et aux Etats-Unis, le fond de sauce raciste qui l’accompagne désormais (en partie à tort à mon sens) a fait son office et risque de rendre la prise de risque plus difficile pour beaucoup. Et je suis sûr que c’est le genre d’artiste qui garde des exigences financières importantes…. Bref, tout pour plaire.
@Benjamin:
Je sais que le débat a été fait 10 000 fois mais… Pourquoi les mêmes ne trouvaient rien à redire lorsqu’il déclarait regretter que l’IRA ait raté Thatcher? Ou lorsqu’il déclare la même chose concernant la tentative d’assassinat du Prince Charles? Et à part le FBI j’ai pas entendu beaucoup de monde s’offusquer de sa volonté d’assassiner Trump s’il le pouvait. Bel exemple d’indignation à géométrie variable. Pour le label mex, c’était une boutade mais effectivement c’est plausible…
Vous voyez juste Zimmy. Peut-être qu’il manque un peu de diversité intellectuelle (c’est un pléonasme ironique) chez certaines personnes à des postes d’influences (journaux, TV, labels, etc.). Et un peu de nuance. Et, comme l’appellerait l’écrivain Bret Easton Ellis – qui a subit de grosses critiques en décidant de ne se ranger derrière personne pour la présidentielle de 2016 aux US -, la génération numérique « ouin-ouin », dès qu’elle voit certaines de ses statuettes (les sujets tabous sus-cités) ébranlées, eh bien on passe le fautif à la trappe. Tolérance zéro. Est-ce une bonne chose? Qu’il y ait des sanctions réputationnels (voire juridiques quand cela le mérite), OK ; mais qu’il paye le prix de se trimballer des boulets de prison tout le temps… Je tiens à dire que je ne suis absolument pas d’accord avec toutes les positions de Morrissey, encore moins sa manière de le dire (même si on aime, au fond, les grandes gueules). Mais je sais aussi ce qu’est un rockeur (et tout ce que cela comporte comme bons ou mauvais côtés), soit une matière humaine excessive. D’ailleurs, qui n’a jamais dans un mauvais moment « mal pensé » ou dit une connerie honteuse de sa vie? C’est nier la volatilité de la nature humaine de réagir avec un tel puritanisme en le laissant dans son coin. D’ailleurs, BEE en parle dans son dernier ouvrage « White » non pas en défendant Morrissey, mais en attaquant la ribambelle de pleureurs qui s’indignent à géométrie variable, qui sont inconstants et font des jugements à virages quand ça les arrange.
D’ailleurs, concernant l’épisode des Simpsons : je les ai connus un peu plus courageux. Je n’ai jamais adoré, et il m’arrivait de regarder enfant sur W9 sans en saisir toutes les private jokes, culture ricaine oblige. Mais je voyais que l’heure était un peu plus à la nuance déjà à l’époque.
Pour reprendre le cas Morrissey et BEE, ce-dernier disait qu’une partie de ses inimitiés venaient d’un camp du bien tourné vers le progrès, qui serait devenu trop moral et vertueux, prude, ce que je pense vrai. Je pense qu’être une rock star et de pousser une gueulante, quitte à dire une belle connerie, n’est plus permis. Seulement pour certains artistes, comme les rappeurs. Et encore : seulement certains sujets-totems. Regardez ce qui est arrivé au pauvre Kanye West et les critiques racistes de gens… démocrates. Ce qui cache un bien grand mal, à mon avis. On pourrait en parler des heures de ce sujet, qui concerne beaucoup d’artistes. Au final, c’est perdant-perdant, pour tout le monde. Mais, je pense qu’un jour, cette course à l’hystérie s’arrêtera. J’espère. Dès lors, tout le monde se portera mieux.