Excellente nouvelle : Pavement n’est pas mort, se prénomme dorénavant The John-Pauls, vit au Texas et enregistre des titres toujours aussi mélodiquement branleurs. En effet : en quatre morceaux secs, courts et directs, ce trio (mené par Phillip Niemeyer, Mark Fagan et Mikila Zaorski) ressuscite les émois adolescents procurés par, au hasard, Loretta’s Scars, Summer Babe et Chelsley’s Little Wrists (trois des plus beaux titres du monde). Car The John-Pauls semble n’avoir jamais survécu à la découverte Slanted & Enchanted (du reste, nous aussi), jusqu’à retrouver ici la gouaille vocale de Stephen Malkmus (ce mélange, si rare, si précieux, entre camaraderie, flegmatisme et méga supra cool attitude). Ne pourtant pas ranger The John-Pauls dans la catégorie des habiles faiseurs, ni même dans une filiation Musée Grévin. Il y a, chez ce groupe foutrement habile, un parfait dosage entre mélodies fracassées, dérives électriques et nonchalance faussement je-m’en-foutiste. Comme chez Pavement donc, mais aussi le Sonic Youth de Death Valley ‘69, ces américains fortiches camouflent leur aspect Ronettes derrière un jeu génialement désaccordé, derrière un très ironique no future. Il ne s’agit évidemment pas d’une jeunesse qui s’emmerde et trompe l’ennui dans le fracas des guitares (sur ce point, le groupe canalise tous débordements, évite la note superflu, préfère l’épure au vandalisme) : si une quelconque frustration se dévoile à l’écoute de cet EP, elle concernerait l’auditeur qui verrait bien Island Of Lane et Lets Burn Down Westlake déployer leurs forces durant quelques minutes supplémentaires…
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