Après un DVD live enregistré avec l’Androma Mega Express Orchestra paru en 2012, les Munichois de The Notwist nous reviennent avec leur premier véritable disque live. Superheroes, Ghostvillains & Stuff est la capture sonore de l’intégralité de leur concert donné le 16 décembre dernier à Leipzig.
The Notwist, a contrario de ses membres et des leurs multiples projets, n’a jamais été un groupe prolifique. Neuf albums, dont deux bandes originales pour documentaires/films, en vingt-six ans de carrière ; les deux premiers disques du groupe étant sérieusement connotés hardcore. C’est donc dire si les Allemands savent prendre leur temps entre chaque enregistrement. Ce qui ne veut pas dire, les années passant, que la musique du groupe n’évolue pas. Au contraire, c’est une véritable mutation que subissent les morceaux de ce groupe au fur et à mesure des tournées. Ce disque en est la preuve absolue. Sans Martin Gretschmann, alias Console, le sextet livre un concert euphorisant, subtile et riche en surprises. Le début du concert fait la part belle au dernier album. Close To The Glass (City Slang – 2014) occupe en effet les quatre premiers titres de la setlist. Débutant avec They Follow Me, plage finale de cet album, et incluant l’excellent single Kong dans une folle version de plus de six minutes et une de pas loin de huit minutes de Into Another Tune, Markus Acher et ses acolytes vont ensuite se replonger dans leur disque culte, Neon Golden (City Slang – 2001), en interprétant consécutivement trois compositions de celui-ci. Le classique Pick Up The Phone, le fougueux One With The Freaks qui se termine avec un sample de Last night a DJ saved my life d’Indeep et enfin le rageur This Room où guitares et électronique se conjuguent à merveille. Le premier disque se conclue avec l’inattendu One Dark Love Poem, rock à souhait et exilé de Nook, second essai des bavarois (Big Store Records -1992).
Les Allemands ont souvent excellé dans l’art d’étendre les versions de leurs compositions sur scène. Résultat, Trashing Days qui ne dépasse pas les trois minutes trente à l’origine sur Neon Golden frôle les ici les huit minutes, avec cette extension électronique hypnotisante qui ravit nos oreilles. Le mélancolique Gloomy Planet, rare retour dans ce concert vers The Devil, You + Me (City Slang – 2008), lui ensuit, et sur laquelle le timbre de Markus Acher, au même titre que celui de Barney Sumner de New Order, s’avère tout proche de la correctionnelle. C’est d’ailleurs aussi cela qui rend ce(s) groupe(s) si attachant(s) ; cette maîtrise teintée de fragilité. Run, Run, Run illustre quand à elle avec maestria l’évolution musicale donnée par le groupe à ses compositions. Ici le morceau, à la base électro-pop, se transforme en véritable hymne musical taillé pour les dancefloors. Sur scène, les Allemands prennent un véritable plaisir à malaxer, développer et recréer leurs chansons et c’est ce qui fait sa force. Rien ne semble figé dans la musique de The Notwist. Neon Golden, qui ne ressemble presque plus en rien à l’originale, enchaîné à une version dance de Pilot nous entrainent dans vingt minutes de pure folie électro. Il fallait bien un Consequence des familles pour nous remettre de toute cette énergie déployée. Celui-ci se voit complété par deux minutes de Gone Gone Gone concluant ainsi de la plus belle des manières un concert de très haute volée.
Pendant une heure et quarante minutes, les bavarois nous régalent donc de leurs folles expériences électroniques, toujours mélodieuses et inspirées. Ce double cd/triple vinyle est bien plus qu’un album live. C’est un voyage à travers la musique de six musiciens décidément pas comme les autres qu’on aura toujours plaisir à retrouver sur scène.