C’est un quarante-cinq tours paru en avril dernier à l’occasion de la dernière édition du Record Store Day qui fit office d’annonce du troisième album de Hope Sandoval And The Warm Inventions. Les trois minutes de Isn’t It True nous replongeaient dans l’univers cotonneux de la belle. Un tant soit peu décevant par son manque d’originalité, la chanson avait au moins le mérite de servir d’éclaireur à Until The Hunter, nouvelle pierre à l’édifice sombre et divinement mélancolique de l’américaine.
Into The Trees ouvre l’album et débute cette parfaite immersion dans le monde pour le moins désenchanté de Hope Sandoval. Véritable épopée longue de neuf minutes, Into The Trees s’apparente à une incantation aux ténèbres. Déployant les sonorités d’un orgue lancinant sur lequel la voix chaude et sensuelle de la cinquantenaire vient se poser avec grâce au titre d’accompagnatrice d’une mélodie hypnotisante et sensuelle. La magie opère d’entrée avec une telle entrée en matière. The Peasant qui lui ensuite se montre bien plus classique, notamment avec ses guitares lorgnant vers Mazzy Star, le groupe dans lequel elle officie en compagnie de David Roback. Alors, on se dit qu’une fois encore la prêtresse californienne va utiliser les mêmes recettes que pour ses disques précédents. Eh bien non ! A Wonderful Seed, sublime conte aux accents médiévaux, s’immisce brillamment dans l’album.
Le second simple extrait d’Into The Trees, Let Me Get There sorti en 10’’, est un single sensuel enregistré en compagnie de Kurt Vile. On ne retrouve peut être pas dessus la sulfureuse ambiance Gainsbourg/Birkin sur Mélody Nelson, cependant l’audacieux duo titille les sens avec son côté langoureux et long de plus de sept minutes (la version du single dépasserait les neuf minutes). C’est donc souvent sur les morceaux les plus longs que Hope Sandoval nous surprend vraiment mais pas uniquement. On l’a déjà vu sur A Wonderful Seed. C’est aussi le cas avec Salt Of The Sea, odyssée nocturne et solitaire empruntant des méandres mélancoliques, ou encore avec I Took A Slip, acoustique et gitane, sublimée par un violon sorti d’une ambiance tzigane. Liquid Lady clôture l’album de la plus belle des manières avec son ambiance Lynchienne. On peut d’ailleurs s’interroger si le réalisateur n’utilisera pas cette petite merveille dans la bande son de la nouvelle saison de Twin Peaks.
Long d’une heure ce nouveau disque ne décevra pas les fans de Mazzy Star et de Hope Sandoval. Sans totale révolution, Until The Hunter n’est cependant pas une répétition des opus précédents. Beaucoup plus réussi que le dernier Mazzy Star, cet album constitue une nouvelle envolée mélancolique de premier choix. Belles du début à la fin, les onze compositions n’ont pas fini d’occuper nos nuits.