Ex:Re tutoie l’état de grâce sur son premier album

Ex-ReEn escapade solo de son projet principal, Daughter, la belle Elena Tonra livre avec Ex:Re, l’album, une première collection de chansons sous un nouveau nom, Ex:Re (le groupe) avec une réussite assez extraordinaire. En mode quasi acoustique mais avec la même profondeur sombre et la même intensité que sur ses travaux de groupe, Elena Tonra nous offre dix chansons passionnantes qui fonctionnent comme l’observation méticuleuse et quasi scientifique d’une rupture amoureuse, la sienne.

On imagine que le projet est né d’un traumatisme personnel (plutôt courant de fait) et d’une volonté d’exprimer toute la violence et la détresse, mais aussi le sentiment de délivrance, attachés au dégagement d’une relation intense mais toxique. C’est toute cette ambiguïté entre la tristesse, le soulagement, l’espoir et le désespoir que reflètent les dix chansons. Elena Tonra y dégage, par son chant, une sensualité irrésistible, une envie de la protéger, de la consoler mais aussi de l’aimer à nouveau qui émeut profondément l’auditeur. Ces sentiments sont parfaitement rendus dans le morceau phare (et clippé) du disque, The Dazzler, où l’on  retrouve toute la richesse portée par la jeune femme. Les arrangements sont minimalistes, emportés par une rythmique qui, par sa portée en basses, confine parfois aux sonorités trip-hop. On pense à Portishead par moment mais aussi à Black Box Recorder ou même aux Cocteau Twins. Le sentiment d’immersion dans une féminité brisée est réellement épatant et bluffant. Les textes sont précis, terre à terre mais contribuent à nous engager dans une bulle mélancolique aussi confortable que tragique.

« Drunk in my hotel room
I look perfect
I look like I’m 24 before I caught your coldness
God I’m gorgeous
I keep begging for late checkouts
Let me stay here
Let me live here
In room 232 till I expire
I can shower for hours
Leave the lights on
I’m not paying those bills »,

chante Tonra ici, enivrée autant par l’alcool et les pilules que par l’exaltation de sa propre tristesse. C’est exactement ce à quoi conduit l’écoute de Ex:Re, le sentiment délicieux qu’on pourrait mourir dans l’heure et connaître l’expérience la plus réussie de toute notre vie. Passionnant en tout cas.

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