Wand / Vertigo
[Drag City]

8 Note de l'auteur
8

Wand - VertigoLe groupe de Cory Hanson a toujours eu ses supporters depuis une dizaine d’années. Présentés comme les chouchous et compagnons/amis d’un Ty Segall, pour lesquels ils ont fait office parfois de groupe de scène, les Wand ont signé cinq albums et un live en dix ans, parmi lesquels on aura surtout aimé (et à vrai dire, prêté attention aux…) les trois premiers (Ganglion Reef, Golem et 1000 Days) avant de les trouver trop ou pas assez bizarres à notre goût pour poursuivre l’expérience. Vertigo met fin à une période incertaine pour le groupe de Los Angeles qui a enregistré quelques départs dans son line-up et dont le leader a poursuivi sur 2 ou 3 albums une carrière concurrente en solo, assez nerveuse et réussie. La question qu’on se pose toujours avec Wand est de savoir à quelle chapelle les rattacher, d’identifier précisément quel genre de musique ils cherchent à faire. Le groupe a un côté américain qui peut les amener à incorporer de temps à autre un côté blues rock ou western. Ils ont été rock, avec des guitares bavardes, garage déviant façon Big Star du pauvre, voire un peu expérimentaux.

Vertigo est plutôt dans cette veine d’une recherche musicale avancée dans un territoire qui n’est pas sans rappeler Radiohead, l’électro en moins, la voix de Cory Hanson pouvant faire penser parfois à celle de Thom Yorke. Le disque parle d’une exploration interne, d’une carte qui ouvre de grands espaces fantasmatiques, solaires et quasi galactiques, comme s’il s’agissait d’un trip ou d’un voyage psychédélique. Il y a des écho jazzy comme sur le formidable JJ, qui évoque le destin d’un enfant (?) cloué devant sa télé et qui s’évade dans sa tête…

All the time you spent
You got to be running from your head
You wеre just a little child at heart
All thе time you spent inside your head
You were on T.V
All of your programs every hour
All the time you spent
There was no reason to relive it
There was no need to spell it out
All the time you spent

.. Mais aussi une prise d’amplitude rock comme sur le tout aussi excellent Smile, voire une signature mi-industrielle mi-mainstream sur le fascinant Hangman qui ouvre le disque. L’album est un peu lent et mélancolique. Il intrigue dans sa tentative de faire le grand écart entre un univers qu’on perçoit arty et une aspiration à sonner dans l’évidence. D’aucuns déploreront qu’il manque de pêche et de dynamique mais cela n’enlève pas grand chose à son pouvoir de séduction.  La mélodie est répétitive et la progression naît de reprises de motifs de plus en plus serrés. Les textes parlent de confiance, de mensonges, de relations diluées ou sabordées. La voix plaintive et consolatrice de Hanson fait merveille sur ces pièces en diffusant un mal-être véritable que la musique va chercher à rendre universel. Sur le complexe Mistletoe, le groupe fait voler en éclats le format chanson traditionnel pour proposer une variation pop rappelant Dry Cleaning au masculin. Le tout parvient facilement à créer une vraie ambiance, à faire planer sur le disque une mélancolie soyeuse et lumineuse qui, conjuguée à la jolie voix de Hanson, donne à cette musique complexe et sophistiquée un vrai attrait mainstream.

Malgré l’exigence des compositions, on peut écouter le disque en chillant et en se laissant faire par cette caresse veloutée. Lifeboat fait partie de ces chansons anodines qui sauvent littéralement la vie. Son enchaînement avec le quasi shoegaze High Time, est un vrai bonheur, le second morceau venant rappeler que Wand était aussi et jusqu’à présent un groupe plus abrasif que ce que ce nouveau disque nous en laisse voir. S’endormir ou décoller sur le final Seaweed Head il faudra choisir. L’ambiance est parfaite pour roupiller et tenter une entreprise de sortie de son propre corps.

Pas certain que ce Vertigo soit perçu comme un disque important ou épatant par ceux qui l’auront entre les oreilles. Il présente toutefois une texture, un angle, une approche plus que stimulants et pertinents. On est prêts à parier que ce disque se bonifiera au fil des écoutes jusqu’à ce qu’on en fasse un compagnon à part entière. Mais on pourrait tout aussi bien l’oublier et ne plus jamais l’écouter.

Tracklist
01. Hangman
02. Curtain Call
03. Mistletoe
04. JJ
05. Smile
06. Lifeboat
07. High Time
08. Seaweed Head
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