A force de chercher des alternatives crédibles à Lana Del Rey, on croise chaque semaine une flopée de jolies chanteuses à la voix aimable et aux belles manières qui opèrent dans ce registre mêlant sensualité naturelle (autrement dit « une beauté évidente »), un bel à propos musical (autrement dit « pas mal d’opportunisme ») et une intelligence remarquable (autrement dit « un bon positionnement marketing »). Notre nouvelle chouchoute dans le genre est sublime, rousse, Américaine et s’appelle Allison Ponthier. On se demande toujours après quelques dizaines d’écoute de son premier EP, Faking My Own Death, si on doit la chérir ou la considérer comme un non événement absolu.
La jeune femme est originaire du Texas. Elle a débarqué à New York dès la fin de l’adolescence pour étudier le jazz (qu’elle a abandonné assez vite) puis s’adonner à une existence bohème mêlant mannequinat, sculpture et chanson, avant de s’installer plus durablement dans la peau d’une chanteuse. Son premier morceau véritable (elle a signé des trucs RnB qui traînent encore à droite à gauche avant de se raviser), Cowboy, a cartonné et chacun des titres de son premier ep, du titre éponyme à l’impeccable Tornado Country, renvoie à une forme de tradition country pop nostalgique et rétro réinterprétée à l’aune d’une sophistication pop branchouze. Autant dire un territoire déjà hanté, défriché et en partie occupé par la belle Lana Del Rey, depuis une décennie.
Allison Ponthier est un peu plus fraîche et naturelle (autrement dit « pas encore trempée dans le formol »), mais on peut lire dans son parcours une recherche de new authenticity qui nous met sur la réserve. Ses premières chansons sont lisses mais irrésistibles, accompagnées de clips eux-mêmes très créatifs et astucieux. Est-elle une grande artiste en devenir ou juste la prochaine future coqueluche du milieu, vouée à figurer dans tous les magazines pour sa bonne bouille plus que pour ses chansons ? Notre coeur balance : chacun des morceaux qu’elle a sortis est à la fois convaincant et assez vite horripilant, mais l’ensemble est probablement plus esthétique que véritablement marquant. A 25 ans, Allison Ponthier trimballe aussi un récit personnel chargé de petite fille de la campagne venue vivre et découvrir son homosexualité et exprimer son tempérament artistique à la ville. Un joli conte de fées, qu’on est prêt à croire bien entendu. Pourvu que ça dure.
Tomber amoureux ou pas : telle est la question ?