ISS, révélation de l’année : 2021, année punk ?

ISS - SpikesTechniquement le mini-album des Américains d’ISS est sorti en 2020 et pas en 2021. Mais il donne résolument le ton de l’année à venir. On avait croisé le groupe de Caroline du Nord il y a quelques années pour un 4 titres à la couverture assez cool (un caniche portant un tee-shirt de vache) paru chez Sorry State Records, avant de les perdre de vue.

Cette fois-ci, ce qui semble toujours un duo (mais qui fait autant de bruit qu’un orchestre symphonique sous crack), revient tout en colère avec un 5 titres formidable et qui fait penser, par son urgence, sa rage et son humour sous-jacent, à un retour aux affaires du PIL de 1978. Spikes, c’est le nom du EP/miniLP, est ce que vous entendrez de plus vigoureux en ce début d’année et un disque qui fait relativiser la radicalité des vétérans de Sleaford Mods.

Emmené par deux gars, Eddie et Rich, survoltés et dont on ne sait pas bien qui fait quoi, les ISS exécutent ces 5 morceaux à une vitesse supersonique et avec un détachement (pas du tout coupable) qui rappelle les meilleures séquences d’un Ty Segall vraiment concerné ou d’un Jay Reatard débridé et dingo. La rythmique sur (Met)forming est terrible mais il faut surtout s’arrêter sur l’énorme Cellmate qui en une minute trente n’est rien moins que le titre le plus atrocement cool qu’on a entendu en ce début d’année. Le texte fait écho à l’enfermement/confinement actuel (une cellule de prison), entre amis ou dans le couple, et aux envies de meurtre qu’il soulève. La musique est lugubre et dansante, synthétique et proche de la perfection. C’est minimaliste, jeté par dessus la jambe mais un mini-chef d’œuvre qui vaut le déplacement sur le profil Bandcamp du groupe (à écouter aussi ci-dessous) où on peut écouter et réécouter ce joyau du Nouveau Monde.

« I’m your cellmate in our eternity hellscape and i really do appreciate the company. You must not hate mine to death because you haven’t stuck me yet or even tried to smother me asleep in bed. Our sentences may not be so bad after all. Domestic euphoria within prison walls. All other paths must be forsaken: mafia, brotherhood, nation. You and me thickest of thieves allegiant just to love. »

Les ISS sont plus que des revivalistes punk hyper doués. Ils n’hésitent pas à incorporer des samples et des effets spéciaux à leurs titres qui accumulent les blagues débiles et les références à une culture pop ou post-machintruc qui nous échappe. Ce qui est certain c’est que ces deux types s’en branlent de tout et que l’effet produit est maximum. « Nostalgia’s the devil and i’ve got a winn dixie bag full of all his old bullshit« , chantent-ils sur Popes, Queens, Wings and Things, comme un manifeste.  Quitte à cracher sur l’ordre établi, autant le faire dans une totale absence de style et de retenue. 2021, année punk, cela se précise. Tant pis pour eux et la clique.

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