When We Fall : le clip qui a le Beak> dans l’eau…

Beak> >>>Un jeu de mots foireux est rarement suffisant pour justifier qu’on parle d’un morceau. Alors puisque personne chez nous ne s’est encore penché sérieusement sur l’album >>> des Anglais de Beak> qu’on avait annoncé il y a quelques mois, disons que présenter When We Fall s’impose pour dire et redire tout le bien qu’on pense du groupe de Geoff Barrow.  Le morceau est dans le ton des titres de ce nouvel opus, automnal et tristement mélancolique. C’est un titre aux accents folk qui fait penser à The Bevis Frond ou à King Crimson, un peu rétro et un peu psychédélique sur les bords, souffreteux et doux comme une plume de cachalot. Beak> a toujours eu de faux airs de The Declining Winter, exprimant cette même désolation naturelle devant des paysages aussi déserts qu’inhospitaliers. Là où les uns s’apitoient dans la verdure ou la pâleur d’une campagne rase, les Bristoliens trimballent leur spleen le long de côtes rocheuses, plantées de mousses et d ‘ajoncs roux. As We Fall ne fait pas exception, aussi smooth que lâche, aussi lent que nonchalant.

Le clip associé à ce superbe morceau au classicisme désuet, simplement modernisé par une électronique de la discrétion, est signé par l’ancien écrivain et néo-cinéaste Alex Garland, dont le beau parcours mérite bien lui aussi un petit résumé. Révélé par le bestseller à succès (et très à agréable à lire), La Plage, Garland a signé un autre roman fascinant, The Tesser Act, qui renvoie à l’univers kaléidoscopique du clip réalisé pour Beak>, à la façon de la Jetée. C’est de là qu’il est parti pour scénariser chez Danny Boyle, sur 28 jours plus tard notamment et Sunshine avant de passer lui-même derrière la caméra en signant, entre autres, les très beaux (et assez peu incarnés) Ex Machina et Annihilation. On retrouve dans son clip sa signature lumineuse, ses éclairages caractéristiques et plans fugaces, dont la substance même renvoie à cette idée selon laquelle l’humain pourrait bien disparaître bientôt. Il n’était pas incongru dès lors que Beak> et Garland fasse équipe l’espace de quelques minutes pour signer cette ode à la disparition et à une lamentation trop humaine.

When We Fall est l’un de ces morceaux oubliables qui ne feront que passer entre vos oreilles, mais non sans avoir (ce qui est leur vocation) laissé derrière eux une trace fine et indélébile qu’on baptise généralement du nom de beauté.

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