8 ou 9 bonnes raisons de venir voir Babybird le 15 octobre au Festival Outsiders

BabybirdSi vous suivez les affaires musicales de loin, vous vous demandez sûrement ce qu’il y a d’exceptionnel dans le line-up du festival Outsiders dont on vous rabâche les oreilles depuis plusieurs mois. On a eu l’occasion de présenter la singularité de nos outsiders en chef du jour 2, le duo Hifi Sean & David McAlmont, en évoquant le parcours de leur chanteur : il nous fallait revenir rapidement sur la carrière atypique de notre tête d’affiche du 15 octobre : Babybird.

Outsider par excellence, entendre par là, comme l’a dit Gontard qui le précèdera dans sa pastille récente, un “semi-loser” ou une terminologie capitaliste désignant un Maverick, un type qui navigue entre deux eaux troubles, celles du succès absolu (ou relatif)/du triomphe et du désastre. Car c’est bien de cela dont il s’agit avec Babybird, un type sans doute plus productif, plus doué, plus inspiré qu’aucun autre mais qu’on a amené à vivre dans un réduit bien plus petit que lui depuis… 15 ans.

On connaît l’argument de ces gens là : si vous n’êtes pas plus gros que ça, plus célèbre, plus riche… c’est sans doute que : vous l’aviez bien cherché/vous n’êtes pas si brillant que ça/vous n’avez pas fait ce qu’il fallait. Et c’est là aussi une demie-vérité et une vraie connerie. Bien malin celui qui dira quand et pourquoi ça déraille, celui qui saura pourquoi et comment ça prend ou ne prend jamais. Il faut bien avoir en tête que cette question de la carrière, même et surtout dans un système capitaliste comme celui de l’industrie du disque, avec des divisions, du marketing, des sourdes oreilles, des obligations professionnelles, n’est pas toujours à relier à celle du talent ou du “mérite”. Cela ne veut pas dire que TOUS les mecs qui n’ont pas le succès escompté (par qui ? eux ? nous ?) sont des billes… pas non plus des génies mésestimés… mais il est possible, voire plus que probable, qu’il y en ait quelques uns. Ceci étant dit, Babybird se produira à Paris le 15 octobre, ce qui n’est pas arrivé depuis 2018 et un concert remarquable donné à Paris (Petit Bain), et avant ça au Mans (Sarthe) en 2011. On vous remet ça en place dans une belle liste comme il faut.10 raisons pour lesquelles il faut venir voir Babybird.

1. Il ne joue pas très souvent en France

On le disait en dehors des deux concerts donnés en 2011 au Mans et en 2018 à Paris, le chanteur anglais et son groupe composé de Luke Scott, guitare, et Danny Lowe, bassiste et chanteur des Heads Off à ses heures, n’ont pas souvent l’occasion de traverser la Manche. Cela ne les empêche pas de se produire très régulièrement en Angleterre puisqu’ils ont donné cette année quelques concerts en mai et trois dates début octobre à Birmingham, Brighton et Londres. Le groupe se produit dans des salles modestes mais avec un succès véritable, la musique de Babybird, soutenue par ses gros gros succès du milieu des années 90, reste 25 ans après son heure de gloire assez fédératrice et populaire. Son amour de la France est intact et s’accompagne, cette année, d’un séjour personnel de quelques jours à Paris, où le chanteur débarque avec femme et enfant pour un séjour romantique. Lui qui est parfois ombrageux sur scène ou exagérément caustique devrait être au sommet de son art.

2. Il a écrit You’re Gorgeous et il va le jouer sur scène

Pas la peine de se voiler la face : You’re Gorgeous est l’un des morceaux pour lequel l’artiste s’est fait connaître, notamment à l’international. La bonne nouvelle c’est que bien que sujet au désamour de l’artiste, son tube monumental, qui lui a sans doute coûté une partie de sa carrière, You’re Gorgeous est de tous les concerts de l’artiste. Sabordée, massacrée ou ignorée parfois par Stephen Jones lui-même, l’encombrante rengaine a été réinvestie ces dernières années par le groupe qui en a proposé plusieurs versions assez intéressantes : acoustique, chantée au coin du feu, électro, plus lente ou rapide, mais en ayant toujours une conscience claire de ce que le public y attachait de nostalgie et d’amour. On peut être certain que la chanson dont il ne faut pas dire le nom sera bien de la partie à Paris, aux côtés des autres tubes du groupe comme Cornershop, Goodnight et quelques autres.

3. Il trimballe une formule trio qu’on n’a pas encore vue par ici

Cela fait plus d’une décennie (plus de trente ans en ce qui concerne son guitariste Luke Scott) que Babybird est accompagné par les mêmes musiciens en tournée. S’il compose, joue et interprète toutes ses chansons en solo depuis son studio à la maison, Stephen Jones est resté fidèle à ses musiciens. Pour les concerts 2024, il n’a pas déplacé son batteur historique qui vit à Chypre et a initié une nouvelle formule en trio voix-basse-guitare, soutenue par une rythmique synthétique, qui semble fonctionner à merveille et met en valeur le chant et les textes des chansons. Plus modeste, mais pas moins rock, cette formule trio a fait merveille au printemps en Angleterre et devrait constituer aussi un des attraits du concert parisien. Les titres sont quelque peu réinterprétés et peuvent sonner différemment.

4. Personne n’a chroniqué ses 30 derniers disques

Si la setlist de Babybird est souvent composée assez largement de morceaux connus et sortis entre 1994 et 2011 (date de son dernier disque véritablement soutenu par un label, The Pleasures of Self Destruction), l’homme est à la tête d’un patrimoine chansons de plus de 1000 morceaux. Ces dernières années il a sorti pas moins d’une centaine de disques sous une douzaine de pseudonymes, dont on peut retrouver quelques chroniques sur notre site. Il y a des instrumentaux, des réenregistrements de vieux titres, des cassettes excavées de ses années lo-fi mais surtout de nouvelles pièces, souvent brillantes, qui peuvent venir illuminer un set et créer un effet de surprise bienvenu.

C’était par exemple le cas de cette petite pépite, In Place of Love, embarquée sur l’album King of Nothing de 2020, et qui a intégré la setlist dès 2019. C’est le genre de morceaux qui peuvent créer l’événement et l’émotion sans qu’on s’y attende. On a placé en illustration de cet article, le splendide Old Car, qui fait partie de ces belles chansons restées confidentielles.

Il ne serait pas impossible non plus qu’un ou deux morceaux rares de l’ère lo-fi émergent durant le concert parisien.

5. C’est un imbécile anglais

Adepte d’assez longues tirades pendant ses concerts, caustiques, sarcastiques ou auto-dépréciatives, Stephen Jones est aussi un amoureux de la France qui lui a toujours réservé un bel accueil. Il parle un peu français et s’adressera sans doute au public directement. Il y a bien longtemps, il avait même chanté dans notre langue, avec cette face B, pas mémorable mais amusante, Je suis un Imbécile Anglais. Dans la grande tradition des chanteurs pop britanniques amoureux de la France, il rejoint Luke Haines de The Auteurs dans notre line-up francophile.

6. Il a accompagné le show culinaire de Gordon Ramsay

Dans une époque où il n’y en a que pour les chefs et les émissions de cuisine, Babybird a illustré l’une des plus grandes aventures télévisuelle et culinaire du pays en prêtant son fabuleux F-Word (single tiré de l’album Bugged) au chef Gordon Ramsay, auquel il est de fait resté associé.

Durant cinq ans entre 2005 et 2010, cinq saisons, plus de cinquante épisodes, puis à nouveau en 2017 dans la version américaine, baptisée d’ailleurs du nom de la chanson, The F-Word a rythmé les cauchemars en cuisine du chef écossais, ancêtre de notre Philippe Etchebest national. Est-ce suffisant pour donner envie de venir au concert ? Pas certain mais ce n’est pas donné à tout le monde d’établir un compagnonnage si marquant.

7. Il est copain avec Johnny Depp

Si l’acteur américain est un peu moins en vue aujourd’hui (pour cause de…. ce serait trop long à expliquer), Johnny Depp s’est particulièrement investi dans la carrière de Babybird dont il a soutenu et aidé à produire deux albums américains. Amoureux de ses disques (qu’il écoutait religieusement à la maison avec notre icône nationale Vanessa Paradis….), Johnny Depp est intervenu personnellement en 2010 et 2011 pour travailler aux Etats-unis sur l’enregistrement de Ex-Maniac et The Pleasures of Self Destruction. Il a joué de la guitare sur plusieurs morceaux et même fait quelques apparitions sur scène auprès de Stephen Jones et de Babybird. Durant le procès qui l’a opposé à Amber Heard en Angleterre (perdu par l’acteur du reste), il a d’ailleurs reçu la visite de Stephen Jones à Londres.

Johnny Depp a également été le réalisateur très hollywoodien du clip le plus cher et le plus élaboré de l’artiste, le mini-film romantique, Unloveable, chanson qu’on retrouvera sûrement le 15.

8. Sa voix est l’une des plus belles du circuit

Stephen Jones comme Robert Smith défie la loi sur l’impermanence des voix dans le rock. On le sait avec l’âge la voix faiblit ou change parfois de tessiture. Elle peine à atteindre les notes ou flageole sur les finales. Stephen Jones qu’on comparait dans sa jeunesse à Ian Mc Culloch ou à Bono pour sa capacité à grimper tout en puissance pour chanter/crier dans des crescendos émotionnels, fait partie des chanteurs qui n’ont jamais perdu leurs qualités vocales. On peut s’en rendre compte avec cette chanson tardive, The Weight of My Sin, on est toujours avec lui face à un “chanteur à voix” une espèce pas si fréquente, qui CHANTE POUR DE VRAI et envoie sans se prendre pour Garou ou Céline Dion.

9. Take Me Back est la plus grande chanson sur les violences faites aux femmes de la pop anglaise

On se passera de vidéo pour celle-ci. Moment fort des concerts de l’Anglais, qu’on a l’habitude de prendre pour un déconneur (voir plus haut), Take Me Back, sortie en 1998 sur l’album There’s Something Going On, est une chanson massue qui parle comme aucune autre avant elle de la violence conjugale, avec une poésie mais aussi une frontalité extraordinaires. En prenant le point de vue d’un ami/amant/sauveur de la victime, le chanteur raconte le calvaire de la femme qu’il a secouru dans le fossé après qu’elle s’en soit pris “plein la gueule”. Le final est sans ambiguïté et appelle à une forme de vengeance radicale et en partie fantasmée envers le mari violent. Interprétée avec une subtilité vocale inouïe, cette histoire mérite à elle seule le déplacement tant elle en dit long sur l’engagement, la noblesse du bonhomme. Probablement sa chanson la plus importante.

Found you on the roadside
Little cuts and bruises underneath your chin
You begged them to bury you before your life sets in
She sees me in the garden
Pulling petals off the flowers
She closes all the windows
Shuts down on the bed and shivers
Take her back in time to the place before it happened
Before it happened
Take me back in time to the place where it happened
Where it happened
He scratched your eyes, your pretty eyes
With a handful of rusty nails
And then he pushed you into a ditch
With the slugs and the snails
I’m so angry she’s not angry
Every second of every hour
She shuts the door and slides the latch in
Tries to wash him off in the shower
Take her back in time to the place before it happened
Before it happened
Take me back to the roadside where, where it happened
Before it happened
Where it happened
He lay there for three days
Your heart held in his knuckles
He tried to pull out your hair
Rip the scalp with his buckle
Look at you now
You’re like no girl I know
I would have stabbed him
(Who would have stopped me?)
I would have stabbed him
(You would have stopped me)
Dead

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