Roulette Memory #46 : A Woofer in Tweeter’s Clothing (1972) des Sparks

Sparks - A Woofer In Tweeter's ClothingC’est chaque fois la même chose quand on y revient ou qu’on y repense : le deuxième album des Sparks est… waouh…, surprenant, déroutant, époustouflant. A la sortie en 1972, si on se souvient bien ce qu’on a lu dessus, l’album est un four ou alors un demi-succès mais avec le recul (50 ans bon sang, 50 ans), A Woofer In Tweeter’s Clothing ne ressemble à rien de connu, ni à rien de ce qui sort à l’époque. Ce n’est pas Bowie, pas tout à fait le T-Rex. Ce n’est pas de la pop, ce n’est pas Queen, ni The Who, les New York Dolls, ce n’est pas de l’opérette, un peu du glam rock, beaucoup de pop… mais on est bien avant tout ça.

Les frères Mael sont au sommet de leur art. Cela démarre par Girl From Germany et puis il y a surtout en plage 5 Nothing Is Sacred qui est la GRANDE chanson du disque, un monument d’un peu plus de cinq minutes qui met en avant la voix remarquable d’un Russell qui marche sur l’eau.

I am sure you will appreciate your new found leisure time
I am sure we will appreciate our new found leisure time

Nothing is sacred any more
Nothing is sacred any more
Nothing is sacred any more
Nothing is sacred any more
Well, if you have the money I’ve got time
And if you know a honey I’ve got time

If you have the money I’ve got time
And if you know a honey I’ve got time

Les Sparks imposent une pop dérangeante et désaccordée, punk dans l’expression où comme chez les Rolling Stones le « temps libre » vient s’opposer aux puissances de l’argent et de l’occupation à tout prix. On frissonne, comme la basse se tend, et on accueille à bras ouverts ce déferlement de bizarrerie en s’interrogeant soi-même sur sa  propre banalité. La musique des Sparks transforme, altère, et développe une force redoutable.

Cela a des allures de cabaret mais aussi des échos d’un Syd Barrett qui aurait survécu artistiquement à l’année 1974. Pas étonnant que les Sparks signent un tel album quand le génie du Pink Floyd passe en solo et s’éteint progressivement. Here Comes Bob ressemble à un morceau des Kinks qui aurait sévèrement déraillé. Le disque sent la frustration, le désir, le dérangement sur chaque note et on tremble sévère sur la fin quand les frères déroulent Batteries Not Included ou l’incroyable Whippings and Apologies. Les Sparks sont les rois des tordus.

Recevez chaque vendredi à 18h un résumé de tous les articles publiés dans la semaine.

En vous abonnant vous acceptez notre Politique de confidentialité.

Mots clés de l'article
, ,
More from Benjamin Berton
Radio Elvis / Les Conquêtes
[Le Label PIAS]
On se souviendra un jour que le milieu des années 2010 aura...
Lire la suite
Leave a comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *