Notre connaissance du post-punk canadien n’est pas très développée mais on a accueilli avec bonheur et plaisir les nouveaux travaux du groupe Bleu Nuit, trio de Montréal donc qu’on avait déjà croisé il y a deux ou trois ans pour Le Jardin des Mémoires, un disque sonique et singulier qui mêlait grosses guitares et sonorités pop pour un rendu original à défaut d’être complètement emballant.
Le retour du groupe s’incarne dans un nouveau disque, Métal, sorti il y a quelques jours chez October Tone, et composé dans le studio créé par le groupe pour lui-même dans un espace (présente la feuille de presse) volontairement exigu et étouffant de moins de 9 m2. Comme on imagine qu’il a fallu glisser là-dedans au moins trois bonhommes, une batterie, des synthés très mis en avant par la nouvelle direction musicale du trio et quelques guitares électrifiées (et leurs compagnons les amplis), on trouve là une première explication à la tension et à la sensation de claustrophobie gothique et old school qui émane du disque. Le single Mensonges donne le ton : on se situe ici très clairement en terre coldwave, sombre et synthétique, mais avec une aspiration à la poésie pop et à l’élévation qui renvoie aux tentatives en français des années 80. La musique est assez bluffante, tendue et soutenue par des progressions millimétrées qui ne cèdent pas sur l’élan mélodique. On est moins fan de la voix qui se planque souvent à l’arrière à la limite de l’audible comme sur le précédent single Clef d’or. Les textes sont pourtant une des qualités du groupe. L’album propose en huit titres une solide balade dans un univers glacial et mécanique (Automate, Métal, Météore) d’où les musiciens font émerger à la force des guitares et des synthés une forme d’âme évanescente : le cœur, la poésie, l’utopie, selon le nom qu’on veut bien lui donner. Métal pour ceux qui auraient la frousse du genre, n’a de metal que le nom. Bleu Nuit fabrique une cold wave aérienne et de qualité.