Bob Moses / Battle Lines
[Domino]

8 Note de l'auteur
8

Bob Moses - Battle LinesA moins d’être féru d’athlétisme, tout le monde devrait s’accorder à dire que Tom Howie et Jimmy Valence n’ont pas été très inspirés le jour où ils ont opté pour le patronyme de Bob Moses. S’ils avaient versé dans le reggae, pourquoi pas, mais ce n’est pas le cas. Ils ne font pas non plus d’électonica ressemblant à du langage morse. Bref, ils ont choisi d’emprunter le nom d’un fameux batteur de jazz qui est toujours en activité (et qui ne doit pas être procédurier pour les laisser user de son nom civil). En tout cas, ils ne veulent pas trop montrer leurs tronches dans les médias, optent pour des visuels énigmatiques et aiment bien se draper dans l’anonymat. Tout est histoire de posture artistique et de culture. En l’occurrence, les deux Canadiens viennent de la scène électro et n’ont que faire du star system rock’n’roll. N’empêche, si ils peuvent se targuer d’être lauréats des Grammy Awards, Bob Moses n’a rien de la tête de gondole (essayer d’en parler à un vendeur d’une chaîne quelconque de produits culturels et vous pourrez mesurer son désarroi… oui bon, ok, ils sont justes là pour placer des articles en rayon, pas pour s’intéresser à la musique).

Pourtant, le groupe est déjà auteur d’un paquet de tubes compilés sur All In All (Domino – 2015) et d’un premier album Days Gone By (paru en 2015 également) remarquable et remarqué, inscrivant le duo d’origine désormais basé aux États-Unis dans la descendance d’Apparat et Telefon Tel Aviv. Trois ans plus tard, rien n’a changé : Bob Moses évite soigneusement les gimmicks putassiers et les recettes de production racoleuses pour privilégier l’émotion derrière les rythmiques entraînantes et les mélodies chaloupées. A l’écoute de Battles Lines, on tente quelques pas de danse mal assumés sur le dancefloor, mais c’est pour mieux écraser une larme d’un revers de manche discret. Oh, cela ne saute pas aux oreilles et les singles Heaven Only Knows et Enough to Believe, notamment, marchent très bien. Il y a ici ou là (en particulier Selling Me Sympathy), un vrai savoir-faire hérité de New Order pour allier EDM et phrasés pop, beats et mélodies en ligne claire. Mais le mal est déjà fait : sur la longueur, les onze chansons de Battles Lines finissent par coller un spleen poisseux. Oui, il y a du soleil, mais toujours derrière un voile de nuages qu’on ne parvient pas à déchirer. Oui, il y a de l’espoir, mais faut-il encore réussir à sortir du trou. Le duo exprime ces conflits intimes de l’état d’âme avec retenue et cette langueur qui le distingue sans peine des pourvoyeurs de son au kilomètre. On n’est pas bien certains qu’il existe encore une place pour les groupes d’Intelligent Dance Music, selon la terminologie usitée aux grandes heures de Warp Records, mais Bob Moses devrait trouver un écho chez tout ceux pour qui l’émotion prime sur l’efficacité.

Bob Moses – Back Down

Tracklist
01. Heaven Only Knows
02. Battle Lines
03. Back Down
04. Eye for an Eye
05. The Only Thing We Know
06. Nothing But You
07. Enough to Believe
08. Listen to Me
09. Selling Me Sympathy
10. Don’t Hold Back
11. Fallen From Your Arms
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