Captain Rico & The Ghost Band / The Forgotten Memory of The Beaches
[Spider Music]

8 Note de l'auteur
8

Captain Rico and The Ghost Band - The forgotten memory of the beachesOn avait annoncé l’album il y a quelques mois et essayé de donner envie sur la foi des premiers singles. The Forgotten Memory of The Beaches des Basques de Captain Rico & The Ghost Band ne déçoit pas et s’annonce comme le meilleur (le seul?) et véritable (unique?) album de surf music de ce premier semestre français. Plutôt que de faire un long discours historique sur ce genre musical qu’on associe d’ordinaire aux années 60 et 70, Beach Boys, Dick Dale, Shadows et blablabla, sur ses origines ensablées ou océaniques, américaines ou hawaïennes, sur ses liens aux planches, aux filles et aux vagues, on se contentera de poser l’unique question qui vaille : vous aimez le surf ? vous aimez les guitares ? vous aimez la surf music ?

Si vous n’y connaissez pouic, écoutez un morceau, un seul, pour vous faire une idée. La surf music a ceci de commun avec les musiques gitanes qu’elle ne ressemble à rien d’autre qu’à elle-même. Un seul long morceau, infini et tortueux comme un couloir de vagues au large de Biarritz ou d’Hawaï. C’est exactement ça : il faut être expert ou amateur pour dénicher les variations, chevaucher la mélodie et pensez qu’il y a autre chose à l’origine de cette musique que l’amour de l’océan et la magie. Captain Rico, avec son esthétique cartoon brouillée et un peu cheap, son univers de filles et de planches, de vagues digitales et de rock à l’ancienne, signe avec ce disque une collection de douze chansons utra cool et irréprochables. Tame The Wave est une tuerie et rappelle autant les musiques de western, la surf music que les instrumentaux déments de notre héros John Meek. Captain Rico signe en effet un album surf qui est aussi un album électro, très bien produit et saturé en trouvailles sonores. Sous ses côtés rétro chic, il triture la matière de manière artisanale et avec beaucoup d’intelligence. On se projette au temps des guitaristes roi, au temps des premiers bidouillages électro et dans un univers de rêve où aucun chanteur n’est là pour tirer la couverture à lui.

On ne va pas s’amuser à dire qu’il y a des titres qui valent mieux que d’autres. On adore Giant Turtle (même pas en soupe) qu’on imagine avoir été enregistré à même la carapace d’un spécimen géant qui gisait les pattes en l’air, l’audace d’Epic Wave et un peu moins le simili math-rock branchouille d’un V8 interceptor qui s’éloigne un peu de l’épure du genre.  The Drunk Snake balance du cul comme pas un, et donne vraiment le sentiment d’avoir abusé de l’alcool de coco. La musique de Captain Rico donne la banane et la pêche. Elle rappelle les filles de La Luz, les paillottes basques de sous-préfecture, le pin des Landes et les ananas en bikini. Cette musique n’existe pas vraiment et relève du mirage. Dans The Lost Lagoon, on fait l’amour en gardant sa chemise, ce qui ne nous empêche pas d’apprécier un grand moment de poésie quand il se présente. Captain Rico a l’accueil facile mais sait comment varier les ambiances. La progression de The Forgotten Memory of The Beaches (sur sa première minute trente) est remarquablement remarquable et comme les deux minutes qui suivent sont aussi très bonnes, on tient là un titre qui témoigne d’une vraie maîtrise du genre, classieuse, gracile et aérienne mais surtout hyper expressive, solaire et aussi progressiste.

Ca fait beaucoup d’adjectifs et de superlatifs pour un groupe qui débute mais le surf est aussi un monde d’excès et d’authentique fumisterie. Captain Rico & The Ghost Band fait plus que réussir son entrée en musique. Cet album est un don du ciel. Si on doit un jour perdre l’accès aux plages, au soleil et au littoral, il suffira d’écouter ce Forgotten Memory of The Beaches pour se souvenir comment c’était. Pour le reste et ceux qui préfèrent la montagne, on ne pourra rien faire.

The Engulfed Monastery est à la fois basque, mexicain et hillbilly. On n’exclut pas de mourir en écoutant ce genre de musique. Cela ferait de nous un héros dérisoire mais un héros tout de même. Cette musique rend fort, légendaire, même si on est médiocre et négligeable. Ce n’est pas son plus petit pouvoir. Olé !

Tracklist
01. The Forgotten Memory of The Beaches
02. Running in The Wind
03. Tame The Wave
04. Giant Turtle
05. Epic Wave
06. V8 Interceptor
07. The Drunk Snake
08. The Lost Lagoon
09. Hang-Glider
10. Mexican Road Trip
11. The Giant Turtle Is The Memory of The Beaches
12. The Engulfed Monastery
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