C’est pas ma FOALS à moi…

Foals - Neptune… si j’aime ça.

Alors que l’envie soudaine de glisser Boy dans la platine du lecteur de CD qui ambiance la salle de bain nous avait saisi à l’improviste un beau matin, on se demandait encore en essayant de dissiper le sommeil pourquoi il était devenu convenu et entendu de faire du U2 « bashing » en 2020 alors que ce groupe a à ce point illuminé notre jeunesse et forgé une bonne part de notre culture musicale. Oui, pourquoi baver sur la bande à Bono en pointant son emphase et ses postures partisanes de bon aloi, alors qu’il est toujours de bon ton d’encenser Depeche Mode ou The Cure, à qui somme toute, on pourrait « reprocher » de remplir les stades et donc de verser dans le populisme en utilisant des ressorts semblables ? Existe-t-il vraiment des fans de ces groupes pour qui les souvenirs personnels et la nostalgie ne sont pas les principales sources de leur empathie sans limite ? On peut en douter en regardant la moyenne d’âge aux concerts qui tournent à la messe.

Pourquoi donc Foals devrait-il donc souffrir des mêmes réactions que celles qui émaillent U2 ? Au nom de quoi notre génération s’arroge-t-elle le droit de décrier « l’autre groupe » d’Oxford (oui parce qu’il faut par contre forcément dire du bien de Radiohead) au prétexte que Yannis Philippakis et ses compères versent dans la démonstration pyrotechnique, remplissent les stades, font paraître des doubles albums et profitent pleinement des moyens que leur allouent leur maison de disques ? On en a vu d’autres, non ? Et cela ne nous empêche pas de prétendre que leur musique est intéressante. Vous voulez vraiment qu’on détaille les chiffres de ventes des rééditions vinyles et qu’on dissèque les albums de The Doors, The Beatles, Beach Boys, Zappa, Pink Floyd (liste non exhaustive) ? Non, on s’en gardera bien, car on ne pourra jamais dissocier l’affect du ressenti.

Et si Foals devait devenir le porte-étendard d’une partie de la société actuelle, on devrait plutôt s’en réjouir. Que le groupe ait choisi de propulser Neptune, qui clôture Everything Not Saved Will Be Lost: Part 2 (Warner – 2019) est même à saluer. Le morceau s’étire sur plus de dix minutes et n’a donc aucune chance de passer en radio et s’inscrit en contradiction avec le consumérisme ambiant. Dans le même esprit, le groupe avait déjà avec son premier album, Antidotes (2008) – qu’il était de bon ton de chérir en son temps -, délibérément choisi de briser les codes, car qui, à ce moment-là, se lançait encore dans la réalisation de formats courts avec le single dans une version différente et des vraies face B ? Ah oui, on pouvait déjà dire que c’était mercantile, bien que ce soit des procédés plébiscités chez New Order et tous les groupes de britpop des 90’s qu’on aime réhabiliter maintenant. Oui, on peut toujours dire…

N’empêche, écoutons ce Neptune pour ce qu’il est – en occultant même les images léchées, la mise en scène et les effets de production de la vidéo qui l’accompagne. Les Anglais maîtrisent cet exercice à la perfection, tant et si bien, que le principal reproche qui peut être fait, c’est que le morceau ressemble à plusieurs autres de Foals. Une longue montée extatique, une rage contenue, des inflexions heavy-prog (les mêmes que celles qu’on retrouve chez Archive par exemple), un final sinueux qui s’achève dans un étranglement avant de véritablement exploser. Grosso modo la même chose que Spanish Sahara, Milk & Black Spiders ou A Knife In The Ocean, pour rester dans le répertoire de Foals. Et comme aussi, beaucoup d’autres chansons des groupes précités qu’on apprécie tant.

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